Maridan-Gyres

Si j’étais une saison, je serais l’hiver, je tricoterai sans fin une écharpe douce et colorée de vert et blanc. Puisant dans la forêt les couleurs avec mes aiguilles. Pour toi mon amour.

Si j’étais un tableau de maitre, je serais « l’été » de Guiseppe Arcimboldo pour que ceux que j’aime me croquent, me picorent, me dévorent, qu’ils s’emplissent de moi, mais plus belles mures, les plus beaux raisins seront bien sûr pour toi mon amour.

Si j’étais un animal, je serais un flamant rose pour la délicate parade amoureuse que nous dansons au printemps toi pour moi, moi pour toi mon amour.

Si j’étais un arbre, je serais un bouleau à l’écorce blanc rosé, et en avril revenu je me parerai de chatons légers et duveteux pour toi mon amour.

Si j’étais un bonbon, je serais un anis de Flavigny rond et blanc poudré. Je cacherais au profond de mon cœur un minuscule grain d’anis vert. Pour toi mon amour.

Si j’étais un lieu il serait secret, il abriterait nos rencontres. J’y viendrai à la nuit tombée vêtue de ma robe couleur de lune cuivrée. Pour toi mon amour.

Si j’étais un plat je serais léger et coloré comme un carpaccio de rougets au basilic. J’aurai cueilli le matin dans notre jardin quelques brins de l’oranger des savetiers pour toi mon amour.

Si j’étais une pierre, je serais un simple caillou de bord de chemin, ou plutôt de bord de ruisseau qui coule entre deux collines couvertes de fleurs. Je me ferais doux, rond, et accueillant pour toi mon amour.

Ivoleine