Atelier 3 - 2020 - 1er sujet le conte
Il était une fois Flora et Florine fées du printemps, mi fleurettes, mi papillons, posées sur les pétales d’une grande fleur de lotus sacrée nourrie par la terre magique d’une souche argentée.
Elles rêvaient à la lueur de leurs lanterneaux à l’huile de « canistel ». La végétation serpentait, s’enroulait, se déroulait et dansait. La nuit était si claire que des bulles de parfum brillaient en s’élevant vers le ciel.
Elles venaient d’inventer une recette : Mélanger une pincée de pluie, de gaies couleurs et des parfums suaves pour créer une maison du soleil et ses ornements fleuris pour les fiançailles de leurs tendres amis : Valentine aux yeux de miel, aux cheveux ambrés, aux rondeurs laiteuses et tendres (qui faisaient baver les ogres) et Valentin avec son sourire enfantin et son regard couleur menthe à l’eau.
Ces deux-là s’étaient connus dans la forêt au cours du sauvetage d’un faon maladroitement blessé par un chasseur. Valentine avait recousu délicatement les plaies, Valentin de ses mains magnétiques avait ôté la douleur et hâté la guérison.
Depuis ce temps Frérot, le faon, grandissait et vivait avec Flora et Florine et les deux sauveteurs tombèrent amoureux. Ils ne se quittèrent plus.
Donc pour leurs fiançailles, les deux fées avaient souhaité leur offrir un logis de paix et de poésie où ils pourraient s’aimer à loisir.
Un Elfe avait sculpté des branches tombées au sol pour faire un fauteuil destiné à l’un ou l’autre visiteur fatigué d’une longue marche qui trouverait là un havre reposant et une compagnie chaleureuse.
Les oiseaux chantaient depuis le matin des mélodies d’amour. Il suffisait que Frérot, en gardant le secret, aille récupérer Valentine et Valentin qui gambadaient près de l’étang aux nénuphars, et, tous, iraient sur le lieu enchanteur.
Mais, pour l’atteindre, il fallait passer par le chemin des montagnes aux pics et aux dents de pierre et devant la demeure lugubre de la Stryge*.
Parfois, elle sortait et capturait les fées ailées, les elfes, et tous les êtres comestibles qui s’aventuraient devant chez elle pour nourrir sa horde de dragonnets.
C’est sans compter sur l’ingéniosité de Flora et Florine assistées de Frérot qui connaissait tous les bouquetins. Ces derniers habiles dans tous les reliefs hostiles vinrent chercher les amoureux en tirant un léger traîneau. Flora et Florine voletaient, et Frérot suivait sans se presser pour ne pas abîmer ses sabots mais point inquiet, il avait l’habitude.
La Stryge* aux oreilles et au nez ultra sensibles sentit que quelque chose se passait dans ses environs, elle sortit, telle une furie, et voulut se précipiter derrière le petit cortège salivant déjà à l’idée de son repas, mais une avalanche de pierres déclenchée par les bouquetins sentinelles la brisa en mille morceaux et les dragonnets assourdis par le vacarme et asphyxiés par la poussière restèrent paralysés.
Nos voyageurs, eux, avaient dépassé la zone de danger et apercevaient déjà dans un gros cœur de lumière la maison du soleil. Serait-ce le jour de la Saint Valentin ?
*Stryge : démon femelle ailée mi femme, mi oiseau qui pousse des cris perçants.
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