texte d'après le collage du 16/10/2013
La nymphe des grottes s’ennuie, ce matin, elle a passé sa robe faite de gouttes de pluie, ses ailes de pierre. Mais malgré la parure somptueuse qui la couvre, rien ne vient adoucir son visage de porcelaine. Le rouge gorge a bien vue à quelle point son amie est morose ce matin, il aimerait tant redessiné un sourire sur son visage de pierre.
Ce qu’il ignore c’est que son cœur est parti rejoindre son amour. L’homme qui savait si bien enflammer son âme. Son père a refusé de lui donner sa main, alors triste et le cœur brisé il a dû partir. On ne désobéi pas au Dieu des minéraux. Avirus est un monarque puissant et jaloux. Pierranne se désole, rien ne semble illuminer ses jours depuis le départ du tendre ami.
Fivette la grenouille qui était la complice de cette romance ne cesse de se désespérer. Elle va voir le lièvre.
« Dis-moi Jeannot que puis-je faire pour aider mon amie. Je ne l’ai jamais vue aussi triste, elle semble éteinte. Il n’y a plus de lumière en elle. »
« Que te dire mon ami, j’ai perdu la femme que j’aimais et je ne me suis pas encore remis de l’indicible perte, je ne pourrai te donner de conseil en ce domaine, pardonne-moi »
Fivette est désolée, elle voit son ami s’éloigner, il traine la patte ce qui est étrange pour un lièvre aussi vif habituellement.
Jeannot songe à la nymphe, comment pourrait-il lui remonter le moral, lui qui sait si bien les tourments qu’elle endure. Alors doucement, il s’approche d’elle, se pose sur ses deux pattes arrière et lui pose les deux pattes avant sur sa jolie robe couleur de pluie.
« Pierranne, ne sois pas si triste, tu vas finir par me noyer. »
La belle se penche et prend l’animal au creux de ses bras.
« J’ai si mal, Jeannot, pourquoi mon père ne peut-il comprendre les liens qui me lient à mon amour ? »
« Il t’aime trop, il a peur pour toi. »
« Peur de quoi ?
« Peur que ton amour soit indigne de toi. »
« Pourquoi ne me fait-il pas confiance ? Comment lui dire ce que mon cœur sait et qu’il ignore ? La première fois qu’il m’est apparu, je me baignais nue dans la source des éphorelles. Tout autre que lui en aurait profité, mais pas lui. Il s’est retourné à toussoté jusqu’à ce que je sois sortie de l’eau et rhabillée. Puis nous avons parlé, discuté de tout et de rien et enfin nous avons fait la route ensemble. Près de lui, le ciel me semblait plus beau, le soleil plus chaud, le vent caressant. Près de lui, je me suis sentie femme pour la première fois de ma vie. Ses mots étaient une caresse à mon oreille. Sa main dans la mienne était mon ancrage dans sa vie et je m’y sentais si bien. Respirer le même air que lui, boire la même eau, tous ces gestes du quotidien étaient devenus pour moi, comme une accession au paradis. Je me sentais en état de grâce. Suis-je devenue folle ? Toi qui l’a connu, n’avait-il pas tous ces atouts que je viens de mentionner ? Ai-je rêvé tout cela ? La vie me parait si sombre, soudain, sans saveur, sans relief, sans espoir. Tout autour de moi, je ne vois plus que les grottes et le néant où rien ne pousse. Avec lui, ma grotte devenait jardin, elle se parait de roses aux couleurs pastel, d’oiseaux colorés et de papillons enchantés. C’était une ouverture sur la vie cet homme. Et mon père m’a remise au fin fond du néant. Je ne veux pas d’un homme qu’il choisira pour moi, je veux aimer qui m’aime, et qui j’aime.
Soudain au fin fond de la grotte, elle aperçoit une minuscule silhouette toute noire. Derrière laquelle le soleil s’est engouffré créant au fond de l’antre humide une clarté étonnante. Le miroir de l’eau reflète à l’envie l’apparition. Elle n’ose y croire, ni l’espérer et pourtant il y a là quelque chose qui parle à sa mémoire. Doucement, le cœur battant elle se rapproche de l’issue de la grotte. Elle étend ses jolies ailes dorées et vole jusqu’à la minuscule silhouette qui grandie de plus en plus jusqu’à ce qu’elle se pose près d’elle. C’est lui ! Son amour lui est rendu. Dans les mains de l’aimé, un minuscule bouquet de fleurs des champs. De jolis boutons d’or couvert de rosée, des branches de myrtes recouverte de petites fleurs blanches au cœur ardent. Ses yeux se sont remplis de larmes.
« Ce sont des larmes de joie, mon aimée, je n’en accepterai pas d’autres. »
« Tu es revenu, tu n’as pas fui la colère de mon père ? »
« Non, ma douce, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis retourné affronter ton père, je lui ai dit la profondeur des sentiments qui me liaient à toi, la déchirure de mon âme lorsque pour lui obéir je m’étais éloigné. Je lui ai dit que je lui avais obéi, mais que s’il persistait dans son refus de nous unir, je mettrais fin à mes jours qui sans toi, ne présentait plus aucun intérêt. Et le brave homme a eu pitié de moi. Voilà mon aimée, à présent je suis libre de t’épouser.
« Vite, viens avec moi, je veux embrasser mon père, mais avant, je vais lui concoyoter une recette à laquelle il est incapable de résister. Ecoute :
Préparez votre, préparez votre patte, dans une jatte, dans une jatte plate, Mélangez farine et deux œufs, du lait et vos vœux, et vous le rendrez heureux. Ajoutez deux pincées de doux serments, quelques baisers et puis de beaux enfants et le grand-père s’ouvrira à la joie, à la joie et au cake au chocolat.
"premiers mots du dernier paragraphe issus de la chanson de peau d'âne par Jean Cocteau"
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