Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

rondes du 20/01/2015

Rencontre

Ami ou ennemi ?

Je ne sais. Depuis le temps que j'ai quitté les rangs de l'Anarchie organisée, moi Charly, j'ai conservé malgré tout, l'habitude de m'interroger sur les personnes rencontrées.

Une sacrée rencontre que celle de cet autre Charlie qui, planté sur le parking de Carrefour lançait des anathèmes contre tous les nantis de cette société.

Un plaidoyer plein d'humanité et de tolérance à l'égard des petits, des gens de peu.

Ennemi ou ami ?

Après sa logorrhée anticapitaliste, il s'est assis à côté de moi dans la galerie marchande, face à l'exposition de portes-fenêtres Tryba. Je lui présente la flamme de mon briquet pour rallumer son mégot. C'est ainsi que la conversation s'est engagée. Conversation ? Un bien grand mot. En fait, un monologue,  une théorie de mots qui reprenaient en boucle les éléments de son discours.

Ami ou ennemi ?

Il doit se poser la même question que moi, vu tout ce que je lui renvoie : « l'anathème, c'est exclure. Pour faire preuve d'humanité et de tolérance, l'exclusion est exclue ! Le dialogue et le consensus me paraissent bien mieux ». Je lui rappelle que l'Anarchie a essayé les ateliers du bonheur … il en était ressorti des expériences comme le phalanstère.

Ami ou ennemi ?

Là, sur ce banc, au cœur de la galerie marchande d'un des symboles de la société de crasse nous n'avons pas tardé à ne plus nous poser la question.

Et puis chacun a repris sa route, la larme à l’œil avant que de serrer la main …. Comme deux amis.

 

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J'aime la campagne sous la lune pleine, car c'est un des rares moments de ma vie où mon ombre se réconcilie avec mon moi : je suis mince ! Les mots sourds de mon entourage sourdent de mon crâne comme des cauchemars

 

L'or brillait à son poignet renvoyant des éclats sur son visage lui donnant l'allure d'un monstre nocturne, qui s'envole dans un froissement d'ailes vers le soleil.

 

Je voudrais écrire avec mes tripes, tel l'écrivain de livres japonais qui s'est fait hara-kiri.  Puis, je m'en retourne chez moi, dans les bruits du soir, où mon volume et moi réintégrons le salon.

 

Que c'est bon d'être entre amis à se lire des livres sur les monstres … niak, niak, (rire sardonique), l'histoire d'une statue de boue incrustée d'éclats d'or pur.

 

Je ne savais plus comment m'appeler . C'était maintenant une certitude, ma blessure à la tête m'a rendu amnésique. Un vagabond m'a trouvé sur le bord de la route, comme une étoile morte dans l'écume du jour.

 

Bernard 20/01/2015

 

La nuit quand la lune joue à cache-cache avec les ombres étranges des arbres squelettiques, je me surprends à rêver de lointains rivages ou l'esprit peut s'évader à souhait.

 

Tout est tranquille, seul le son d'une lointaine radio enlève le côté sombre de la solitude.

 

Les mots sourds percutent mes oreilles, je ne sais plus ou je suis.

 

Est-ce un cauchemar ? Je regarde autour de moi et mon oeil est attiré par un portrait.

 

J' essaie d'imaginer : qui est ce personnage sérieux à l'air sévère ?

 

Des lueurs troublantes éclairent son visage comme un monstre à facettes. Je frissonne et je cherche du regard une image plus rassurante. Une bibliothèque bien fournie et là je m'interroge : comment sortir un livre de mes boyaux pour animer le vagabond qui me hante. Comment faire taire cet appétit qui tel un monstre me fait dévorer les livres.

Quelles blessures profondes m'ont affectées à ce point dans mes certitudes ?

 

Les bruits lointains m'apparaissent comme des froissement d'ailes, demain le soleil reviendra.

