Maridan-Gyres

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Atelier 13 - 2024 - Sujet 11

 

 

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Printemps 1925, mon amie Victoria réside à Paris, et m’invite à séjourner chez elle.

Elle demeure à proximité du Bon Marché, grand magasin situé à l’angle de la rue du Bac et de la rue de Sèvres et qui a réouvert son Comptoir de l’Alimentation après l’incendie de 1915. Il propose des thés d’exception et aussi de l’épicerie fine, des chocolats… Un régal, me dit-elle !

Ce matin, elle m’y emmène, le vendeur qu’elle connaît bien, est toujours de bon conseil.

 

  • Prenons l’escalier, c’est à l’étage que nous trouverons les thés en provenance d’inde des Frères Damman. Mon stock est épuisé et je veux absolument te les faire redécouvrir.

 

Elle sait que je les adore, c’est à Chandernagor que nous avons fait connaissance, Victoria et moi. C’était au début de mon mariage en avril 1901, lorsque mon époux a rejoint le Comptoir Français et s’est lié d’amitié avec le sien.

Je ne connaissais à cette époque que les thés chinois, ceux d’Assam ont un goût plus prononcé. Quelques temps plus tard, nos maris nous affirment que les meilleurs sont ceux de la région de Darjeeling et nous les font savourer, leurs affirmations ne sont pas sans fondement !

Aujourd’hui, j’ai toujours en mémoire la richesse de leurs arômes épicés.

 

  • Nous nous retrouvions chaque semaine et aussi lors de l’assemblée annuelle du Comptoir, souviens-toi !

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Et chaque fois, le thé était à l’honneur, même s’il n’existe pas à proprement parler de cérémonie du thé en Inde. Nous avions notre propre rite entre amies ; remplir la théière, la fermer, chauffer l’eau à 100°, attendre que le thé infuse, puis le verser dans de magnifiques tasses en porcelaine, et enfin le déguster. Sans oublier les heures passées à discuter, à écouter de la musique ou à jouer aux cartes, que de merveilleux souvenirs…

 

  • Bonjour George, pouvez-vous nous faire goûter un Darjeeling, s’il vous plaît ?
  • Avec plaisir, Madame Martin ! Un instant, je vous prie.

 

George nous fait asseoir dans un joli petit salon richement décoré. Nous admirons les lieux, Il nous apporte quelques instants plus tard, un plateau sur lequel est posé une théière fumante, il s’en dégage un parfum envoûtant, il est accompagné de délicieux petits gâteaux anglais. Je trempe mes lèvres dans le breuvage brûlant et je suis littéralement transportée à Chandernagor. Je sens ses odeurs, sa moiteur... J’ai à nouveau vingt ans, Victoria me ramène à la réalité en évoquant nos souvenirs communs. Nous repartons une heure plus tard, les bras chargés des différents produits de la boutique et la tête remplie des bons moments évoqués.

 

  • Ton George, il est de bon conseil, mais c’est surtout un excellent vendeur !

 

Le lendemain, mon amie qui connaît mes goûts, m’accompagne pour entendre le chant des oiseaux au Parc des Buttes-Chaumont avant d’aller le soir-même à l’Opéra Garnier. Lieux emblématiques édifiés sous l’impulsion de Napoléon III, qui fit la fortune et la renommée de Gabriel Davioud et de Charles Garnier, ma chère !

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L’opéra auquel nous assistons, ce soir-là sublima mon séjour parisien.

Il était temps à présent pour moi, de regagner Marseille.

 

Lorsque mon amie m’accompagna à la Gare de Lyon, elle me pria de ne pas me laisser déconcerter par les propos du chauffeur de taxi qui vociférait durant tout le trajet :

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  • Mort aux communistes, vous vous rendez-compte mesdames, quatre morts, plusieurs blessés. C’est inadmissible, qu’on les pende  !!!

 

En effet, au cours de la nuit précédente une fusillade, rue Damrémont avait sidéré le peuple parisien.

 

Adelinade

 

 

 

 

 

 



12/08/2024
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