Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

atelier du 5/02/2014

 L'amitié

 

Quand je suis malade ou triste, elle m'embrasse. Elle colle sa joue contre la mienne, en silence. Nous respirons en même temps. Nous soupirons en même temps.

 

Comme moi, elle aime le fromage, les bananes et l'ail. Comme moi, elle mange d'abord ce qu'elle préfère et laisse les autres choses à la fin.

 

Quand nous sommes gaies, elle sautille avec moi, on se fait mille jeux, plaisanteries et chatouilles.

 

Quand il fait beau, nous sortons ensemble. Nous aimons nager toutes les deux. Nous prélasser sur le sable. Nous y enfoncer pour chercher la fraîcheur. Maudire les inconnus qui nous approchent de trop près ou qui parlent trop fort. Nous aimons l'eau, le soleil, la forêt, les routes. Nous les partageons.

 

Quand elle est malade, je l'embrasse. Je la soigne. Je lui fais sa soupe et lui donne ses médicaments dans la bouche. Je prends sa tête sur mes genoux. Nous respirons. Nous soupirons. En même temps.

 

Quand j'ai une mauvaise note à l'école, elle ne me méprise pas. Quand un garçon me pose un lapin, je lui raconte. À elle, je peux tout dire. Elle ne me juge pas. Elle m'aime.

 

Quand elle fait pipi dans les pantoufles de maman, je ne la gronde pas. Je la comprends. Elle le fait chaque fois qu'elle en a l'occasion. Je nettoie les pantoufles. Je n'en souffle mot à personne. Je ne la juge pas. Je l'aime.   … Il faut dire aussi que je l'admire.

 

Écrire une histoire à quatre voix, inspirée par le collage

 

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Le capitaine du bateau

 

-          Ça vous a plu, hein, les gars ? Je vous l'ai dit – pas vrai, - que c'était un joli coup à faire. Pas vrai ? Un butin du tonnerre ! Ces sauvages ne savent pas ce que c'est que l'or. On va s'en mettre plein les poches.

 

En guise de seule réponse, des fragments de chansons obscènes se font encore entendre par ci par là, mais sans force. Ce que le long voyage en mer et la bataille n'avaient pas pu réussir, le rhum y est arrivé. Ils gisent tous sur le pont, assommés. Il les couve d'un regard attendri par l'alcool.

 

-          C'est ça, mes mignons. Roupillez. Vous avez fait du bon boulot. Ma foi ! Quelle belle journée !

 

 

La louve

 

-          Ouf ! Ces sauvages-là ont failli l'attraper. Ils l’auraient frappée comme les autres, les grands. Les grands, je ne les aime pas. Ils ne m'aiment pas non plus. Ils ont des lances, des arcs, des flèches, et ils s'en servent contre moi, contre tous les miens. Mais cette petite je l'aime bien. Elle n'est pas lourde. Voilà, je suis arrivée à la porter jusqu'à chez moi. Depuis que les grands ont tué mes fils, je suis toute seule. Cette petite me tiendra compagnie. Allez ! Ouvre un peu les yeux ? Tu as faim ? Il doit rester encore un morceau de sanglier. C'est bon ça. Tiens, croque !

 

 

La fillette

 

Elle sent une caresse humide et chaude sur sa joue.

 

-          Maman ! Maman ! Papa ! Maman !

 

Des images affreuses repassent devant ses yeux fermés : maman qui crie, qui hurle, serrant le petit bébé contre sa poitrine. « Sunhwa, Sunhwa ! » l'appelle papa dont la voix est arrêtée court par une dague dans le cœur. Une massue tombe sur la tête de Dongki ; l'arc de chasse, son premier, tombe de ses mains. Maman renversée, le ventre déchiré par un sabre. Le petit bébé piétiné. De grosses bottes qui passent à côté de sa cachette, qui la frôlent.

 

-          Maman ! Papa ! Maman ! Dongki ! hurle la terreur dans sa tête. Mais les dents restent serrées.

 

 

 

Les amoureux

 

-          Tu as entendu quelque chose ?

-          Oui, ton cœur. Il me dit que tu m'aimes. Embrasse-moi encore.

-          Il y a eu un cri, des cris. Si quelque chose était arrivé au village ?

Que peut-il arriver ? Non, ne bouge pas ! On est trop bien comme ça. Le village est trop loin pour entendre. Et puis peu importe. Tout peut disparaître. Je n'ai besoin que de toi. 

 

Gabriela 5/02/2014



08/02/2014
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