Atelier 3 - 2021 - sujet 1 et 2
L’absence
Illustration : Madeleine Ossikian
Absente… Absente disaient-ils en parlant d’elle entre eux. Mais que savaient-ils, ces sots, ces bien-pensants de l’absence ?
Que savaient-ils des regards qui fuient le votre quand vous osez les affronter ?
De leurs mots de bravaches qui ne sont qu’illusions tant ils ne maitrisent rien ! Elle, elle avait préféré fuir la terre de ses ancêtres de peur de sombrer dans la démence et de commettre l’irréparable.
Arrivée en France, elle avait commencé par réapprendre à vivre sans jeter sans cesse des coups d’œil inquiets derrière elle. Le temps avait passé et les fantômes d’hier ne la tourmentaient plus. La douleur de l’absence s’était faite plus douce. Il lui arrivait de nouveau, parfois, de rire devant les étourderies de sa petite fille.
Puis le 11/09/2001, un matin comme un autre, elle avait vu l’impossible se produire. Tous leurs discours véhéments, n’avaient pas réussi à l’émouvoir. Leur ingérence dans les états, pour des raisons qui n’avaient rien d’humanitaire, avait conduit à cette horreur.
C’était toujours les innocents qui devaient payer les dégâts. La vague d’attentats qui avaient suivi avait fait de nombreuses victimes. La misère que les grandes puissances infligeaient aux pays qu’elles tentaient de manipuler ou dont elles voulaient prendre le contrôle avaient fait naître toutes ces horreurs.
Son mari la savait bouleversée alors il la sortait de plus en plus souvent. Le 13/11/2015 lui et sa petite fille avaient disparu dans l’attentat du Bataclan. Elle aurait du être avec eux, mais elle était malade et c’est le fils de la voisine qui y était allé à sa place. Il avait survécu, mais pas sa famille.
Elle avait retrouvé la brume qui obscurcit l’esprit. Celle qui éloignait la forêt dense de ses angoisses. L’espérance était morte à nouveau devant la montée du racisme qui enflammait sa terre d’adoption. Elle avait vu les politiques graisser leurs armes et la fange s’était répandue dans tout le pays. Cela faisait trop longtemps qu'elle tentait de survivre.
Hier, en écoutant les informations, elle avait appris que le monde libre abandonnait les Kurdes qui avaient si vaillamment combattu contre le terrorisme. Aujourd’hui c’était décidé elle allait rejoindre les siens. ceux d' Arménie et ceux de France. Elle ne voulait pas assister au dernier acte. Ce monde n’était plus pour elle. Elle en avait assez vu !
Elle avala les comprimés qu’un ami lui avait procuré avec un verre d’alcool. Il lui avait promis que ce serait rapide et sans douleur.
« J’arrive mes amours, venez m’accueillir »
Marc H
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