Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

atelier du 27/01/2015 par Maridan

Gabriela était partie au jardin cueillir quelques gousses de vanille. Moi, prise d’une furieuse envie de procrastiner, je décidai de jouer les mousquetaires en m’emparant du sabre de mon fils pour chasser les mouches qui empêchaient ma sieste.

 

La journée avait passée très vite et la nuit était tombée. La seule source de vie venait des quelques nyctalopes qui aimaient ces heures sombres. Et notamment Big, mon joli félin dont le pelage roux s’illuminait sous l’effet des rayons de lune.

 

Le vent en jouant avec les feuilles du ravintsara avait offert à mon adorable matou :

  • un nouveau joujou
  • qui le rendait fou

 

Je me croyais enfin tranquille, plus de mouches, mais je n’avais pas pris en compte ces horribles alambics qui se délectaient de mon cuir chevelu. Furieuse, je me levai et je décidai de retrouver le confort de ma maison.

 

Hélas ! Mon pied se posa par inadvertance dans une horrible bouse qui constella mon pied d’une senteur nauséabonde. Je décidai donc de faire une halte près du jet d’eau afin de ne pas souiller ma maison.

 

Etait-ce une gâterie du destin ? Toujours est-il qu’arrivée à l’entrée le téléphone se mit à tinter.

 

  • Bonjour Madame Berthier, je suis désolée mais votre rendez-vous pour votre coloscopie a été avancé à demain matin 9h.
  • Merci, répondis-je en raccrochant.

 

Je compris que ma journée se terminait en frustration scatologique et que ma matinée risquait fort de démarrer de la même manière. Est-cela qui fit tonner dans le couloir un vent tonitruant ?

 

  • Ma chérie, tu exagères !
  • Non ! Mon cœur, ce n’est pas grave, c’est une idée de merde qui s’échappe…

 Histoire courte

Il faut dire que grand-père ne quitte jamais sa chambre et les bruits inopportuns l’empêchent d’écouter tranquillement son poste de télévision. Pourtant, il avait été un gentil papa avant de devenir ce vieux ronchon.

Ainsi, lorsque je me dissimule sous les draps où je cache mes bonbons, ma nourriture préférée, il arrive qu’un voisin en faisant du bruit déclenche la fureur de papy. Du coup, mes parents arrivent et je ne peux profiter de ces délices. Si seulement, ils étaient moins bruyants ! Mais les battements d’ailes ce n’est pas leur fort à ces pénibles ! Et ça se dit écologique, tu parles ! À les entendre, on dirait une armée de tractopelles !

Le médecin est venu le voir, il va bien. Maman a raccompagné le docteur à la porte, moi, j’ai ouvert les persiennes, et j’ai surpris maman qui déposait un baiser sur la joue parcheminée du vieux praticien. Ils étaient sous le porche, cachés aux yeux de tous. Cela m’a fait peur, je me suis senti comme un poussin orphelin, abandonné dans une basse-cour étrangère. Pourtant, je suis un enfant sage et propre, mais cela a-t-il une importance à leurs yeux ?

Maman, quand elle m’accompagne à l’école, elle met ses plus belles chaussures. Ce matin, en arrivant au portail, un préservatif usagé est venu souiller ses jolis souliers. Elle était très en colère, elle n’aime pas ma maîtresse, pas plus que l’école. Elle dit que ce n’est pas un monde civilisé, elle le dit tout le temps. Elle a promis de me montrer un autre chemin pour apprendre.

Pour cet artiste au talent si exceptionnel, il faut chercher derrière son cachet le message secret de son œuvre. Posté dans son fauteuil, papy ne l’avait pas encore trouvé, mais obstiné, il persistait. Quel était donc le sens caché de cette composition ? Lors de sa dernière exposition, il avait bien tenté, par quelques questions discrètes de lui faire rendre gorge, mais rien n’y avait fait. L’artiste lui avait rétorqué que ses œuvres se méritaient et qu’elles n’appartenaient qu’à celui qui savait les déchiffrer. Depuis, papy ne quittait plus sa chambre.

 


 

Conte

La maison des illusions

 

 

Tout était parti d’un pari stupide. Osera ! osera pas ! Et lui, comme un idiot, son orgueil de male avait banni toute prudence.

 

Il avait pénétré ce bois obscur encadré de sa bande de copains. Tant qu’ils avaient été là, il avait joué les fiers à bras. Vers onze heures du soir, ils étaient parvenus devant la maison maudite. Il était dit dans le village qu’elle était hantée, mais lui n’avait cessé de dire que c’était des histoires de bonnes femmes et qu’il se faisait fort de le prouver.

 

Il monta seul l’escalier monumental. Arrivé sur la terrasse, il fut accueilli par deux lions en pierre. Soudain, une terreur sans nom s’empara de lui. Les yeux des félins flamboyaient. Il se retourna vers ses camarades, mais ils avaient tous disparus sans laisser de traces. Il voulut fuir, mais une main invisible l’en empêcha.

