Atelier 21 - 2019 - sujet 1 illustration 1
Il est né dans un pays étrange ou les femmes et les hommes viennent au monde avec un petit panier souple et léger bien fixé dans leur dos. À sa naissance comme le veut la tradition, son père et sa mère déposèrent chacun une petite clé colorée dans le dos du bébé.
Faél grandit dans la joie et l’insouciance. Cependant de temps à autre il percevait de manière fugace un sentiment, une émotion, un trouble qu’il n’arrivait pas à nommer, ce n’était encore qu’un petit garçon. Dans ces moments-là pourtant, il lui semblait gagner quelques centimètres et la corbeille dans son dos semblait juste un peu moins légère, cela ne durait jamais longtemps et il reprenait le chemin de l’école, de ses jeux, de ses lectures, avec enthousiasme.
Ses parents l’entouraient d’amour, amour qui s’incarnait en gestes tendres, en attitudes bienveillantes, l’enfant éprouvait des joies, de la fierté quand on lui confiait une tache de « grand ». Parfois, des chagrins venait obscurcir le cours de sa vie d’enfant, mais il se sentait entouré et en sécurité.
Ce qu’il appréciait par-dessus tout c’était le soir avant de s’endormir, maman et papa qui venaient lui dire pourquoi il l’aimait.
Il a maintenant quatorze ans c’est désormais un beau jeune homme, une belle âme, remplit d’expériences positives. Ses parents Dita et Amos lui ont transmis un savoir être. Il est à l’écoute, il a appris au contact des autres membres du clan le respect de la parole donnée. Il est attentif à leurs points de vue, mais il ne craint pas d’exprimer ses idées, même si elles diffèrent des autres.
Tous ces apprentissages, toutes ses valeurs qui l’on fait grandir, toute cette humanité, tout ce don de soi, cette humilité dont il est témoin, il les a faits siennes bien sûr, mais pourquoi ?... Mais après ? s’interroge-t-il.
C’est au cours d’une soirée, Faél a seize ans, quand il comprend ce que sa communauté, ses proches attendent de lui. Le cérémonial, les rites dont il est le centre s’accompagne de mélopées et de danses.
Le panier dans son dos a grandi en même temps que lui, il pèse dorénavant mais sans représenter une charge. Il entend nettement le son des deux grandes clés qui dépassent maintenant de sa hotte cela ressemble à un appel gracieux et sensible, comme une invitation, un encouragement.
Il sait désormais qu’il va prendre la route, qu’il est temps de quitter sa famille, le groupe et sa complicité bienveillante.
Il n’a pas besoin de s’orienter pour arriver jusqu’à l’arbre des savoirs, l’arbre passe témoin, l’arbre de la connaissance. Il suit un guide invisible et aperçoit bientôt sa silhouette.
Sur son tronc frêle, au bout de branches dépouillées pendent des clés retenues par des chaines plus ou moins longues : « c’est le temps qu’il a fallu à chacun d’entre nous pour se construire, grandir, s’enrichir » songe Faél. Il choisit une branche et y accroche les deux clés qu’il porte dans son dos.
Il grimpe maintenant dans l’arbre à mémoire. Ses branches sont en réalité extrêmement solides, il saisit délicatement deux fines clés. Sa compagne Mariam va bientôt mettre au monde leur premier enfant.
Ivoleine
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