Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

atelier du 11/12/2013

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Tout en moi était sur le point de changer. Qu’est-ce qui m’avait conduite à cette explosion interne ? Je flânais dans mon jardin de roses, humant tout à tour leurs différentes fragrances. J’avais très souvent vu mon Éden en rêve et à présent, il était là devant moi, magnifiant mon environnement de ces fleurs aux couleurs pastel et aux odeurs enivrantes.

J’avais organisé une ronde d’iris autour de mon rosier Winchester cathédral. Ce rosier aux fleurs jaune citron se mariait admirablement aux iris violets du mois de mars. À l’origine, je ne voulais que des roses, et puis mes envies avaient évolué. J’avais vu chez une amie, une telle profusion de couleurs que cela m’avait semblait obscène. Trop de fleurs tuant les fleurs. Ce matin, je suis là, à admirer les mélanges de teintes que j’ai travaillés patiemment au rythme des saisons. Le temps s’est couvert et la brume descend lentement, recouvrant tout mon horizon d’un châle gris qui brouille à présent ce que je vois. C’est le moment de l’introspection. Le moment où j’aime à me recueillir. Car seule au cœur de mon jardin, sans autre horizon que mes pensées chamboulées, je ne me vois rien de plus captivant à faire. Par instant, le soleil filtre les nuages, comme pour me dire que la pluie vient toujours après le beau temps. Mais pourquoi mes pensées devraient-elles être tristes ? Certains écrivains ont écrit, la femme pleure, son innocence, mais sommes-nous vraiment innocentes ?

Je ne le pense pas. Pas plus que cette jolie rose, qui voit son éclat s’éteindre après quelques jours d’une beauté absolue et qui, à la nuit tombée se lamente ainsi : « pourquoi mes pétales sont-ils tous fripés ? »

Pauvre femme aux formes girondes, pauvre rose, que leur dire, sinon, ne vous fiez pas à l’image que vous renvoyez ! Qu’importe que vous soyez belle ou non ! La beauté n’a de vertu que dans le cœur de celui qui la perçoit. Et moi, je vous vois belle, belle par le cœur, belle par l’âme et ce sont là des qualités qui ne s’altèrent jamais.

Je me réveille à peine d’un trop long sommeil. Tout me semble nouveau, à travers le regard neuf que je pose sur ce qui m’entoure. Surgit du néant, une pensée m’obsède : « qu’est-ce donc que la vie ? Y a-t-il un Dieu au gouvernail ? Suis-je condamnée à continuer à avancer ainsi, sans but, sans espoir ? Ou bien existe-t-il une autre raison plus vitale à mon passage ici-bas ? Je n’ai pas encore trouvé ma réponse, la seule chose qui me fasse encore avancer c’est toi, toi qui de là-haut t’assures que j’ai bien capté le message, toi qui lorsque tu étais encore là, reniais jusqu’à toutes les existences divines. Toi qui as fait de moi une femme totalement athée avant de me convertir dès que tu nous eus quittées. Fallait-il vraiment que  tu m’envoies tous ces signes au risque de me rendre cinglée ? Je n’avais donc plus le choix, il me fallait partir loin de toi pour me retrouver.

C’est donc, ce que j’ai fait, et finalement, je me suis retrouvée attachée à tes pas et à tes convictions. Car je n’en ai trouvé aucune, qui ne me paraisse plus juste et plus admirable !

 

Tu n’avais qu’un dieu, l’homme !

Qu’une religion : aime les autres comme toi-même !

Qu’une vision de l’avenir : ouvre la porte de ton cœur et de ta maison aux autres.

 

Car ce n’est qu’avec une humanité solidaire que le monde pourra continuer. À défaut, il n’y aura pas d’autre alternative que le chaos et l’extinction de l’homme par l’homme.

