Maridan-Gyres

Ohé les jeunes !

Les vieux ne sont pas nés vieux.
Les voyez-vous  se tenir par la main ?
Pudeur gênée s’ils échangent un baiser ?
Pour en arriver là, ils ont dû faire un sacré chemin !
Ne les regardez pas comme des ovnis !
Ils ne savent pas tout, mais vous ont tout appris…
Hier fée du logis,
aujourd’hui sorcière dans sa chaumière.
Hier souris verte qui courrait dans l’herbe,
aujourd’hui rat des champs qui n’a plus de dents.
Hier teint de porcelaine,
aujourd’hui de pomme reinette.
Hier cuisse  fuselée,
aujourd’hui de cellulite enveloppée.
Hier tablettes de chocolat,
aujourd’hui moelleux au chocolat.
Hier marathonien,
aujourd’hui promenant son chien.
Hier amateur de disco,
aujourd’hui transpirant sur un slow.
Hier  activités coordonnées
pour gagner du temps,
aujourd’hui activités multipliées
pour combler le temps.
Hier toujours jamais là,
aujourd’hui souvent toujours là.
Hier les vieux c’étaient les autres,
aujourd’hui,  eux sont partis.

Mais chez les vieux d’aujourd’hui,
l’œil a au fond de lui
la petite étincelle
une véritable merveille
qui brille sans vaciller
grâce à tous ces souvenirs accumulés.
La gourmandise est toujours d’actualité.
La descendance  attentionnée
les enveloppe d’une onde ouatinée,
Qui garde  au chaud le cœur dans leur poitrine
leur évitant ainsi les coups de déprime.
Leur amour maladroit déverse sans compter
autour d’eux ce trop plein de chaleur,
destiné à chasser de  la vie les lourdeurs.
L’extase devant un sourire d’enfant,
une fleur des champs,
le plumage coloré d’un  oiseau
ou le chant d’un ruisseau,
rejettent  au loin
douleurs et soucis quotidiens…

Parce que,  voyez-vous, 
pour qu’aujourd’hui vous soyez,
il fallut bien qu’hier ils fussent….

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