Atelier du 29/09/2015 par Maridan
1er sujet
L’enfant du Miracle
Il avait rêvé avec elle de cet enfant qui ne venait pas. Ils avaient consulté tous les plus grands spécialistes à travers le monde. Tout cela pour finalement traverser tellement d’échecs qu’aujourd’hui, ils n’osaient même plus en parler. Et pourtant…
Il revoit leur première rencontre. Leurs yeux s’étaient croisés lors de leur inscription à la fac. Ils avaient échangé quelques mots et c’était devenu très vite une évidence pour les deux. Ils finiraient leurs jours ensemble.
Après des études exemplaires récompensées par une licence d’enseignant, ils avaient réussi à décrocher un poste dans la même université. Un an plus tard, ils s’étaient mariés. Le rêve d’enfant n’était venu que deux ans plus tard.
Il repense à tout cela en attendant les résultats de leur demande d’adoption. Dix ans déjà qu’ils bataillent et aujourd’hui, si tout se passe bien, l’enfant du miracle va enfin leur être confiée. Une petite Eurasienne de six mois. Trois ans qu’on la leur promet et à chaque fois c’est un autre couple qui part avec le bébé promis. Enfin, il voit sa femme recevoir l’enfant tant désirée. Elle serre la petite fille contre son cœur et ses yeux débordent de reconnaissance. L’enfant semble calme et elle regarde avec attention le visage émerveillé qui se penche sur elle.
Les rêves de mon père
Maeli a quinze ans. Elle sait depuis toujours qu’elle a été adoptée. Elle est reconnaissante envers ses parents adoptifs qui l’ont choyée comme si elle était sortie du ventre maternel. Son seul souci c’est la volonté de son père qui souhaite la voir rejoindre le corps enseignant. Cela ne l’enchante guère !
Elle a deux passions : la musique et les associations humanitaires. Son rêve : partir aider les populations du tiers monde et leur offrir la musique pour les soulager de ce quotidien où ils essaient tant bien que mal de survivre. Sa mère la dit trop naïve pour comprendre ce qu’ils vivent réellement. Quant à son père, il pense qu’elle rêve à des chimères et que les malheureux ont autre chose à attendre de la vie que sa musique de bohème.
Ce qu’ils ignorent tous les deux c’est qu’elle a déposé une demande d’émancipation afin de rejoindre une ONG. Elle attend avec ferveur le résultat de sa requête. Le juge l’a écoutée avec attention, mais lui aussi a émis un doute sur le sérieux de sa démarche. Pourtant le Président de l’association est convaincu que son idée, d’apporter ses talents de musicienne aux plus démunis est une idée forte et novatrice. Malheureusement quand elle en a parlé à son père, il s’est montré farouchement opposé à cette idée.
« Passe ton bac, on verra après ! »
Elle se moque des diplômes, le courage et l’abnégation ne se calculent pas à la hauteur des diplômes, mais à la force des convictions. Dans l’ONG qu’elle a choisie, ils ont besoin de petites mains, pour creuser les canaux d’irrigation, pour ensemencer les terres auxquelles ils vont apporter l’eau. Elle compte bien participer à ce beau projet, et elle le fera en leur transmettant le plaisir de chanter en travaillant.
L’évangile selon Satan
Le père sait de manière intuitive que son enfant est sur le point de commettre une grosse bêtise. Il n’a pas confiance dans cette ONG dont sa fille lui a parlé. Il a fait pas mal de recherches et il n’y a rien sur ses soi-disant travaux. De plus, il est très étonné de l’âge des jeunes recrutés. Ils sont tous mineurs et rien que cela ne lui inspire aucune confiance. Devant la détermination de son enfant, il prend la décision d’aller voir un de ses amis qui est gendarme. À sa demande, ce dernier a mis l’association sous surveillance. Les premiers retours ne sont pas bons. Il y a des plaintes de parents pour abus sexuels sur mineurs, d’autres pour disparitions inquiétantes. Et même si ces plaintes ont fini par être retirées, il n’en reste pas moins que les gendarmes ont maintenu leur surveillance.
L’appel d’un juge, ce matin, a confirmé ses inquiétudes. Sa fille a sollicité son émancipation. Il se rend chez le juge qui l’a convoqué avec le dossier de son ami gendarme. Au vu de ses explications et du dossier qu’il laisse au magistrat, celui-ci a décidé de rejeter la demande d’émancipation. Mais ce n’est que partie remise, il sait que Maeli ne renoncera pas si facilement.
***
Un mois plus tard, les journaux titraient sur le démantèlement d’un réseau de traite de jeunes européens sous couvert d’une ONG. L’article insistait sur la crédulité des jeunes qui, au départ, souhaitaient vraiment s’investir dans l’humanitaire, mais leur crédulité les avait fait tomber entre les mains d’escrocs peu scrupuleux.
À la demande du père, le juge a accepté la demande d’émancipation de Maeli. Comme, entre temps, elle avait eu connaissance des faits, elle a préféré rester chez ses parents. Elle a même présenté des excuses à son père en lui disant qu’à l’avenir, elle suivrait ses conseils.
« Tu sais papa, certains parlent comme les évangiles. Tu leur donnerais le Bon Dieu sans confession, mais leurs cœurs brulent du feu de Satan » amusé, le père n’a rien dit et il a remercié sa fille en lui disant qu’il appréciait sa sagesse.
Il attendra dix ans de plus, et d'avoir sa première petite fille, pour lui révéler qu'il était à l’origine de l’intervention divine qui l'avait empêchée de faire une grosse bêtise.
Maridan 29/09/2015
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