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2) poème : Mon amour 

 

J’ai déposé au creux de ta main        

Mon cœur libéré, enfin épanoui                    

De tes lèvres chéries, tu m’as cueillie           

Je n’ai plus peur de nos lendemains             

 

La force de ton amour c’est certain              

A fait naître en moi des pensées fleuries      

Plus un regret et plus d’histoires flétries      

Mon âme épanouie s’anime soudain               

 

Que m’importe aujourd’hui d’être dame      

Si c’est sur ton chemin que nous allons        

Près de toi, je sens refleurir mon âme           

Dans tous ces instants où nous parlons        

 

Me voilà une femme nouvelle                      

À jamais, tu es mon unique étoile,                

Celle qui me guide, qui tisse la toile             

Grâce à laquelle, je me sens si belle

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3) Place de la comédie

 

Je m’étais posté là. La terrasse du café était vide. Il faut dire que ce n’était pas un temps à flâner. Le froid s’était emparé de la ville. Peu de gens à cette heure, sur la Place de la Comédie. Le bar était tout proche des trois Grâces. J’observais un groupe de jeunes, sans domicile fixe, qui faisaient la manche auprès des gens pressés qui se rendaient au travail, en ce matin de décembre. Moi, emmitouflée dans mon gros manteau de plumes, mes gants fourrés aux mains, je me délectais de mon café matinal. À sept heures du matin, il faisait encore sombre en cette matinée où j’attendais mon premier client, en retard comme d’habitude.

 

Mais qu’importe, j’aimais ces instants où la ville me semblait tout entière dédiée à mon bon plaisir. Qu’elle était belle à cette heure la place de l’œuf ! Le théâtre, les statues, le parvis tout en granit et marbre resplendissaient sous une fine couche de givre. Je m’amusais à regarder le groupe de gamins qui pour se réchauffer s’amusaient à danser, chanter tout en tendant des mains vers les rares passants. Au bout d’un moment voyant que visiblement mon client m’avait oubliée, je partis rejoindre le magasin « chez Paul ». J’achetai quelques croissants et des chouquettes, puis je retournai vers les gamins. Je leur tendis le paquet et leur souhaitai un bon petit déjeuner. J’eus le droit à un concert gratuit, où ils me chantèrent avec allégresse : « elle est vraiment, elle est vraiment phénoménale, trala la la lère ».

 

Bien entendu, ce fut à cet instant précis que mon client arriva avec plus de vingt minutes de retard et qu’il osa me dire : « Eh bien, je peux toujours vous attendre, je comprends que vous aviez mieux à faire ! » En temps ordinaire, je lui aurais dit d’aller se faire voir chez les Grecs, mais les temps étant difficiles, je fis mine d’être désolée, tandis que les mômes qui m’avaient repérée, seule à la terrasse du café lui répondaient ulcérés : « Eh bien toi mon pote, tu ne manques pas d’air ! »

 

Je ne pus retenir mon rire. Ce jour-là, je perdis un client, mais je me fis une joie sans nom en ajoutant au triste sire, que moi, je l’avais vraiment attendu une demi-heure et que comme ce n’était pas la première fois, désormais, il se passerait de mes services.

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Cette matinée ne fut pas perdue, puisque je profitai de ces moments imprévus pour me promener dans la ville déserte. J’allais jusqu’au Peyrou, je rejoignis le belvédère. Je devrais dire l'aqueduc de la source Saint Clément

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Puis, je lançai mon regard tout autour sur les toits de la ville. Montpellier à cette heure matinale était magnifique. Grâce aux édits royaux de 1775 et 1779, la hauteur des constructions avaient été limité tout autour, ce qui offre depuis le Peyrou une vue magnifique où rien ne vient altérer l’horizon.

Je retournai lentement vers ma réalité et mon travail. Je descendis l’allée bordée des immenses magnolias, je passai devant Louis 14 à cheval sur son fier destrier, puis sous l’Arc de triomphe, devant le tribunal de commerce et enfin j’attaquai la descente de la rue de la loge à travers les boutiques du centre-ville. Lorsque je rejoignis enfin la place de la Comédie, mes joyeux drilles avaient quitté l’endroit, sûrement pour se mettre au chaud. Le tramway déversait des flots de travailleurs pressés qui courraient plus qu’ils ne marchaient pour ne pas perdre de temps. Le temps, toujours là celui-là. Je continuai à mon rythme en total décalage avec cette humanité grouillante.



11/12/2013
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