atelier du 26/03/2014
VASCO
Il était venu le premier,
Il sait aussi qu’il sera le dernier
Quel hasard extraordinaire,
L’avait conduit à cette femme si ordinaire
Il aurait pu aller vers elle, et courir,
Sans jamais l’atteindre. Il lui a suffi d’un soupir
Puis, il l’a regardé gentiment,
Il n’a eu besoin d’aucun serment
N’a pas envoyé de télégramme,
D’un regard, il lui a offert son âme
Il a aussitôt aimé ce curieux destin
Qui avait fait de lui son chien.
Entre eux l’amour fut éblouissant,
Il lui a donné, son cœur puissant
Oh, elle n’était pas la maîtresse parfaite,
Mais avec elle, c’était toujours la fête
Sa vie s’étiole, elle devient évanescente,
A présent, il sait qu’il est dans la descente
Qui mène les braves bêtes au pays gourmand,
Celui, où il n’y a plus de tourments
Son pauvre corps, petit à petit le lâche,
Parfois, il l’a voit qui souvent se cache
Elle pleure, mène des actions velléitaires
Mais bientôt, l’euthanasie du vétérinaire
Mettra un terme à ses douleurs
Et à dix ans d’un vrai bonheur
Maridan 26/03/2014
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2)
Le lieu, un pré corrézien. L’herbe est bien verte, grasse à souhait. La petite Paulette garde ses vaches au cœur de cette nature préservée. Nous sommes en 1950. Les fracas de la ville n’ont pas encore pénétré cette campagne agricole où seuls subsistent les bruits de la petite paysannerie française.
Paulette est partie de bonne heure ce matin, pour conduire ses six vaches au près. Il y a là, la Blanchette, Bleuette, Fanette, Violette, Pâquerette et Sybille. Paulette s’est assise au bord du petit ruisseau avec Tafaner son petit berger.
Tafaner la regarde. Elle est belle cette enfant. Blonde, les cheveux mi- longs, tous bouclés. De grands yeux verts qui lui dévorent le visage avec gourmandise. Comme la pomme qu’elle croque à belles dents. Lui, il aime venir ici avec elle. Patiemment, il regroupe les six bovidés autour d’elle. Assure sa garde à elle. Mais surveille aussi les vaches qui aimeraient bien aller faire un tour. C’est son rôle de veiller ainsi au grain. À la ferme, il n’est pas question de nourrir les bons à rien. Il sait que son repas est assuré tant que sa mission est accomplie.
Elle, petite gamine de la campagne, a le cœur en fête. Elle joue à poursuivre les papillons. Ramasse ici et là quelques champignons des prés que sa grand-mère cuisinera ce soir. À l’école les autres l’appellent la sauvageonne. Mais c’est dans son dos. Car elle a beau être une fille, elle n’a peur de personne. Il l’a bien compris ce vicieux de Basper qui a essayé de la coincer dans le petit bois. Elle lui a jeté un gros caillou qu’il a pris en pleine poire. Il n’ira pas se plaindre le saligaud. Ses six vaches sont bien encadrées par son Tafaner. Elle l’aime ce chien. Il est tordu avec ceux qu’il ne connait pas. Mais avec elle, il est doux comme un agneau. Tiens en parlant d’agneau, il en est né deux cette nuit. Elle ira les voir quand elle rentrera de l’école. Oh zut ! Il est déjà 7h30. Il faut qu’elle ramène les bêtes à l’étable et qu’elle prenne le chemin de l’école. Son école est à Laguenne, le petit village en bas. Les prés de la mémé sont à Sainte-Fortunade. Ces six kilomètres, elle les fait été comme hiver, avec ses sabots, à travers les pâturages et les bois. C’est là qu’il faut faire attention à ce salopiaud de Basper. Il se raconte de tristes histoires à l’école sur les pauvres filles qu’il a attrapées. Son Tafaner ne le laissera pas faire, c’est pourquoi il est toujours avec elle.
