Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 2 - 2020 - sujet 2

Image1.png

« Un peu de la vie de Mouchette» *

                       

Mouchette n’aime pas l’école, ni ses camarades. Quand enfin sonne l’heure du départ,  elle  se précipite vers le chemin des bois pour courir à sa guise, un peu de liberté avant de rentrer à la maison. Elle arrive souvent crottée, ses bas de laine trempés, des accrocs à sa robe noire de grosse cotonnade.

 

Dès qu’elle franchit la porte, son père les yeux injectés de sang l’insulte et la frappe, la mère reste dans la cuisine délabrée sans dire un mot, elle a son compte de sévices  pour un peu de sel manquant dans la soupe ou une  chopine de vin vide.

                                                    Image2.png

Mouchette prend sa raclée et comme à chaque fois se réfugie sous l’escalier, entoure ses jambes avec ses mains et les pose bien à plat comme un cataplasme sur ses coups.                                                             

 

 Elle reste les yeux secs, la haine au cœur pour son alcoolique de père mais rien, ni personne  ne  l’empêchera de suivre la rivière, de regarder l’une ou l’autre couleuvre glisser sous les cailloux, disparaître sous le sable, de s’amuser des écureuils acrobates, et de compter les pièges du braconnier pour essayer de récupérer les peaux de lapins, les vendre et se faire quelques sous, pas des milliers juste quelques unités, comme les derniers chiffres sur le tableau de calcul. Ça elle l’a retenu.   

                                            Image3.png

                                                                             

En général le père vociférant repart pour le café et Mouchette sort de son  coin pour aider  au souper. Sa mère affaiblie, fragile comme une poupée de porcelaine, encore un nourrisson dans les bras traîne sa misère depuis de longues années. Parfois si rudoyée que le prêtre, le maire même, sont venus essayer de raisonner sa brute de mari, mais aussitôt repenti aussitôt récidivant… il souffre d’une distorsion d’âme, dit le docteur. D’aucuns disent qu’il faudrait l’enfermer ou lui enfoncer une flèche dans le cœur.

 

 

Qui regardant une telle scène, se sent  philanthrope  peut  avoir envie de mettre  Mouchette et sa mère hors de portée de ce violent personnage, mais, voyez-vous, « chez ces gens-là, Monsieur, on ne s'en va pas, On ne s'en va pas, »      * *    On reste …

 

Claudine

 

* « Petit récit fiction » adapté librement  de « la nouvelle histoire de Mouchette » de Bernanos et du  film « Mouchette » de Bresson. Illustrations extraites du film.

      * *  (ces gens là – J Brel)   Cliquez sur le lien pour l'écouter



25/01/2020
9 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 487 autres membres