Texte libre
Le cœur de Maridan est au musée de Zagreb.
Mathilde s’ennuyait un peu dans l’atelier d’écriture qu’elle fréquentait en ville, ou plutôt elle considérait qu’il manquait de chaleur, de convivialité.
Aussi elle n’hésita pas un seul instant quand Maridan des mots de Montpellier, organisa un Week-end de rencontres et d’écritures aux personnes inscrites dans son atelier en ligne. Elle répondit favorablement à cette invitation.
Mathilde était membre depuis 2019 de cet agréable et bienveillant lieu d’échanges et de libre expression virtuel, sous la houlette de Maridan qu’elle souhaitait rencontrer depuis longtemps.
C’est un gite confortable face aux jardins de Giverny qui accueillit les participants. Il y avait là : La Reinette, Fleur de mai, Schunt, Clohe et bien d’autres dont elle fit connaissance.
L’organisatrice avait vanté les vertus de la contemplation de la nature, les silences propices à la réflexion et à l’imagination des écrivains amateurs que nous étions.
Mathilde était avide de rencontres de relations humaines elle allait volontiers vers les autres. Peut-être même et pourquoi pas une rencontre amoureuse dans ce cadre bucolique se disait-elle. Une romance entre obsédés textuels ….
Secrètement elle pensait rencontrer Agapo dont les écrits ne la laissait pas indifférente, ce fut chose faite, quand elle vit entrer dans la salle baignée de soleil un fascinant jeune homme, quelle découvrit drôle et communicatif.
Maridan était arrivée tôt, elle avait « annoncé le programme » écriture, dégustation de cru, gastronomie, balade … toute choses permettant de faire société, de rapprocher les cœurs et les âmes….
La rencontre amoureuse souhaitée par Mathilde se concrétisa bien au-delà de ses espérances, Agapo et elle ne se quittaient plus.
Au cours d’une belle soirée, Maridan nous dévoila une autre facette de ses multiples talents : elle avait emmené quelques colliers et ras du cou de sa création pour les exposer dans la boutique d’artisanat de Giverny.
Mathilde fut éblouie par un splendide bijou composé de perles miracles, alternant avec des perles en métal doré. À l’extrémité était suspendu le plus beau des cœurs en verre de Murano dans des tons de vieux rose ce qui lui donnait un authentique caractère romantique.
Agapo ne dut pas insister longtemps auprès de Maridan (trop heureuse de consolider à sa façon une romance débutante), il acquit le ras du cou qu’il offrit à une Mathilde déjà conquise.
Malgré l’éloignement géographique qui séparait les deux amants (Mathilde vivait à Laval et Agapo à Nice) leur idylle se poursuivit quand pris fin l’atelier. Leurs rendez-vous hebdomadaires laissaient les amoureux épuisés et saouls d’amour et de vin. Souvent ils se remémoraient l’atelier à Giverny et les textes éblouissants fruits de la belle rencontre initiée par Maridan.
Mathilde portait très souvent le cœur de Maridan symbole de l’amour d’Agapo. Elle l’assortissait à ses tenues et à ses sous-vêtements quand ils étaient dans l’intimité.
Au début de l’été Agapo trouva un nouvel emploi. Son amoureuse l’encouragea le soutint, l’épaula pour aborder ce changement professionnel. C’est alors que celui-ci fit la connaissance de Juliette une collègue de travail qui ne ressemblait pas à Mathilde mais pour qui il éprouva une attirance.
Ils allaient au cinéma, au restaurant, étaient invités dans des soirées amicales et progressivement cette relation d’abord amicale se mû en en amour réciproque.
Les courriels et les textos de Mathilde restaient bien souvent sans réponse ou Agapo tardait à répondre, même le jour de la st Valentin son téléphone sonna dans le vide…
Le jour de leur rendez-vous arriva enfin, et Mathilde de plus en plus inquiète questionna Agapo sur son amour et sur l’avenir de leur couple mais il resta muet, pour toute réponse il mit quelques affaires dans un sac. Il ne regarda pas sa bien-aimée dans les yeux, mais admira une dernière fois son cou et sortit de la vie de Mathilde et de quatre années de passion.
La jeune fille sidérée et bouleversée détacha délicatement le bijou cœur de sa nuque l’enveloppa du papier de soie qui l’avait contenu, puis le déposa dans une boite cartonnée elle joignit une lettre décrivant l’histoire de son amour fini, et scotcha le petit paquet.
Sur l’emballage elle libella une adresse : Musée des relations brisées, Zagreb Croatie.
C’est ainsi que les 200 000 visiteurs annuels du musée peuvent admirer le bijou cœur de Maridan il a rejoint les 2777 histoires de ruptures accompagnées d’autant d’objets symbolisant un moment d’amour, un moment de vie.
À la poste Mathilde remarqua un jeune guichetier qui ne ressemblait pas du tout à Apago …
Ivoleine
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