Tafaner, regarde sa jeune maîtresse, son visage s’est fermé, il sait à quoi, elle pense. Il va encore lui falloir courir. Ramener les vaches au pépé pour la traite, puis prendre son cartable, bien lourd pour une enfant si jeune et surtout avec la longue marche qui l’attend. Lui, il a déjà essayé ses gros godillots de bois. Il n’a pas aimé du tout, c’est cruel de faire marcher des pieds si tendres dans de si vilaines chaussures. Quelquefois, il voit bien les ampoules qui fleurissent sur les pieds de la petite. Quand elle les libère dans le pré, il avance et lèche les blessures. Elle se met à rire. Il adore quand il l’a fait rire, car après, elle et lui jouent à se faire des guilis. Mais, il est un chien sérieux, il n’oublie jamais les bovidés. Il les surveille du coin de l’œil. Quand les bêtes sont de retour à l’étable et que le pépé commence à traire, il rejoint la petite Paulette. Pas question de la laisser seule avec ce fourbe de Basper.
Paulette, a passé sa blouse grise, posé son cartable sur son dos. Elle a brossé ses boucles blondes, noué le joli ruban blanc et la voilà partie. Elle aime ce petit chemin à travers bois. En réalité, elle l’aime surtout l’été, car l’hiver, le froid lui coupe les pieds. Malgré les grosses chaussettes de laine, l’humidité, de la rosée des prés, lui cisaille les doigts de pieds et elle souffre en silence. Encore trois kilomètres, encore deux. Allez voici venu les derniers pâturages, elle sort enfin du bois. Oh milla dious, le Basper, vite Tafaner ! Courrons. Elle part telle une fusée, prends ses sabots dans ses mains. Tant pis pour le froid. Il ne doit pas la rattraper. Il se rapproche…
Tafaner a bondi ! Les crocs en avant, il a attrapé le mollet de l’homme qui hurle : « Maudit chien, un jour je vais te trouer la peau. »
Mais Tafaner s’en moque, la petite vient d’entrer dans la cour de l’école, la voilà à l’abri ! C’est pas encore aujourd’hui que ce vieux vicieux attrapera sa petite blondinette. Sage comme une image, il s’assure qu’elle entre bien dans la classe. Une fois rassuré, il reprend le chemin de la ferme. Il reviendra la chercher à 11h30. Pas question de la laisser entrer seule. En attendant, le voilà qui fait demi-tour ventre à terre. Pas question de trainer dans les parages avec ce sale type qui risque de lui faire un mauvais sort. C’est la langue bien pendante qu’il a rejoint le pépé qui lui gratte le col en signe de remerciement. La mémé lui a servi son repas, il se nourrit et part rejoindre sa place près du cantou où la soupe pour midi est déjà en route. Ici on ne manque de rien quand il s’agit de se nourrir.
Pendant ce temps Paulette assise à son pupitre a rejoint en pensée son brave chien. Elle sait qu’il viendra la récupérer à l’heure de la sortie. Elle sait aussi qu’il lui faudra, à nouveau, faire la route en sens inverse. Quatre fois par jour, elle court ses six kilomètres. L’été cela peut encore aller. Mais quand il fait froid où qu’il pleut le temps lui semble bien long. Et puis, il y a ce vaurien de Basper. Sa mère déjà en avait peur quand elle était enfant. Elle ne comprend pas pourquoi, il est encore libre. Le fait d’avoir couru pieds nus, pour lui échapper, lui a gelé ses petits petons. Elle demande l’autorisation à la maitresse de poser ses chaussettes sur le poêle de la classe. La maitresse a dit oui. Pour repartir, elle aura les pieds enfin au chaud. Elle prie pour que le vieux Basper ne soit pas là. Elle en a marre de toujours courir pour lui échapper. Quand elle sera plus grande, elle le tuera.
Maridan 26/03/2014
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