Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 19 du 19/12/2016

1.      sujet : le conte

 conte 2.jpg

Cinq doigts, des ongles longs, longs, des oreilles pointues, poilues. Une tête en forme d’obus. Des cheveux dressés sur le crane, collés entre eux, en point d’interrogation, par une brillantine directement venue des années 60, la serviette autour du cou. Il tient une cuillère en argent qui brille tristement. Son nez en pied de marmite peut bouger tout seul à droite, à gauche. Il sourit, il a des rides d’intelligence autour de la bouche et une fossette au menton.

 

Il s’ennuie, il attend ton repas, son attention est attirée par un bâton de sucre d’orge bicolore rouge et blanc. Dans le ciel, car son regard traverse la vitre de la fenêtre et finit dans le ciel, il la voit. Oui, c’est bien elle, celle qu’il a toujours voulu rencontrer sans savoir où chercher. Elle est là en face de lui, sur un cheval volant en papier.  C’est peut-être une cocotte. Des objets volants non identifiés l’entourent et l’escortent. Elle joue avec ses cheveux blancs-blonds frisés et lui fait signe d’abord discrètement, puis intensément. Il laisse tomber sa cuillère, ouvre la fenêtre et se jette dans le vide. Elle lui tend le sucre d’orge, il l’attrape juste à temps et se jette sur le cheval. Ils galopent collés l’un à l’autre et s’enfuient vers les montagnes.

,

L’ocelot vitesse 46km/heure, poids 8,8 kg, longueur 75 cm, queue 37 cm, longévité 9 ans, l’ocelot descend de son arbre. Il voit passer le couple et les regarde pensivement. Il se rendort et aussitôt rêve.

 

C’est une petite fille. Elle serre dans ses bras un bébé sac de son dont le ruban descend allègrement sur la queue de l’âne. La petite fille est assise en amazone sur un âne. Un âne monté sur roulettes. L’ocelot fait une fixation sur les roulettes. La petite fille a une couronne sur la tête, elle est triste. L’ocelot se réveille. Il a faim. Il trouve un elfe, enfin c’est plutôt une sorte de gros rat, mais pour l’ocelot ce sera un elfe, un elfe maléfique qui a jeté un sort à la petite princesse triste montée sur roulettes. Il voudrait lui aussi s’envoler sur cet âne magique et retrouver le couple aperçu dans le ciel vers 12h35 au zénith.

 

Et s’il se rendormait. Peut-être la vie serait plus belle. L’ocelot est devenu jaguar, vitesse 62km/heure, poids 90 kg, longueur 1m52, queue 60 cm, longévité 16 ans. C’est mieux, il voit plus grand, il vole sur son âne à roulettes et serre dans ses pattes la petite princesse au bébé de son. Il s’approche du lutin et de l’étrange fillette au sucre d’orge. Ils échangent des paroles sans paroles, toutes en gestes.

 

-         C’est encore loin ?

-         Oui, encore loin !

-         Faut mieux dormir. Le cheval de papier connaît le chemin, l’âne à roulettes n’a qu’à suivre.

 

Le temps passe, Zoé mange sa sucette, elle dévore la tête du personnage en sucre et de sa petite bouche sort un liquide rouge comme vous savez bien, un produit naturel chaud, un peu salé le sang, oui, le sang de la sucette. Mais c’est le bâton du sucre d’orge, mais c’est le bébé de son.

 

-   Où as-tu trouvé tout cela Zoé ?

-   Là-bas, près de la montagne, y a aussi un cheval en papier et un âne à roulettes et des corps, des corps entre      serrés, des corps brûlés, carbonisés, des corps brûlants, des corps morts.

 

2.     sujet : L’histoire avec les mots imposés

 Afficher l'image d'origine

Turin devint beau et fort. Il attendait Noël avec impatience. Son grand-père lui avait promis :

 

-   Lorsque tu auras un an, tu seras attelé au traîneau.

 

Turin allait avoir un an le 23 décembre. Il avait de longues pattes en prévision des longues promenades. Ses bois commençaient à devenir imposants. Il grattait la neige avec son sabot pour dégager de fines pousses d’herbe. Il admirait depuis longtemps le traîneau du père. Lui faisait décanter du sureau et du houblon pour préparer une boisson énergétique.

 

-   Dis grand-père, tu crois que je vais pouvoir remplacer Tonnerre ?

-   Oui.

 

Répondait grand-père Rodolphe et son museau s’éclairait en rouge de plaisir. Il n’appréhendait pas le moment d’atteler Turin, son petit fils. Tonnerre était trop vieux, ses sabots lui faisaient mal.

