Atelier 14 - 2024 - Sujet 1
Caroline : “Eh ! Minouche, Médor, mais qu’est-ce que vous faites à la fenêtre de ma chambre ? »
Minouche : « Caroline ! Nous profitons de la vue. D’ici on voit mieux l’ensemble du spectacle de la rue.
D’ailleurs Médor, qu’est-ce qu’ il se passe encore là-bas ? Tu as vu tous ces humanoïdes excités ? Il y en a même sur les trottoirs et d’autres juchés sur les réverbères, et les poubelles. Ils sont vraiment sans gêne, depuis qu’on leur a déclaré qu’ils étaient tous libres, égaux et tutti quanti, ils ont pris la grosse tête et agissent n’importe comment. »
Médor : « En tout cas ils font beaucoup de bruit et arrivent de tous les côtés. Ce n’est pas aujourd’hui que nous pourrons rendre visite à notre boucher préféré pour récupérer un petit morceau de bidoche. Mr. Kochonail a baissé le rideau de son échoppe dès 5h ce matin. Il craint les dégradations gratuites de ces énergumènes qui, habillés tout en noir, donnent vraiment l’impression d’être des collabos. Ils me donnent le sentiment désagréable d’être retourné dans le passé, lorsque des militaires martelaient le pavé avec leurs bottes immondes. »
Minouche : « Tu as bien raison, en repensant à ce souvenir bien sombre, j’en ai froid dans le dos. Je… voul… »
Médor : « Pourquoi tu bafouilles comme ça, parle franc mon amie, les défileurs ne nous écoutent pas, ils n’entendraient même pas un feu d’artifice, alors... Quand je pense qu’aujourd’hui, à l’affiche du buffet, c’était bœuf bourguignon! C’est sûr que les morceaux qui seraient tombés de l’étale de Mr Kochonail auraient été des tranches d’exception. »
Minouche : « C’est vrai, regarde, tous les magasins sont fermés. Il n’y a que la banque du coin de la rue qui ne l’est pas ! De quoi donner des idées à ces illuminés de péter le distri-banque, et de se servir ».
Médor : « Je trouve que les petits dessins qu’ils collent un peu partout sur les murs, les portes et même sur les quelques voitures encore stationnées dans la rue, ne sont pas très explicites. On n’arrive pas à définir s’ils parlent du Président, du Gouvernement, des sportifs…En fait, ils défilent pour quelle raison aujourd’hui ? »
Minouche : « Tu sais, avec de tels agités, il faut se méfier. Si tu as bien remarqué, ils sortent habillés de couleur différente à chaque fois. Le jaune avait d’ailleurs leur préférence il y a quelques années. Ils s’appelaient « gilets jaunes ». Un jour, pour faire comprendre qu’ils voulaient du boulot, ou prendre une retraite avant même d’avoir travaillé, ils brandissaient des pancartes avec trois grosses lettres écrites dessus. Je crois que c’était C.G.T. ou quelque chose comme ça. Confédération des Gens… ?
Médor : Ah oui, je me souviens, même que certains étaient cagoulés et gantés de noir. Brrr !
Minouche : Dernièrement ils ont décidé de se mesurer à la course à pieds, au saut de haies, etc...
Les employés municipaux ont dû placer des barrières toute la nuit dernière sur un parcours où il n’y en avait aucune. D’après le papa de Caroline, un certain Léon et ses petits acolytes s’entrainaient même dans les eaux boueuses de la Seine ! On peut dire, tout à fait, entre nous, qu’ils aiment bien se torturer l’esprit et le reste. Ils s’inventent des obstacles et des problèmes là où il n’y en a pas. S’ils étaient, comme nous, obligés de se cacher pour espérer obtenir un peu de pitance, ils arrêteraient de se bousculer les neurones. »
Médor : « Et oui, pourtant, certains d’entre eux vivent un peu comme nous, cachés sous les porches ou les ponts. Mais de ceux-là, ils ne se soucient guère. Ils m’ont l’air de vivre chacun pour soi, alors que nous, regarde, nous arrivons à partager souvent le gite et le couvert. »
Minouche : « Tu sais quoi, j’en arrive à regretter l’année 2020. Tu te souviens, c’est celle où ils étaient confinés chez eux. Ah ! Pour nous, c’était le paradis, la liberté. J’aimerais bien qu’une telle période se reproduise. Il doit bien y avoir quelque part, en Chine ou ailleurs, peu importe, un petit virus qui ne demande qu’à naitre et se propager, tu ne penses pas, juste pour un mois par an, le temps pour la nature de respirer un peu avec un grand R » ? Voilà, je peux rêver, non ?
Médor : « L’avenir nous le dira ! »
Minouche : « Moi j’ai une meilleure idée. Pourquoi ne demanderions-nous pas au roi des animaux, sieur Lion de faire quelque chose pour que nous puissions nous aussi un jour nous vanter de la même devise qu’eux, c’est-à-dire : Liberté – Egalité – Fraternité ? Nous vivons sur la même planète, non ?»
Médor : « Tu as raison, je vais de ce pas lui envoyer un mail sur :
Le lendemain matin, une réponse arriva du fin fond de la jungle. Le grand maître avait décidé suite à de multiples plaintes animalières en provenance du monde entier de réunir un Grand Conseil Mondial des créatures vivant sur terre, sous terre, dans le ciel et dans l’eau, à poils, à plumes, à écailles, en dehors des humains bien entendu. Il convierait également un représentant de la nature car elle aussi était grandement concernée par ce vaste problème. Il suffisait de voir certains arbres pour comprendre qu’eux aussi souffraient de ce mal-être général.
