L'atelier du 1er février 2016 par Claudine
1° Poème aux rimes imposées.
J’ai les jambes croisées
Et de la tête, je dodeline.
Il faut dire que je me sens grisée
Et que maintenant l’heure est câline.
Tous ces hommes me trouvent évasive
C’est normal, vers aucun, je ne m’incline
Ma déception est trop vive.
C’est donc sur cet échec que j’arrose
Mon gosier de gin et je prends une pose oisive.
Dehors, la nature et les bêtes se reposent
Il fait déjà nuit, le ciel étoilé
A des reflets presque roses.
Dans ce café, avec ces gens, je me sens isolée.
D’un geste délicat, je dénatte ma tresse,
Je regarde ma cuisse ; le bas a filé.
Je laisse tout cela. La paresse
M’habite. Un hibou crédule
Me lance un cri qui caresse
Mes sens dans ce calme crépuscule.
J’ôte mes bas, et sur ma taille ceinte
De cette légère soie, ma peau brûle.
Il faut dire que je ne suis pas une sainte
Et que mon désir augmente dès qu’une flamme éteinte
Habille la nuit d’une houppelande de laine.
2°) histoire de moineau
Il est là ?
Qui ?
Le chat !
Celui qui a tué Milli ?
Oui ! Il nous guette.
On ne va pas pouvoir aller se baigner dans cette si jolie flaque.
Non ! Un mort par semaine, ça suffit, partons !
Tout le groupe des oiseaux du quartier sud s’envole.
Chef, faites attention, y a un pylône électrique à quinze heures.
Ok, patrouille vire toute à l’Est, direction l’école.
Tout le groupe s’est installé sur le fil électrique face à l’école. La fenêtre de la classe des petits est ouverte. Nos plus jeunes oiseaux apprennent à lire avec les enfants :
« B et a ba, q et i cui cui. »
Ça y savent le faire, nos oiseaux.
Taisez-vous ! C’est l’heure du conte.
Alors là, nous sommes tous attentifs. Aujourd’hui, c’est le corbeau et le renard. Bien fait pour le corbeau. Les corbeaux sont des méchants. Ils n’hésitent pas à crever nos œufs et à détruire nos nids. Ils ont le cœur aussi noir que leurs plumes.
La récréation est finie. Vite sur les miettes avant que les gros plumeaux arrivent. Chaque jour on déjeune dans la cour. Aujourd’hui, il y avait beaucoup de chocolat. Trop, cela ne nous réussi pas. Une belle pomme a fait nos délices.
Voilà les pigeons qui débarquent. Fuyons !
Vers seize heures, nous allons sur la lagune. Il y a toujours des vers dans la vase, et c’est bon pour nos pattes le sable mouillé. C’est bon comme de la thalassothérapie. C’est Milli qui nous avait parlé de cet endroit. Une cure thermale avec de la boue chaude et de l’eau aux vertus médicinales.
Pauvre Milli ! Ce sale chat l’a assassinée et on n’a rien pu faire. On avait trop peur. Justement, ce soir, à la tombée de la nuit, il y a un grand rassemblement. Même des pigeons vont venir. On va se recueillir et évoquer la mémoire de notre amie. Je crois que cela va bouger. Il y a des jeunes, encore des oisillons qui prêchent la révolte. Ils nous traitent de lâches et disent qu’il faut agir. Ils préfèrent mourir que vivre à genoux. J’ai déjà entendu ce refrain. Mon aile me fait mal. Demain, je me roulerai dans la boue.
3°) Ronde de mots
Science sans conscience c’est la perte de l’âme ! Mais qui a bien pu dire cela ? En plus, je le savais. Je suis allée le chercher sur internet parce que j’avais parié avec Manu. Manu c’est mon collègue. On est voisin de classe. Je lui fais de la publicité auprès des parents parce qu’il débute.
Allons, madame Boubou, n’écoutez pas les ragots de radio-trottoir. Toutes ces mères qui cassent du sucre sur le dos des enseignants au lieu d’aller préparer un ragoût pour leur homme. Ça démolit une réputation. Écoutez ! Vous me connaissez, j’ai eu vos dix enfants en classe. Allez, c’est un jeune. Il a beaucoup de qualités, laissez-le s’installer, prendre ses marques ! Il aime son travail. Vos enfants, il va les faire voyager… Vous ne les reconnaîtrez plus, ils vont de venir intelligents.
Enfin, peut-être…
Claudine 1er février 2016
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