Maridan-Gyres

Seul au monde

 

Assis tristement sur un banc, les deux mains posées sur sa canne, un vieil homme commence à se désagréger. Dans cet environnement sombre et silencieux, les seuls points lumineux sont ses illusions perdues qui s’envolent dans la nuit.

Il se souvient comment tout a commencé. C’était... Il ne sait plus quand exactement, quelques jours, semaines ou mois... Le temps s’est délité.

Au commencement, dans la mégapole embrumée, enfumée, sale, bruyante, hommes et femmes se mouvaient rapidement vers leurs obligations, sans un regard autour d’eux, sans prêter attention à leur environnement machinalement ils avançaient,

Un matin, dans cet épais brouillard une boule lumineuse apparut et embrasa le ciel. Surpris, les Hommes levèrent enfin les yeux devant cette apparition qui palpitait et grossissait au fur et à mesure qu’elle s’élevait dans les airs.

Ce cœur rouge vivant les attirait, les happait. Un, puis deux, puis trois... Et dans dans un réflexe pavlovien la multitude se rue et s’engouffre dans cette sphère qui leur ouvre grand la porte. Personne ne se pose de question, tous se bousculent pour entrer plus vite. Un troupeau oublieux de tout sens critique, de toute réflexion, prêt à tout pour accéder au bonheur habitués qu’ils sont tous à suivre la dernière idée farfelue à la mode, le dernier « pape » du bonheur.

Que sont-ils devenus ? Nul ne le sait..... Ils se sont évaporés, liquéfiés dans l’infini.

Seul, notre vieil homme sur son banc n’a pas suivi le mouvement. Avec ses illusions perdues, son corps qui se délite peu à peu, il sait que sont temps est compté.

Alors il laisse sur le sol une dernière loupiote lumineuse qui contient toute l’Histoire...... Celle des Hommes qui se sont perdus. Il laisse ce témoignage pour ceux qui viendront plus tard car il n’en doute pas, il reste quelque part des sages pour créer un monde nouveau.

Pivoine