Atelier 1 - 2022
Ce matin le soleil embrase l'horizon. Premier jour de la nouvelle année et le ciel se moque bien de cette journée d'hiver. Il est d'un bleu intense, lumineux et je me dis que pour une fois les pauvres ne mourront pas de froid dans l'indifférence générale.
Quant à nous, c'est justice, nous crevons à petit feu d'avaler des tonnes de produits chimiques, généreusement distribuées par l'oligarchie de l'agroalimentaire mondiale.
C'est drôle, mais lorsque j'écoute les gens autour de moi, dans les magasins, au travail, je n'entends que des plaintes... La vie est sinistre, les politiques nous volent, les patrons nous exploitent, les élus s'empiffrent et ne font rien d'autre que gratter un peu de fric ici ou là. Ils gaspillent l'argent publique et la dette enfle jusqu'au jour prochain où elle va éclater. Mais ces scélérats ne cherchent qu’à gagner toujours plus d’argent, plus de pouvoir et quand enfin ils y parviennent, ils leur en faut encore plus. Ils ignorent sans doute qu’on n’a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard !
Moi, il y a belle lurette que je n'écoute plus la radio, ni la télévision. Ces organes de formatage de la pensée carrée ne m’intéressent pas. Je leur laisse leurs pensées nauséabondes qui varient plus vite que les élections auxquelles ils participent.
Mon luxe à moi c'est d'admirer les oiseaux qui viennent picorer les graines que je dispose dans des petites maisons de bois ou des petites plateformes que je dispose ici et là, à leur attention et où ils pourront passer l'hiver sans crainte des chats et autres prédateurs.
L’automne, je m'enivre des parfums boisés de la forêt, des cèpes cachés sous la mousse des chênes ou des châtaigniers. L’été je me régale des cerises, des noisettes que je cueille sur l'arbre que je caresse au passage pour qu'il me donne un peu de sa force et de sa longévité.
J'écoute la rivière qui caracole sur les rochers et j'observe les écrevisses encore vivantes dans ce coin de nature préservée. Tout cela me conserve en une jeunesse heureuse alors que les infos ont plutôt tendance à me faire croire que nous sombrons dans le chaos.
Je n'aspire pas à gagner à la roue de la fortune, car à ce jeu-là, il y a plus de déçus que de gagnants. Et puis si l'argent rendait heureux cela se saurait !
En principe, le Français a la réputation d'être une grande gueule et un râleur... Tous les étrangers vous le diront. Mais honnêtement sommes-nous si malheureux que cela ? Pourquoi nous plaignons nous sans cesse ? Il suffit d'observer ce qui se passe ailleurs pour comprendre que si la France a perdu ses lumières, nous avons encore de quoi nous réjouir.
Les seules ressources qui m'intéressent, je vous en ai parlées précédemment : La nature et les animaux… que des plaisirs gratuits et somptueux à observer.
J'ai en moi une force de vie qui me pousse en avant et me donne des ailes. D’ailleurs, vous n’allez sans doute pas le croire, mais il y a deux jours, un ange m' est apparu !
« Tu es sur la bonne voie, m'a-t-il dit, mais il te reste un chemin à parcourir, celui de l'expérience fructueuse. »
Comme je ne comprenais pas de quoi il parlait, je lui ai posé pas mal de questions.
« Je te donne le pouvoir de changer quelque chose pour améliorer la vie de tes semblables, pour t'enrichir, pour avoir la santé, etc... c'est à toi de choisir, mais n'oublie pas le plus important... LA VERTU. »
Puis il a disparu et je me suis retrouvé seul avec des idées plein la tête. J'ai fermé les yeux. Lorsque je les ai ouverts à nouveau le ciel avait changé.
Je suis resté éveillé jusqu’à deux heures du matin avant de sombrer dans un sommeil peuplé de chimères et d’envies plus folles les unes que les autres. Au cœur de ma nuit, j’ai fait un rêve étrange. Devant moi, des arbres décharnés, sans végétation tendaient au ciel leurs branches mortes comme en une supplique silencieuse.