 

-         Trop tard, petit homme ! Tu dois entrer à présent, la maison t’attend.

 

Il hurla, se débattit sans succès ! Les lions le poussèrent inexorablement vers la lourde porte de bois qui s’ouvrit en grand pour le laisser passer avec ses compagnons. Il trembla lorsque le battant se referma avec un claquement sinistre. Les lions avaient disparu.

 

-         Bienvenue en mon royaume !

-         Qui est là, je ne vous vois pas, montrez-vous ! Bien que terrorisé, l’enfant voulait savoir

-         approche-toi du miroir !

 

Lentement, il avança vers l’énorme psyché qui était proche de la cheminée. À l’intérieur, son image se reflétait. Le plus étrange était la tenue qu’il portait. Ainsi, il voyait un joli pantalon de drap rouge, des souliers vernis noirs avec une grosse boucle, une drôle de chemise blanche à jabot et une improbable jaquette avec un col de satin noir.

 

Surpris, il regarda ses bras, ses jambes, ses pieds. Il était toujours vêtu de son jeans, de son pull bleu et portait ses baskets.

 

-         Quel est ce sortilège ?

-         Qu’importe ! Tu m’as manqué de respect, petit homme, il va te falloir franchir l’obstacle sans nom pour retourner chez toi !

-         Quel obstacle ?

-         Tu le sauras en temps voulu ! Nourris-toi, tu en auras besoin, puis, tu iras te coucher. Demain, tu devras prouver ton courage.

 

Le miroir était redevenu normal et il se voyait tel qu’il en avait l’habitude. Lorsqu’il se retourna, le décor avait changé. Le hall d’entrée disposait à présent d’une table richement décorée et ornée de nombreuses victuailles. Bien que terrorisé, le gamin se précipita, car il mourrait de faim. La peur, ça creuse ! Il venait juste de terminer lorsqu’un gros matou s’approcha.

 

-        Suis-moi petit homme, je vais te conduire à ta chambre.

-        Un chat qui parle ! On aura tout vu !

-        Par contre un jeune garçon stupide, cela ne manque pas, par ici ! J’espère pour toi que tu es vaillant, sinon, tu finiras comme les autres !

-        De quoi parles-tu ?

-        Tu verras cela demain !

 

Le chat a stoppé devant une lourde porte en chêne. Elle s’ouvre et révèle un immense lit à baldaquin. Épuisé& et inquiet, l’enfant tente d’ouvrir la fenêtre. Hélas ! Elle est bien trop haute. Bon ! Pour l’instant, rien de fâcheux n’est arrivé, alors il ôte ses souliers et s’allonge sur le lit douillet. Moins de deux minutes plus tard, il dort.

 

 

 

L’infranchissable obstacle

 

Lorsqu’il se réveille, le soleil est déjà haut dans le ciel. C’est un des lions qui le conduit aux cuisines. Là, un vieil homme lui demande ce qu’il désire manger. Les yeux pleins de larmes, il lui demande un bol de lait et des céréales. En quelques gestes précis, le valet lui apporte tout cela ainsi que quelques viennoiseries et des fruits.

 

-         Puis-je vous poser une question ?

-         Oui !

-         Quand pourrai-je rentrer chez moi ?

-         Dès que tu auras franchi l’insurmontable obstacle.

-         Qu’est-ce que c’est ?

-         Quelle est ta plus grande peur ?

 

L’enfant réfléchit longuement. Doit-il le dire ? Finalement, il se dit qu’il n’a pas vraiment le choix. S’il veut revoir sa maison et ses parents. Et puis, jusque-là, on ne lui a pas fait de mal. Son père lui dit souvent que la peur n’évite pas le danger. Alors, il refoule ce sentiment et répond au vieil homme.

 

-         J’ai peur de l’eau.

-         Pourquoi ?

-         Je ne sais pas nager.

-         Tu n’as qu’à apprendre !

-         C’est impossible ! dès que j’approche de l’eau, je perds tous mes moyens.

-         Et si je te dis que la seule façon de rentrer chez toi, c’est de le faire à la nage !

 

Pendant des jours, le pauvre môme essaie et essaie encore, mais dès qu’il tente de sortir de la maison, celle-ci se retrouve au bord d’un lac infranchissable. Désespéré, il finit par demander de l’aide au majordome.

 

Je veux bien t’aider petit, mais je suis si vieux et si malhabile avec la nage. Demande plutôt à la carpe Koï, c’est une brave fille, elle t’aidera.

 

L’enfant ouvre la porte et après un dernier regard chargé de larmes au vieil homme, il sort et referme la lourde porte derrière lui.

 

 

à suivre... Maridan 27/01/2015



29/01/2015
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