Le grand conseil ne se tenait que dans des occasions uniques et pour des problèmes super-extraordinaires. Vu la teneur de l’ordre du jour, les présents risquaient d’être très nombreux. Il faudrait certainement prévoir pour chacun d’entre eux moult approvisionnements, et aussi un endroit pour qu’ils puissent dormir.
Nos deux amis furent chargés de l’intendance. Pour cela, ils allaient se rapprocher de Ratatouille, le chef des nombreux rats des restaurants super-étoilés. Leur brigade saurait accommoder les réserves culinaires des humains afin de pouvoir proposer des mets divers et variés, aux convives qui, eux aussi, n’avaient pas tous les mêmes habitudes alimentaires.
De nombreux emplacements qui avaient servi l’été dernier aux différents jeux olympiques et paralympiques humains allaient être réquisitionnés pour l’occasion.
Le lion répartit ainsi les différents monuments historiques parisiens : il s’octroya d’office le château de Versailles, n’était-il pas le roi des animaux ? En y regardant bien, ne ressemblait-t-il pas d’ailleurs à un certain roi Louis XIV surnommé roi Soleil. Si, si, regardez bien, au niveau de la chevelure ou de la crinière comme vous voudrez bien la nommer ? Alors ?...
La Défense serait occupée par Jumbo et les siens. Le parc des princes serait pris d’assaut par les tigres. Les girafes pourraient se mesurer à la Tour Eiffel. La Marina de Marseille accueillerait la famille hippopotame.
Le bois de Boulogne serait utilisé par les singes, pandas… Les zèbres, les autruches et les flamants roses se partageraient les Champs Elysées et l’arc de Triomphe.
La Seine, soi-disant dépolluée, accueillerait les poissons d’eau douce. Les cétacés de gros gabarits se rassembleraient à Teahupo’o Tahiti, ce qui simplifierait leur déplacement. Ils assisteraient aux débats par visio-conférence.
Les autres animaux, de plus petites tailles se répartiraient le stade de France, le Grand Palais et la place de la Concorde. Les paranimaux seraient relégués aux Invalides.
Ordre du jour du Grand Conseil Mondial des Animaux 2024
Faire le bilan de l’état de la nature suite au passage des humains.
Tirer les conséquences sur nos vies respectives de leur incompétence et leur inconséquence.
Leur demander de s’unir une bonne fois pour toutes et de prendre de très bonnes résolutions, ici et maintenant et de les mettre en œuvre sans attendre.
Les menacer de les exterminer tous, du plus petit au plus grand, quel que soit leur origine, leur personnalité, leur différence et surtout le niveau de leur bêtise.
Leur expliquer que nous sommes déterminés, s’ils ne se conformaient pas à nos ordres, d’anéantir une bonne fois pour toute leur espèce nuisible de la surface de la terre.
Vive la jungle, vive le Roi !
C’est ainsi qu’en ce mois de novembre 2024, les rues de la capitale se trouvèrent noires, non pas de monde, mais d’animaux en tout genre. Le rendez-vous était fixé à l’Assemblée Nationale, libérée de ses occupants pour l’occasion !
Les quelques rares humains qui promenaient leur chien à cette heure-là, comprirent rapidement qu’ils devaient rejoindre leurs pénates au plus vite. La totalité des animaux domestiques de la capitale avaient personnellement reçu un message sonore et/ou olfactif les enjoignant de rejoindre leurs congénères dans les rues. Les humains ne pourraient compter que sur eux-mêmes s’ils voulaient s’opposer à un tel rassemblement animalier.
Roi Lion, qui savait, sous ses grands airs combatifs, cacher un cœur tendre, voulait proposer, devant l’ampleur du problème, de rassembler les grands Chefs Humains à un débat mondial, toute espèce confondue, en terrain neutre, soit sous l’Arbre de vie. Ce dernier lui semblait un choix judicieux car ce végétal portait bien son nom, à l’heure actuelle, étant donné que la survie de la planète bleue était en jeu. Seulement, il se trouvait en terrain neutre, bien à l’abri du tumulte général.
Chacun devrait en trouver le chemin sans carte et sans GPS car il n’y avait aucun réseau aux alentours.
Roi Lion croyait encore « un tout petit peu » à l’intelligence humaine avant que celle-ci ne soit totalement remplacée par l’intelligence artificielle. Cette dernière, depuis 1950, prenait de plus en plus d’importance et ne laissait pas présager un avenir très sympathique.
Roi Lion dut faire face à de nombreuses critiques de la part de certains individus qui n’hésitèrent pas à lui envoyer -de loin, comme vous pouvez l’imaginer- des excréments et autres projectiles pour qu’il prenne bien conscience de leur mécontentement. Vous vous doutez bien que ces derniers voteraient contre toute proposition de quelque nature que ce soit. Pour eux, seules comptaient la force et l’extermination. Ceci n’étant pas sans nous rappeler certains personnages.
C’est ainsi que ce Congrès animalier allait se conclure par un vote à patte levée, « pour ou contre ce projet titanesque».
Les résultats de ce scrutin donnèrent raison à notre Roi Lion, qui aussitôt s’entoura de conseillers et autres personnalités importantes pour mener à bien ce projet.
Enfin, la planète bleue allait pouvoir reprendre espoir
et conduire tous ses locataires à la raison.
Comme Roi Lion, je veux sincèrement y croire. Et vous ?...
Fleurs de Mai
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 496 autres membres