J’étais dans un univers sombre, angoissant nimbé de bleus, de vert et de noir. Cela me plongea dans un désespoir sans nom. C’est à cet instant précis que je compris que je pouvais agir. Aussitôt que j’eus cette pensée, mon chagrin disparut et le ciel s’alluma d’une belle lumière qui rendit cet endroit bien plus accueillant. Je remerciais l’ange qui je n’en doutais pas était à l’origine de cette illumination qui changeait tout.
IllustrationsZao Wou Ki
Le côté obscur avait presqu’entièrement disparu. Je commençais à parler à l’être céleste et la lumière s’intensifia avant de disparaître totalement. Cette fois j’étais au cœur d’un camaïeu de bleus plus lumineux les uns que les autres et des touches venaient ici et là gorgées de couleurs festives du fuchsia, du ciel, de l’orangé. Le noir avait pratiquement disparu, ne restaient que quelques traces à peine perceptibles au niveau du sol.
Illustration Zao Wou Ki
« J’aimerais utiliser le pouvoir que vous avez placé entre mes mains à être utile à tous les malheureux de notre monde pour que plus jamais ils n’aient à se battre pour trouver un toit ou de quoi se nourrir. »
A peine avais-je prononcé ces mots que tout autour de moi toutes les couleurs disparurent ne laissant qu’un camaïeu de noir et de gris. Plutôt angoissant. Avais-je commis une erreur ?
Illustration Zao Wou Ki
C’est alors qu’une voix désincarnée s’éleva.
Les hommes sont devenus fous
Nous les voyons courir partout
Ils haranguent, ils vocifèrent
Toujours prêts à croiser le fer
Pendant ce temps les malheureux
Agonisent et meurent peu à peu.
Nous en appelons à l’amour
A l’espoir, qu’il dure toujours
Peut-être aussi à l’amitié
Pour que les peuples réconciliés
Bâtissent ensemble enfin
Un meilleur monde pour demain
Mais viendra-t-il ce temps béni ?
Aujourd’hui, il nous vient l’envie
De croire et d’espérer
Que l’horreur puisse cesser.
La voix se tut et l’ange s’adressa à moi.
« Tu nous as convaincus. Nous ne t’abandonnerons pas. Garde foi en toi, car tu viens de nous prouver qu’il y a encore de l’espoir parmi les hommes. »
Lorsque l’ange disparut je m’éveillais. J’ignorais si j’avais fait un rêve, si tout cela n’était qu’illusion, mais il y a une chose dont j’étais certain c’est que j’allais me mettre en route et trouver des solutions.
Après un petit déjeuner copieux, je contactai toutes les associations en charge des sans domicile fixe, des clandestins et des sans papier. Puis je passai quelques annonces pour trouver des bénévoles et des gens de bonne volonté pour m’aider à distribuer des tracts dans les rues.
Le succès dépassa toutes mes espérances. De toute la France des offres arrivèrent à l’association que j’avais créée pour ça. Des paysans offraient le gîte et le couvert contre des travaux à la ferme. Les dirigeants de petites entreprises offraient de mettre des locaux à disposition des personnes qui voudraient bien travailler quelques heures pour les aider dans leurs métiers. Des particuliers se proposaient d’héberger les enfants seuls. Moultes propositions d’aides arrivèrent. Et voilà que moi qui ne croyais plus beaucoup en l’humanité, je découvrais un élan de solidarité qui ralluma en moi la flamme de l’espoir.
Oui autour de nous les loups n’avaient pas cessé de hurler, mais il y avait des gens dotés de cœur qui se voyaient tous comme des humains sans distinction de couleur ni de foi. C’est l’amour qui réunissait tous ces êtres et il grandissait au fur et à mesure de nos échanges. Vous avez du temps à perdre ? Alors vous aussi… Agissez
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