 

Depuis mon salon, j'écoute les bruits du soir confortablement assise dans un fauteuil moelleux. Je suis pensive, à l'affût du moindre petit souffle. Le feu de cheminée s'agite selon les caprices du vent. De magnifiques couleurs s'affolent, tournoient, dansent dans l'âtre au son du crépitement des bûches qui se consument. Je suis hypnotisée et ne peut lâcher des yeux, les éclats d'or pur brillants de mille feux, si intenses que même la boue ne peut altérer leur puissance. Quel génie invoquer :

 

Que mes étoiles mortes se ravivent et écument mon inspiration.

 

Tout ce que je veux c'est toucher mon ange pour que ses larmes adoucissent ma peine.

 

Martine 20/01/2015

 

Amis et ennemis tous réunis. L’anarchie qui régnait habituellement dans le pays dit « des lumières » s’était figée en un moment de stupeur qui n’avait pas saisi que notre pays. Le massacre de Charlie Hebdo avait embrasé le monde. Pour nous, la liberté de la presse cela est sacré. Foutaise !

 

Je vous le dis, tout du moins en temps ordinaire. Voir les nombreux papiers qui vilipendaient Charlie et publiés précédemment. Le peuple de France s’était réveillé avec une terrible « gueule de bois. »

 

Arrivés au carrefour de toutes les haines exacerbées, au fil des années, par les uns et les autres, politiques, religieux, économistes et gourous de tous poils, nous nous retrouvions face à l’horreur.

 

Parce qu’au loin, un fou de Dieu avait jeté lanathème sur un rigolo qui pensait que le rire est la plus belle vertu de l’homme et qu’un crayon vaut mieux qu’une arme, le sang avait été versé en abondance.

 

Alors venu du plus profond de nous, un cœur unique s’était éveillé et un plaidoyer pour la liberté d’expression avait réuni dans un même élan toute une humanité qui aspirait à une communion d’âmes. Une envie de liberté et un refus de la barbarie avaient rendu à la France ses lumières si ternies depuis pas mal d’années.

 

Si au lieu de prier des Dieux sans pouvoir, sans volonté que chacun plie ou fait ployer à sa convenance, les hommes aspiraient à la tolérance, au respect de chacun, notre monde deviendrait très beau.

 

Et tandis que mon stylo trace sur une page blanche ces mots sans suite, relents de mon esprit attristé, j’observe le soleil qui joue à cache-cache derrière la porte-fenêtre de Bernard.

 

Les amis de l’atelier griffonnent en silence au rythme des mots livrés précédemment. Certains sont concentrés, d’autres écrivent et raturent (bien que ce soit interdit, en principe !) et ce bien que je répète en boucle que la première idée est souvent la meilleure, à quoi cela sert-il que je radote, je me le demande ? 

 

J’adore ces ateliers, ils me comblent de petits bonheurs que je livre ensuite sur mes blogs. Les yeux baissés sur leurs feuilles, mes compagnons d’écriture s’appliquent. Quant à moi, j’ai les mains soudain saisies d’une étrange appréhension… Où est passée la fin de mes divagations premières ?

 

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La nuit lorsque la lune brille et que s’allongent les ombres, je garde au fond de l’âme les mots sourds de ma colère refoulée. Peut-être les cauchemars me ramèneront-ils quelquefois des réminiscences de cette douleur. Le monstre qui se cachait derrière ce visage avenant n’avait pas encore été découvert. Cesser d’être un vagabond pour raconter son vécu dans un livre émouvant et profond.

Lorsque cela viendra, ce sera comme un froissement d’ailes, quelque chose de léger que le soleil effacera.

L’ange entend mieux les bruits du soir. C’est le moment béni où il se rend seul au salon verser ses larmes.

Puis, il retrouve les autres pour échanger sur un livre qu’ils ont lu, pour se raconter des histoires sur les monstres qui ont traversé nos vies

L’un nous parle de celle qui se dissimule sous l’éclat d’or pur de ses colifichets, même s’il sait qu’un jour, la boue qui inonde son cœur débordera en un flot dévastateur, et que nul se laissera plus prendre en ses filets. Jamais plus, c’est une certitude ! dit-il, il ne ressentira une telle blessure !

Faire briller les étoiles mortes et faire de l’écume des jours de Boris Vian une ondée bienfaisante pour les âmes en peine.

 

Maridan 20/01/2015



28/01/2015
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