Atelier 14 - 2024 - Sujet 4
1ère nuit dans une nouvelle maison
Ça y est, le camion de déménagement est parti, les pièces sont envahies de cartons, de mobilier posé au petit bonheur la chance en attendant une bonne place dans la nouvelle maison.
Un petit rangement pour ce soir, un repas rapide je pose un matelas par terre pour dormir, me reposer et réfléchir. Demain, il fera jour.....
Cette petite maison de pierre au coeur d’un village, avec son jardin ensauvagé qu’il faudra apprivoiser, je la cherchais depuis longtemps. Lors d’une balade dans la campagne ardéchoise, au détour d’un chemin est apparu ce charmant village aux maisons de pierres et toits de lauzes. Le calme qui y régnait avait tout pour me plaire. En faisant le tour, une petite maisonnette était disponible à la vente.
Une visite où j’ai au l’impression d’être déjà chez moi a conforté ma décision, je signe et me voilà en cette soirée estivale regardant les étoiles par la fenêtre dont je n’ai pas fermé les volets.
Une tasse de tisane à la main, calée dans mes oreillers, j’écoute des bruits inconnus de moi, le vent dans les branches d’arbres, des froufrous furtifs dans l’herbe haute, J’observe ce ciel empli de myriade d’étoiles que l’on ne voit plus dans nos villes éclairées.
Le sommeil vient, et j’entends comme un murmure venant de je ne sais où, ou plutôt avec l’impression qu’il vient des murs comme s’ils voulaient me parler.
Je me laisse bercer par ce doux chuchotement, j’attends... attentive je distingue les mots et j’entends l’histoire de la maison.
« Regarde ces murs de pierres et ces poutres noircis poêle à bois, tu penses au travail à fournir pour les récurer .... Ce n’est pas de la saleté crasseuse mais la marque du temps, des feux de cheminées et des bougies puis des lampes à pétrole et du poêle à bois. C’est le signe de la vie ancienne, celle des familles qui ont vécu là depuis des siècles.
Eh oui, je suis bien vieille de plusieurs centaines d’années et toujours debout, bien solide sur mes bases. Aucune crainte à avoir de ce côté, je peux durer encore longtemps pour peu que l’on prenne soin de moi.
Ah j’en ai vu passer du monde et des modes. De la robe longue de et du bonnet de dentelles au short et casquette ; certaines tenues plus ou moins élégantes.
J’ai entendu le bruit des pas sur les planchers, léger celui de l’enfant, lourd pour l’aïeul avec sa canne, fatigué celui du père rentrant des champs ou de l’usine.
Et toutes ces femmes courbées devant l’âtre ou plus tard sur le poêle pour cuire la soupe, à genoux récurant le sol, ou assise à la table pelant les pommes de terre.
J’ai connu des années fastes et d’autres de misères, la paix et les soudards en temps de guerre. J’ai vu passer des milliers de saisons, pluies rares ou trop abondantes, neige lourde qui pesait sur mes lauzes qui n’ont jamais cédé.
Beaucoup d’enfants ont joué dans ce jardin, au cerceau ou à la balançoire – tiens il faudrait peut-être en remettre une ? – aller dans le grenier se cacher ou bien ouvrir de vieilles malles. Il y a bien longtemps qu’il n’y a plus de rires d’enfant dans cette maison....
J’ai vu et entendu bien des secrets, violence parfois, tromperies, trahisons qui sont bien à l’abri sous ce toit.
Toi qui arrive, tu seras ma nouvelle histoire, tu seras heureuse ici car malgré quelques aléas c’est une maison où le bonheur a toujours eu le dernier mot.
Bienvenue chez toi. »
Le soleil levant, le pépiement des oiseaux et le chant d’un coq au loin m’ont réveillée reposée, me demandant si j’avais rêvé ou si j’ai bien entendu la maison me parler. Mais je sens toujours des ondes positives ici. Il est temps de s’approprier les lieux, et ensuite de chercher l’histoire de cette maison.
Pivoine
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