Maridan-Gyres

Ce matin il faisait plutôt beau lorsque j’ai proposé à Rose une sortie en mer.

Je suis habitué à naviguer puisque mon père m’initie depuis mon plus jeune âge, mais je suis censé lui demander la permission or cette fois, je n’en ai rien fait.

Je suis tombé amoureux et je n’ai pas très envie d’en parler…

Papa est reparti à Paris hier pour le travail et nous restons à Bréhat tout le mois d’août avec maman et Jules, mon petit frère.

Nous avons prévu de contourner l’île, de déjeuner et de nous baigner puis de rentrer en fin d’après-midi.

Rose est arrivée à l’heure dite et nous avons embarqué. Je l’ai rencontrée au bal du Quatorze juillet. Elle était avec Paul, mais elle avait l’air de s’ennuyer, je devais la regarder avec insistance car elle a tourné son regard vers moi, un sourire a éclairé son visage et je l’ai trouvé assez jolie, un je ne sais quoi qui attire l’œil. Nous nous sommes recroisés le lendemain au port et nous avons un peu discuté puis nous nous sommes donné rendez-vous le lendemain et les jours suivants. Je pense qu’elle m’apprécie aussi.

Elle avait l’air super contente de cette balade en mer. Pourtant maintenant que le vent s’est levé, que la pluie nous fouette le corps et le visage et que le bateau ne cesser de pencher, je vois de la haine dans son regard. Je tente de la rassurer, mais je ne suis pas fier de moi et mes tentatives pour regagner le port n’aboutissent pas.

Tout à coup, contre toute attente le vent retombe et nous rentrons enfin, soulagés que tout se termine bien. Je ne suis pas près de repartir à l’aventure pour épater une copine. Quant à Rose je crains de ne pas la revoir de sitôt, on dirait une furie plus déchaînée que la mer tout à l’heure…

En regagnant la location, je croise Noémie la servante de la villa d’à côté, elle n’est pas mal non plus…Mais là je suis tout retourné par le stress et je n’ai qu’une envie, rentrer et prendre une bonne douche. Je gravis l’escalier quatre à quatre, je dégringole et je me retrouve dans le hall sans avoir compris ce qui m’arrive ! Maman arrive en courant et me voit étalé et à moitié estropié.

 « Mais qu’est-ce qui s’est passé » ?

« Je me suis pris les pieds dans ma combinaison et patatras » !

« Mais je t’avais dit de mettre la lumière, il fait trop sombre ici ! Comment ça va, mon grand ? » 

Je suis un peu étourdi : « Je m’en tire plutôt bien je crois, quelques éraflures mais rien de cassé » dis-je en m’examinant rapidement.

Bon maintenant, repos et lecture.

Maman me prépare un bon goûter comme quand j’étais petit, c’est agréable de se faire bichonner même à quinze ans ! Je ne vais pas me vanter d’être sorti en mer… Et avec le bateau en plus !

« Vous avez vu la mini tempête ? Nous demande Jules qui vient de rentrer.

« On s’est tous réfugiés sous le préau géant de l’école et la structure en bois menaçait de se casser la figure » Il ne semble pas affolé, tout est bien qui finit bien.

« La Mairie envisage de reprendre l’ossature car on a bien failli se la prendre sur la tête !

Il était livide le maire, vous imaginez… »

Quelle journée, on ne risque pas de l’oublier !

D’autant que le lendemain Rose s’est excusée.

Elle a reconnu que c’était très inhabituel et que rien ne laissait présager ce coup de vent, mais surtout qu’elle avait eu très peur et là, elle m’a pris dans ses bras.

Adelinade