Maridan-Gyres

J’ai mis tous mes espoirs en toi, ma fidèle compagne. Je n’ai plus de doute. Tu as su agrémenter chacun de mes jours de ta tendre présence et de ton grain de folie.

Au début, je t’ai détestée pour cette folle cavale dans laquelle tu m’entrainais inexorablement. Puis à force d’indices placés sur notre route, j’ai enfin compris ce que tu me cachais depuis si longtemps. L’amour fou qui te liait à moi. Nous nous sommes mariés le troisième mois de notre voyage dans une petite église montagnarde. Tu avais tout prévu. Jrétais l'homme le plus heureux du monde.

J’avais toujours fait preuve d’indépendance et aujourd’hui, je ne suis plus qu’une âme en peine. J’ai compris que l’amour excuse tout et c’est sans doute pour cela que je passe régulièrement fleurir ta tombe.

A chaque fois que je vois cette magnifique photo que j’ai faite de toi, lors de notre dernier voyage, je me repasse en boucle tous ces moments féeriques passés ensemble.

Tu m’avais demandé de prendre une année sabbatique pour faire le tour du monde et dès notre retour tu avais disparu. J’ai passé trois mois à me repasser notre escapade en boucle sans comprendre ce que j’avais loupé.

C’est ton médecin qui m’avait appelé parce qu’il s’étonnait de ne pas t’avoir revue. Il m’avait expliqué ta terrible maladie, celle de Charcot, et le délai qu’il t’avait laissé pour une vie « normale ». Quinze à dix-huit mois, tout au plus avant la perte d’autonomie.

Et puis, ce matin, ta mère m’a apporté ta lettre avant l’incinération. Je t’en veux, mon ange. J’étais assez fort, j’aurais pu t’accompagner. Tu es partie seule, et les mots de ta lettre, même s’ils sont magnifiques ne peuvent remplacer la perte de ces quelques mois où j’aurais pu encore être là pour toi.

Je t’aime aujourd’hui encore et à jamais, je sais que nous nous reverrons.

Marc H.