Atelier 8 - 2022 - sujet 1
C’est un objet que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître, mystérieux, pas du tout gracile.
C’est un pot de chambre en émail de la taille d’un seau muni d’un couvercle. Caché, car coupable, il recevait toutes les misères du monde, il en a vu s’asseoir des lunes rondes, joufflues, tristes. Objet très utile au demeurant, mais honteux. Aussi, il fallait choisir un endroit où le cacher : derrière une porte ou les tentures des fenêtres.
Parfois la nuit, c’était une aventure, on l’entendait grincer sur le sol puis le bruit du couvercle rabattu. Au matin, il était suspendu et vidé à l’extérieur de la fenêtre : la conduite d’égout se trouvait là, elle grimpait le long de la façade s’arrêtait à chaque étage au niveau des fenêtres où elle s’ouvrait en entonnoir recouvert d’un couvercle muni d’une poignée.
La journée il fallait s’isoler afin de pouvoir l’utiliser, en prenant soin de ne pas se faire entendre.
Dans certains villages de l’intérieur de la Corse, il n’y avait même pas d’égout, il fallait se rendre dans la nature pour le vider : c’était un véritable voyage, une épopée. Parfois il arrivait que les gens se croisent sur le chemin. C’était naturel personne ne s’en offusquait.
Aujourd’hui il fait partie du passé et malgré son usage scatologique, non sans une pointe d’humour, je dirai qu’il pourrait se vendre cher dans une brocante : les gens étant toujours attiré par les objets les plus insolites.
Raconter cette anecdote de nos jour à un ami de votre enfant, il penserait que vous avez une imagination phénoménale.
Romantini
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