Maridan-Gyres

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Atelier 13 - 2024 - Sujet 12

 

Quand deux horoscopes se rencontrent -  TAUREAU  -  RAT  -

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Auriez-vous imaginé un jour, que moi, le plus beau et le plus fort Taureau de Camargue, fier comme Artaban, puisse déambuler un jour dans les allées du salon de l’agriculture, accoutré d’un bouquet de fleurettes entre ses deux cornes bien astiquées. Non ? Et pourtant, mes amis, c’est ce qui m’arriva le jour où Marcel, mon maître quittant sa fourche familière se planta devant son ordinateur et décida, de but en blanc, de nous inscrire sur internet pour cette parade débile qui allait faire de moi la honte de tout le sud de la France.

 

Depuis ce jour-là, il s’évertua à me faire marcher droit, à avancer ou stopper à ces ordres. Plus de liberté, plus d’écart sur le chemin pour picorer une touffe d’herbe plus de promenade près du champ voisin où je pouvais apercevoir la jolie petite vachette brune répondant au nom de Marguerite et qui me faisait les yeux doux depuis plusieurs jours. Ah, ces yeux !! …

 

Levés aux aurores, ce matin-là, Marcel m’avait préparé un petit déjeuner de roi : foin, avec quelques petites myrtilles (il parait que c’est bon pour la vue !).

Ensuite, il m’avait lavé à coups de grands jets d’eau, shampooiné, rincé, séché. Il avait même trouvé le moyen de me laver les dents avec le dernier dentifrice « ultra-white » à la mode. Si bien, que quand je souriais on pouvait apercevoir mes belles dents alignées et bien aiguisées, d’un blanc immaculé.

Avant de me faire monter dans la camionnette, il installa sur le siège à côté du sien le fameux « collier fleuri » qu’il envisageait de me faire porter lors du défilé.

Rien que de le sentir, là, tout près de moi, j’avais une envie folle d’éternuer, car oui mes amis, depuis ma naissance je suis allergique aux graminées en tout genre.

 

La montée dans le fourgon fut des plus spectaculaires ! Va-y que je te tire, va-y que je te pousse… et je ne vais pas vous rapporter les noms d’oiseaux que Marcel employa. Oui, ce fut laborieux car nous étions en été et mon appétit avait crû en même temps que mon amour pour Marguerite !

Au bout d’1/2 heure tout rentra dans l’ordre. Marcel ferma la porte de l’engin et se cala derrière le volant. L’expédition commençait !

Et c’est à ce moment-là que j’aperçus, sous la botte de foin disposée devant moi, à mes pieds, une petite tache blanche et grise.

 

  • Qui va là ? » Demandais-je avec ma voix de stentor. « Sortez ou je vous écrase d’un coup de pattes.
  • N’en faites rien, sir Taureau, ce n’est que moi, Ratafia, hic !
  •  Ratafiahic ? »
  • Non, hic, Ratafia tout court ! Je porte le nom d’une boisson alcoolisée & sucrée, car à ma naissance, ma mère est malencontreusement tombée dans un fût contenant ce délicieux nectar destiné aux humains. Hic. Il est fait à base de fruits et de raisin, mais Dieu qu’il est bon !
  • Et que fais-tu dans ce transport ? Aurais-tu imaginé faire du co-camionnage avec Marcel et moi ? Tu sais ce qui peut t’en coûter ? Si je me mets à donner des coups de cornes dans la paroi, il va s’arrêter sur le bas-côté et te jeter dans un ravin, manu militari.
  • Non, je vous en supplie, n’en faites rien ! Je voulais juste vous proposer un moyen pour échapper au défilé débile où vous vous rendez en ce moment.
  • Parle, tu m’intéresses. Comment un minus comme toi pourrais me sauver d’un tel affront ?
  • En fait, cette nuit, j’avais un peu trop abusé de cet élixir dont je viens de vous parler et ne retrouvant pas mon chemin pour rentrer chez moi, je me suis installé dans cet endroit moelleux et calme. Je fus réveillé tantôt par les cris de votre maître et vos rugissements.  Alors voilà, je garde toujours sur moi un échantillon de ce remède dans une gourde. Il est caché sous le foin. D’après ce que j’en sais, Marcel fait toujours une halte avant d’attaquer le périphérique parisien pour grignoter un morceau et boire un petit coup. Je peux me glisser à l’avant du camion, récupérer sa bouteille et remplacer son eau gazeuse par du ratafia. Sur le coup il n’y verra pas grand-chose, mais la petite sieste qu’il fait avant de reprendre la route risque juste de durer quatre ou cinq bonnes heures de plus que d’habitude. Ainsi, à son réveil, voyant le retard qu’il a pris, il ne pourra que rebrousser chemin et vous ramener à la ferme. Qu’en pensez-vous ?
  • J’en pense que tu es un génie ! Marché conclu ! Je vais tâcher de ne pas faire de bruit pendant que tu œuvreras à récupérer le récipient pour faire l’échange de liquide.

 

Aussitôt dit, aussitôt fait… Ratafia récupéra la bouteille et procéda au changement.

Cinq bonnes heures après, comme l’avait prédit notre ami Ratafia, Marcel s’arrêta sur un parking de l’autoroute et se prépara pour sa dernière pause avant les embouteillages parisiens. Ni une, ni deux, il s’enfila deux gros sandwichs préparés avec amour par Marceline, et termina son repas par une grande lampée de boisson. Il s’installa confortablement sur sa banquette et s’abandonna dans les bras de Morphée.

A l’arrière du camion, nos deux compères se préparèrent eux aussi pour une sieste bien méritée. Le réveil serait surprenant !

 

Fleurs de mai



09/08/2024
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