Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

atelier du 26/06/2013

Ce matin-là, José quittait le Brésil pour rejoindre Paris où il avait acheté un magnifique alezan noir. Trois mois qu’il se battait avec fureur contre ce Saoudien qui, lui aussi, avait décidé d’acquérir ce merveilleux cheval. Ils n’étaient d’ailleurs pas les seuls à avoir flashé sur le somptueux destrier. Il se prit à rêvasser tandis que l’appareil quittait le tarmac. La force de propulsion l’avait plaqué au fond de son fauteuil. Cela lui rappelait les montagnes russes de son enfance et la terreur qui s’emparait de lui alors que sa mère prenait ses cris pour du plaisir. Malheureusement, à chaque passage des caravanes du cirque, le cauchemar recommençait, et il savait qu’il allait revivre la torture de l’indicible manège.

 

Il se revoit enfant. Pour ses quatorze ans, son père lui avait permis de choisir l’un de ses chevaux pour monture. C’était la première fois que son père l’autorisait à approcher l’écurie. Sa passion pour le cheval était née ce jour-là. Il avait choisi « Gazelle » une magnifique jument à la robe acajou. Lorsque le soleil se couchait, elle semblait prendre feu et dessinait une tache rouge sur le fond encore azur de ses montagnes chéries.

 

Ses parents n’étaient pas des nantis à cette époque et leurs repas étaient souvent faits de pommes de terre et de topinambours que la mère agrémentait avec de généreuses doses de paprika. Mais, même, si le repas restait frugal, les longues soirées à jouer au billard, ou aux dominos, avec le père, ou les jolies balades dans les prairies, avec sa mère, restaient des moments privilégiés et précieux qu’il n’aurait échangés contre aucune richesse.

 

Il se revoit courant autour de leur petite maison, foulant le gazon entretenu avec amour par son grand-père qui grondait en le traitant de chenapan, parce qu’il piétinait les plates-bandes entretenues avec tant de soin.

 

Et soudain, il se retrouve plongé six mois plus tôt, lorsque deux de leurs pur-sang avaient franchi l’arrivée du grand prix les premiers. Ce jour-là, l’écurie Mendoza était passée dans la cour des grands. Elle avait gagné ses lettres de noblesse sous les roulements de tambour du grand prix du Brésil. Depuis, son père et lui recevaient des commandes du monde entier. C’est pourquoi il s’était battu avec tant d’acharnement pour obtenir ce merveilleux étalon noir. Avec ce sang neuf associé à leur plus belle pouliche, la lignée des Mendoza n’était pas prête de s’éteindre.

Maridan, 26/06/2013

2)

J’entends le souffle du vent qui murmure à mon oreille,

Et je m’imagine papillon virevoltant sur ces vagues d’air.

 

J’entends la musique de la ville, fracas étourdissant

Et je m’imagine, bombe à neutron pour tout détruire

 

J’entends le ressac de la mer sur les falaises de Bonifacio,

Et je m’imagine sirène voguant sur le dos d’un dauphin

 

J’entends Renée Fleming qui chante,

Et je m’imagine seule avec toi sur une île déserte

 

J’entends les gazouillis des oiseaux,

Et je m’imagine arbre tendant mes bras pour recevoir leurs nids.

 

J’entends l’eau cristalline de la fontaine

Et je m’imagine reinette sautillant autour du joli bassin

 

J’entends le rire des enfants

Et je m’imagine Mélusine pour les faire rêver

 

J’entends les cris des parias de la Terre,

Et je m’imagine tendant mes bras pour les apaiser.

 

J’entends ta voix

Et je m’imagine musique pour toi

 

J’entends la pluie qui tombe sur le toit,

Et je m’imagine goutte d’eau qui roule sur ta peau.

 

J’entends ton cœur qui bat

Et je m’imagine au creux de tes bras.

 

J’entends le chant des sirènes

Et j’imagine que c’est l’heure du trépas.

 

Maridan, 26/06/2013



02/01/2014
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