Atelier 20 - 2019 - Sujets 2 et 3
Sujet 2 : La PAREJA – PICASSO.
Ils sont arrivés là, épuisés de longues marches, dans le froid, sous la pluie, dans le vent qui flagelle le visage, les mains, brûle les yeux de ceux qui n’ont pas un bon manteau, des gants fourrés et une écharpe de laine. Qu’ont-ils mangé depuis des jours ? De la soupe claire de pain quand les fermiers ont bien voulu entrebâiller leurs portes, ou plutôt celles de leur granges. Juste une paillasse et un bol fumant. Presque un luxe.
Ils ont fui incessamment les terres qui ne veulent pas d’eux. Ils sont les « étranges étrangers », proie facile des prédateurs humains. Quand on ne les tue pas avec des pierres ou un fusil, on les tue par indifférence, par laisser faire, par lâcheté, parce que la peur imbécile trouve toutes les armes pour abattre le « mammouth » qui n’existe pas. Il est seulement dans la pauvre tête des ignares, des frileux, de ceux dont les battements mécaniques du cœur résonnent sans amour.
Ils sont arrivés là dans cette ville glacée, tous deux hagards, tolérés, pour combien de temps ? Jusqu’à ce que les âmes assassines prennent le pouvoir… Aucun sourire n’a croisé leurs regards.
Ils sont entrés dans cet endroit sinistre, se sont assis serrés l’un contre l’autre, économiser le peu de chaleur de leurs corps. Quelques piécettes trouvées sur la route permettraient de boire un café, un seul, mais personne ne vient leur demander s’ils veulent quelque chose… alors ils restent là, muets, les yeux baissés, démunis, oubliés, humiliés, silhouettes décharnées que la mort guette, insatiable, affamée de pauvreté… Elle patiente, elle sera victorieuse comme toujours.
Sujet 3 – Dialogue-Le Mariage - Père/Mère/Fille.
Le Père : Epouser ce rustre qui passe ses soirées à boire avec ses copains du village ! Tu n’y penses pas ma fille !! Jamais, tu m’entends jamais, il ne rentrera chez nous !
La Mère : Ton père a raison, tu les vois en toutes occasions hanter les buvettes, dès qu’une fiesta est annoncée ils sont les premiers arrivés, ton chéri en tête, et tu voudrais qu’on soit d’accord pour que tu « t'acoquines » pour la vie avec lui ?
La fille "Nénette" : Mais vous jugez sans savoir, vous n’y allez jamais aux fêtes, vous n’écoutez que les racontars, "Duduche", il boit à l’occasion…c’est tout, et il est prudent sinon.
Le Père : à l’occasion ! Prudent ! Tu appelles ça "à l’occasion et prudent" ! Il a perdu 6 points de permis pour alcoolémie, c’est ta mère qui me l’a dit et qui le tient de Thomas de la supérette, alors tu vois que c’est pas du racontar !
La Mère : et non seulement pour alcoolémie, mais il y a un an il a eu une suspension de 6 mois pour excès de vitesse sur le D 459, 180kms/heure pour 80… tu t’es amourachée d’un pauvre bougre inconscient, tu t’en rends compte ? Mais qu’est-ce que tu lui trouves ? Il a même pas d’allure avec son froc en bas des fesses…
La fille "Nénette" : Vous ne voyez que ces 2 bêtises. Il est travailleur, par tous temps, il est sur les routes à déneiger l’hiver, à refaire le bitume l’été, il est chef d’équipe quand même! Il a 5 gars sous ses ordres ! Moi il me rassure…et son froc comme tu dis c’est la mode, il est pas le seul, c est pas vous qui le portez ! Moi il me plait comme ça…
La mère : He bien à la tienne ! C’est sûr, je risque pas de mettre ça, ni ton père, on croirait qu’ils ont fait dans leurs culottes ! 5 gars sous ses ordres ! Qu’est-ce que ça prouve ? Ils sont tous plus fainéants les uns que les autres, y a qu’à voir les pauses qu’ils prennent avec les gars de la commune affalés sur leurs outils…
Le père : 5 gars ! pour boire l’apéro, ça c’est béton ! Pour faire avancer les chantiers c’est une autre paire de manches, de toutes façons c’est NON, pas de mariage, j’ai honte pour toi quand tu te trimbales avec lui dans les foires, les brocantes et toutes ces « amuseries » à perdre ton temps.
La fille "Nénette" : Et bien justement, il est très sympa, pas radin, il m’achète toujours quelque chose, une fringue, un bijou, un objet qui me tente, il est beaucoup plus attentionné que ce que vous ne croyez ! il me raccompagne en voiture, il vient me chercher quand il pleut, il m’apporte des gâteaux, il est amoureux et moi aussi !
Le père : Mais il t’achète ma pauvre fille avec trois bricoles et quelques simagrées et tu n’y vois que du feu, tu verras à la longue si la chanson sera la même…sûr tu l’intéresses, tu es la plus belle fille de la commune, la plus naïve aussi et pas dans le besoin grâce à nous…
La mère : Hou vous me fatiguez tous les deux, j’aimerais bien qu’on passe à table, si on peut laisser le sujet pour ce soir…après tout tu t’en mordras les doigts assez vite si tu l’épouses, je jette l’éponge…
Le père : Non mais tu délires ! Tu la laisserais faire une bourde pareille ? Si elle l’épouse, elle part de la maison et n’y remet plus les pieds, pas un sou elle aura, pas un sou, et je ne parlerai jamais à son « buveteux »… Sur ce, la mère, sers moi un coup de rouge que je trinque à ma santé ! Et toi Nénette apporte la soupe ! Les parlottes ça creuse et ça assoiffe.
Claudine.
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