 

Et Turin s’entraînait, il tirait, il volait. Il aimait déglutir l’eau glaciale lorsque son naseau était en feu. Il n’avait pas le nez rouge de son grand-père, mais il avait quand même quelque chose de spécial. Son sabot antérieur devenait lumineux lorsqu’il était prêt à s’envoler. Mais la lumière n’était pas rouge, elle était bleue. Bleu froid, bleu glacial. Elle n’était pas une lumière vive et vibrante comme celle du nez de Rodolphe son grand-père. C’était une lumière paresseuse qui semblait être là par hasard et qui ne cherchait pas à se faire remarquer. La lutte était acharnée chez les rennes pour succéder aux vieux et avoir l’honneur de tirer le traîneau.

 

Enfant, Turin s’amusait à courir derrière l’attelage et à suivre les grands animaux. Il gênait plus qu’autre chose et le père se mettait parfois en colère.

 

Mais bientôt, à son anniversaire, il allait faire partie du voyage.

 

Les lutins le préparaient au grand soir, ils lui brossaient les poils et maquillaient ses yeux pour que ressorte son regard cristallin. Ils tressaient sa crinière et sa queue. Ils frottaient ses grands bois et faisaient briller ses sabots. Ils touchaient religieusement le sabot lumineux et au grand désespoir de Lutin, lui donnaient une bonne claque sur le postérieur en lui disant :

 

-   Allez ! Tu vas être aussi bon que Tonnerre, n’oublies pas que c’était le préféré de père. »

 

Turin aimait beaucoup  Tonnerre c’était un ami de son grand-père. Il avait encore un air étincelant lorsqu’il gambadait sur trois sabots à cause de son mauvais 4ème qui commençait à se fendiller.

 

-   Tu vois mon gars, disait Tonnerre de sa grosse voix, le plus c’est le vertige de l’espace. »

 

Et il partait d’un grand éclat de rire qui faisait voler autour de lui des morceaux de paille comme des libellules.

 

Le vieux Rodolphe était très fier de son petit fils. Encore deux ou trois ans et lui aussi allait bientôt devoir raccrocher. Il se souvenait de son enfance, comme il était malheureux à cause de ce nez rouge, comme les autres rennes étaient méchants et comme il voulait mourir. C’est le père qui avait eu pitié et qui l’avait mis au début de l’attelage. Et comme Rodolphe était fier de montrer le chemin en l’éclairant avec son nez, les mille et une nuits. Il était content d’être là pour les débuts de Turin. L’équipage était brûlant, il n’y avait que des bêtes vigoureuses avec de forts caractères et de bons sentiments. Tous craignaient le père qui ne tolérait aucune mesquinerie. Son petit fils serait heureux. Rodolphe en était sûr. Cependant Tonnerre, son vieux camarade, allait lui manquer. Il ondulait si bien sous le vent, les bois recouverts de velours en avant, la gueule ouverte, la queue bien alignée. C’était le meilleur d’entre nous, se disait le vieux renne. Comme la vie est injuste. Pourquoi son sabot n’a-t-il pas tenu pas tenu le coup ? Il avait les larmes aux yeux à chaque fois qu’il pensait à son vieux compagnon. Comment allait-il vivre le départ de l’attelage ? Comment allait-il accepter de ne pas partir pour ce dernier voyage ? Il allait rester seul, dans le parcage, avec les lutins à attendre, à attendre que l’équipage revienne les sabots pleins d’étoiles et la tête dans les nuages en espérant un nouveau noël.

 

3.     sujet : texte en ana

 Afficher l'image d'origine

 

Noël, Noël, Noël, il n’y a pas de neige ici

Ici, il n’y a plus rien,

Rien que les yeux d’enfants mal nourris

Nourri de pain moisi et d’eau croupie

Eau croupie, mais eau quand même

Quand même, parmi les ruines, est-ce qu’il y aura Noël ?

Noël, toi, tu n’as pas connu les sapins,

Les sapins verts décorés de boules brillantes

Brillantes les prunelles des enfants gras

Gras et roses et gâtés qui mangent sans faim

Faim de quoi, faim de rien Noël,

Noël perdu de mon enfance

Enfance qui ne veut plus rien dire pour toi

Toi, enfant errant, trop maigre

Maigre de tous les rêves éventrés

Eventrées les maisons, les écoles, les arbres

Arbres déracinés, arbres qui ne sentent pas Noël

Noël, Noël, il faut des lumières de napalm

Napalm qui enveloppe tout comme de la neige

Neige carbonique qui recouvre les gravats

Gravats sur lesquels qui va déposer ton soulier ?

Soulier percé qui restera vide

Vide comme ton ventre et nos cœurs

Cœurs secrets barbares pour un pays sans Noël

 

Claudine 19/12/2016



21/12/2016
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 487 autres membres