Maridan-Gyres

Comment éviter la dix-neuvième lettre honnie par le quinzième atelier de l’année deux mille vingt-quatre du Mot de Montpellier ? :

1. Éviter à tout prix le pluriel, évidente évidence qu’il faut rappeler
2. Craindre la deuxième créature quand on emploie un verbe du premier groupe : il y a généralement la dix-neuvième lettre à la fin du mot. Idem pour l’impératif.
3. Idem pour la première créature du pluriel
4. Attention à l’imparfait, au dérivé de l’imparfait, au conditionnel, à tout ce qui parle du précédent..., au pronom, au verbe être conjugué

Bref, bien difficile d’écrire en évitant la dix-neuvième lettre !!!

Maridan rêvait, fatiguée d’un été particulièrement compliqué. Comment partir du Languedoc pour une détente bien méritée avec le Mot de Montpellier à gérer ?

Encore un mail, un autre, et encore un autre, dix déjà ce matin.
Prendre l’écrit, le mettre en page, coller une image, une photo, deux, quatre

Recommencer encore...

Gérer l’impatience de ceux qui croient leur mail tombé en une oubliette, égaré au cœur de la toile...

• Hello Maridan, mon mail du 14 Juillet de l’atelier 13-1 ! Perdu ? Et celui du 12-5-2024 également ? Tombé en la trappe du Web ?
• Pour ma part, je n’ai aucune nouvelle de l’article de l’atelier précédent que je t’ai envoyé !
• Et moi de l’antépénultième ...

Et ce JeanBat qui l’imagine tantôt en pythie grecque, tantôt en Reine de Cœur du roman de L. CARROLL, que va-t-il encore inventer bientôt ? Et que prend-t-il avant de dormir avec la décoction grecque avant d’inventer une nouvelle fable ? Certainement un autre ingrédient que de l’eau minérale !

Clairement, Maridan avait ce qu’on appelle communément un énorme coup de mou, un début de déprime.

Allait-elle éviter le pétage de plomb ?

Elle revint au bureau et reprit le dernier article qu’elle venait de mettre en ligne, un texte qu’Occitania lui avait envoyé de la pointe méridionale de l’Afrique, de Durban, fort loin de Montpellier.

Karima lui avait envoyé un compliment évoquant le conte qui n’avait aucune fin et auquel elle allait devoir revenir, un jour ou l’autre,

La Reinette, Adelinade commentaient à tout va,

Dorémi avait joué avec la ronde en ligne, plaçant chaque mot en un texte rondement mené

Romantini avait un nouveau poème à publier

Timoineau racontait la vie d’un matou affectueux

Anna13, Corinne, Daniel, Ivoleine, Marc H, Maurizia, Nanou, Pimprenelle, Pivoine, Varidani, écrivaient à leur rythme, piochant un thème qu’elle avait avancé en un atelier de l’année, le prof JeanBat délirait ou dérivait périodiquement en bateau-livre.

Et pareillement ceux dont on ne peut écrire leur nom contenant la vivace lettre prohibée placée en arrière du « r » et précédant le « t »...

Tout ce petit monde tournait autour de l’atelier et le rendait vivant, commentait, rédigeait, contait, commentait, félicitait, répondait...

Grâce à qui ? À elle, bien évidemment.

Rien de tout cela ne vivait que grâce au Mot de Montpellier dont elle était créatrice, conceptrice et animatrice.

Maridan réprima la petite pointe de fierté qui fit rougir une joue, reprenant le travail d’écriture.
Elle venait d’avoir une nouvelle idée qu’elle allait pouvoir développer pour le prochain atelier à venir, celui qui allait venir remplacer le quinzième, libérant enfin la dix-neuvième lettre interdite.

Ce thème-là allait probablement beaucoup plaire.

JeanBat

Lecce, 18/09/2024