Maridan-Gyres

Logorallye

Incertitude, joyeux, tasse, dégringoler, tiroir, poireau, violon.

L'incertitude le gagne. De joyeux, soudain, le voilà tout tristounet. Madame Irma. Ses prédictions, lues au fond d'une tasse, l'ont fait dégringoler du nuage où il a l'habitude de s'asseoir et rêver.

Mais quelle mouche l'a donc piqué pour venir devant ce tiroir-caisse faire le poireau ?

Astrologie, tarots, tables qui tournent, radiesthésie, toutes ces non-sciences le titillent. Pour aller où, il ne sait ? Drôle de violon d'Ingres.

Jacques-Edouard

L’incertitude était son quotidien. Cet être joyaux avait perdu son travail et cela l’amenait à cogiter plus que de raison. Une tasse de café calée au creux de ses mains le réchauffait. Il songeait à la façon dont tout son univers avait dégringolé.

Il ouvrit le tiroir de son bureau et sortit le document que sa femme lui avait transmis. Cette garce lui demandait le divorce. La colère, une fois encore, lui monta au nez. Non, c’était assez, il n’y cèderait pas ! Il se remémora à cet instant la scène du poireau et il éclata de rire. La secrétaire, qui l’observait pendant qu’il vidait ses affaires, lui lança un regard curieux.

Ce matin-là, Isabelle, une fois de plus, l’avait poussé à bout. Lui si calme, si doux en temps ordinaire, s’était emparé d’un poireau qui traînait dans le plat de fruits et légumes, et il avait copieusement fessé l’impétueuse mégère. Il avait frappé jusqu’à ce que sa femme en larme finisse par s’excuser des horreurs qu’elle avait proférées devant leurs deux enfants.

Malheureusement, l’incident l’avait conduit au violon pour la nuit, où deux solides policiers l’avaient enfermé. Il ne regrettait pas cette nuit en garde à vue, car le regard hébété de son épouse n’était rien à côté des visages hilares de ses deux enfants assistant à la scène.

Maridan