Atelier du 8 mai 2013 -
Platane
Me voilà ici depuis 200 ans, seule, toute seule. Moi, qui pensais ne jamais pouvoir vivre sans toi. Plus vivante et remplie de sens qu'à l'époque où j'avais deux bras, deux jambes et un cœur qui battait. Qui battait trop fort. Il courait, il courait … Il courait comme l'Orient Express, mon cœur. Tout ça, ce sont des souvenirs maintenant. De plus en plus vagues. Et sans importance.
Tu sais, parmi toutes les choses que tu as faites pour moi, c'est celle-ci la plus importante : m'avoir fait incinérer, avoir enterré les cendres et planté une graine. Une graine de platane. Je les ai toujours aimés. Comme s'ils étaient de ma famille. Pour moi, l'étrangère sans famille, les platanes étaient mes frères.
J'étais belle à l'époque. Du moins tu me voyais ainsi. Si tu pouvais voir comme je suis belle maintenant ! Les arabesques sur mon écorce – y a-t-il de plus exquise dentelle ? Mes feuilles qui filtrent le soleil – ai-je jamais eu des mains aussi belles ? Et quand les sèves montent depuis mes racines jusqu'au bout des doigts, qu'elles palpitent, qu'elles frémissent, je me sens exister.
Je respire maintenant. J'ai le temps de respirer. J'ai le temps de regarder : le ciel, le cèdre devant moi, les oiseaux... Je ne les avais jamais vraiment vus. Maintenant, j'en ai le temps. Il n'y a plus d'horloges pour moi, plus de montres, plus d'heure. J'ai le temps de vivre.
Gabriela
Quatrain
Le vent vient souvent me voir
Et caresser mes branches,
Comme toi, dans l'ombre douce du soir,
Tu embrassais mes hanches.
Gabriela
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