Maridan-Gyres

Nous sommes arrivés hier à La Plagne, après des heures de route, que nous n’avons pas vu passer.

Vingt centimètres de neige au pied des pistes et un mètre là-haut !

On va se régaler, Victor mon meilleur pote et moi.

Mes parents ont un chalet ici et chaque hiver nous y passons les vacances de février.

J’en rêve depuis des semaines !

Il est huit heures et nous sommes déjà sur le pied de guerre. On piaffe d’impatience, on a acheté nos forfaits dès notre arrivée hier et loué le matos pour attaquer la descente de la Kamikaze, ma piste rouge préférée.

J’aperçois Héloïse, la jolie blonde du P’tit Bobar, je la désigne du menton à Victor qui la dévore aussi des yeux ! C’est vrai qu’elle nous fait tous craquer, avec ses grands yeux verts en amande et sa taille de guêpe !

Elle veut bosser dans les bureaux de la station, quelle idée… ! Au bar, au moins on peut la voir autant qu’on veut.

Ce matin, en allant sur les pistes, on la croise, elle est aux anges car un poste de comptable doit se libérer. Les chiffres c’est son truc. Elle en a ras le bol de se faire draguer à longueur de temps. Elle nous apprécie beaucoup, nous glisse-t-elle aux oreilles parce qu’on la respecte et promet de nous rejoindre sur les pistes chaque fois que ce sera possible. J’ai envie de sauter au plafond et je vois bien que Victor est dans le même état que moi !

Que le meilleur gagne, décidons-nous.

Ça fait déjà deux hivers que nous l’avons repérée, mais l’an dernier, elle ne nous a même pas calculés…

Cette année, on a un peu de barbe et on est majeurs, ça fait toute la différence j’imagine !

Elle finit son service à 14h, on se retrouve au Colorado Luge ?

En attendant, on profite de la matinée pour dévaler les pistes. Tout à coup, un hélicoptère survole la station, il a dû y avoir un accident ! On le voit se poser à une centaine de mètres, c’est un petit d’une dizaine d’années qui s’est fait renverser par un snowboard, l’intervention n’a pris que quelques minutes… L’hélico reprend de l’altitude et se dirige vers l’hôpital d’Albertville.

• En voilà un qui débute bien ses vacances, me dit mon copain ! Eh oui, pas de bol, le pauvre.

• Tu as vu l’heure ? me dit Victor. Il sait qu’on ne rigole pas avec les horaires chez les « Dupuis « !

On se précipite pour rentrer, on se bouscule, on rigole. On a quelques minutes de retard et je vois que ma mère à le visage pincé. Pas intérêt de recommencer ça demain, les jeunes ! nous dit-elle le plus sérieusement du monde. Elle n’a pas fait un soufflé quand même ! Qu’est-ce qu’elle est pénible, je vois mon père qui me fait un clin d’œil, il est plus cool !

En revanche, elle cuisine comme un chef ! Quel régal ce déjeuner ! Merci maman, je t’aime.

Je surveille la pendule, on se rhabille, pas question de faire attendre Héloïse !

Tu imagines, si elle se casse ?

Mais non, elle est là, ravissante dans sa tenue rose pale. Le teint hâlé, on voit qu’elle vit ici et profite du climat ensoleillé de la station. En plus, avant l’ouverture de la saison d’hiver, elle pratique des sports de plein air, de la bicyclette, de la natation au Lac Vert.

J’ai le cœur qui cogne dans ma poitrine, remarque-t-elle mon trouble ?

Eprouve-t-elle la même chose ? Ses joues ont rosi lorsqu’elle a croisé mon regard, nous nous sourions, elle me fait la bise et me balbutie quelques mots : 

• Je suis contente de te voir, Jules.

Elle salue Victor, mais on a compris tous les deux que je suis l’heureux élu.

De belles vacances en perspective, et je suis amoureux.

Adelinade