Atelier 6 - 2021 - sujet 3 - Voyage d’un monde à l’autre
Voyage d’un monde à l’autre
Je suis sortie d’un tombeau il y si longtemps, par une nuit des morts vivants, quand la lune est si blafarde que le visage de la mort nimbée de lueurs fantomatiques se montre et crache sa hargne sur les tombes. Elle est en furie à chaque bataille perdue contre la vie, mais ne montre sa colère qu’une nuit par an.
Elle laisse alors laisse s’échapper des hurlements que seules certaines âmes errantes entendent.
Si l’une d’elles réussit à renouer avec l’élan de vie, elle se réincarne.
C’est aussi improbable que gratter une allumette sous la pluie et voir la flamme s’ouvrir comme une fleur.
He bien, j’ai eu cette chance.
Une chance ?
J’ai longtemps marché sur une passerelle de bois aérienne accompagnée par un dragon ailé, qui, depuis des millénaires, conduit les sorties d’outre-tombe dans l’immensité des espaces à traverser. Puis, il s’enfuit en lançant des flammes qui embrasent la passerelle et jette le corps vivant vers un nouveau destin. C’est ce qui m’arriva.
Je me retrouvai allongée, mouillée, j’avais peine à respirer, à travers un brouillard je distinguais vaguement un visage au-dessus du mien, une lumière bleue comme le ciel, un éclat blanc et je sentais légèrement une main sur la mienne.
Je percevais des sons venus d’un écho lointain.
Je revenais à la vie comme rescapée d’une noyade.
Je me suis réveillée sur un voilier rouge, dans la clarté d’un jour de soleil où des flots de nuages gris rosés se reflétaient dans la mer lisse, miroir d’un paradis.
Tu m’es alors apparu comme un miracle.
J’ai croisé ton regard étoilé et ton sourire enfantin. J’ai simplement dit merci.
Je me rappelais ce mot : Merci
Tu m’as ramenée vers une contrée ou la mer côtoyait de vertes vallées, je n’avais jamais connu ces paysages. Tu m’as appris à voler comme les oiseaux à regarder le monde de si haut que j’en avais le vertige et tu riais de mes peurs.
Tu me promettais chaque matin que ce monde serait toujours le nôtre que rien ni personne ne l’abimerait, qu’il suffisait que nous restions tous deux.
Je ne connaissais plus que toi.
Un jour tu as voulu faire des voiles de ton bateau une robe pour que je danse avec toi et je me suis enivrée dans tes bras. Nous nous sommes embrassés et enlacés des nuits entières.
J’ai côtoyé tant de merveilles, des fleurs de ciel, des papillons marins, de flammeroles parfumées, ton cœur chantait comme le mien.
Aujourd’hui je regarde le monde dévasté. Ils n’ont pas su l’aimer, le respecter, le protéger, ils ont
provoqué la fureur des éléments.
Je t’ai perdu sur une de ces planètes qui ont roulé sur la nôtre, j’ai vu s’éloigner les continents comme rétrécis sur une mappemonde et tu as disparu avec elle.
Je suis seule. Je ne sens pas le froid. Je vois les roches tordues d’horreur, et me voilà dans ma robe rouge sortie du bal de la dernière heure, seule survivante dans ce chaos.
J’implore le pardon du Cosmos pour tous ceux qui l’ont violenté.
J’implore la mort de me reprendre. Sur quel bateau es-tu ? Me sauveras-tu encore ? Recommencerons nous « le premier jour du reste de notre vie » dans un ailleurs d’amour et de lumières ?
Voyage d’un monde à l’autre. – Poème inspiré par les 5 images.
La Lune blafarde nimbe la faucheuse grimaçante,
La nuit des morts vivants aux lueurs inquiétantes
Eclairent les crucifix des caveaux délaissés
Les âmes des défunts volent déboussolées
Les cris de la camarde les condamnent à errer.
Je sors de mon tombeau, glacée, échevelée
Je marche dans le noir quand un dragon ailé
Me saisit et m’emporte dans le ciel tourmenté
Me lâche sur des nuées baignant dans la clarté
Et je pose mes pieds sur des lamelles de bois
Je marche vers l’infini où des oiseaux tournoient
Je scrute le lointain, tremblante et apeurée
Puis je tombe aspirée par un souffle puissant
Je traverse mille lieux d’espaces inconnus
Et entre foudroyée dans des flots rugissants
Qui m’avalent, m' emportent et me rejettent nue
Près d’un bateau fragile, voiles rouges, coque noire
Quelqu’un m’attire à bord, je vois son allumoir
D’une étoffe douillette, il réchauffe mon corps
Et sèche mes cheveux. Par les vagues bercée,
Je sombre dans le sommeil, épuisée, dorlotée,
Et quand je me réveille je vois luire l’aurore
Tu m’emmènes loin des eaux dans de vertes vallées
Tu m’apprends à voler au-dessus des collines
Tu ris de mes frayeurs, dans tes bras enlacée
Je vogue et me balance, petite figurine
Passent les jours sans heures, tu m’emmènes danser
Au bal de lucioles, des muses et des fées
Mon cœur bat dans le tien, Es-tu ange gardien ?
Sommes-nous éternels ? Et ne faisons nous qu’un ?
Tout à coup des fumées, des déserts, des famines
Mille calamités furieuses et assassines
Montent nous oppresser, ruinent notre prairie
Des sphères colorées fuient notre galaxie
Je te perds dans ce vent qui disperse tes cendres
Et seule je me retrouve dans un monde difforme
Perdue dans les décombres, je refuse d’attendre
Je rejoindrai ma tombe, qu’un soupir m’endorme !
Clohe
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