Maridan-Gyres

Le défi d'Anh

L’été a été chaud, trop chaud. Bien trop torride pour apprécier le gag stupide de Gilles. Tôt le matin, il a placé un ballon remplit d’eau sur la porte du salon. Quand Ana a ouvert la porte, le ballon s’est écrasé sur elle.

Ses cris, ajoutés  à ceux de son ara, m’ont percé les tympans. Le volatile s’est agité non-stop en battant furieusement des ailes.  

Gilles, vexé par nos réactions, a attrapé son bob et a couvert la tête de son perroquet pour le calmer. L’animal s’est alors mis à vociférer : « Sus au scélérat ! Cette ère sera celle de ma colère ici et maintenant  ! »

Cela a détendu l’atmosphère et nous avons beaucoup rit. Finalement, l’oiseau s’est échappé et s’est retrouvé coincé dans le sas de la cuisine. Impossible de l’approcher, car ses serres nous auraient salement griffés. Si Gilles n’avait pas réussi à coincer l’animal, nous y serions sûrement encore.  Mon restaurant sis au 6 rue de Marcampoix m’attendait déjà.

Le calme revenu, j’ai repris mon service, tandis qu’une serveuse arrivait en pleurant. Du coup, j’ai choisi de délivrer le second plat moi-même. A peine arrivé, le malotru m’a interpellé   :

« J’eusse aimé que vous essayasse de me servir en temps et en heure  ! »

Devant la mauvaise volonté de cet individu, et sa façon si coincée de me parler, je n’ai pu retenir un éclat de rire et je lui ai répondu 

:

« Quant à moi, mon cher monsieur, plutôt que ressasser les 1001 façons de vous sortir de mon établissement, je me contenterai à la façon de Monsieur Jean-Paul Sartre de vous répondre que dans la vie on ne fait pas ce que l’on veut, mais qu’on est responsable de ce que l’on est    ! Et ce que vous êtes   est  indésirable dans  mon restaurant. C’est pourquoi, je vous offre ce que vous avez consommé et vous invite à quitter les lieux  ! »

Et c’est ainsi que ma petite serveuse ravie l’a raccompagné jusqu’à la sortie en souriant.

Maridan