Atelier 11 - 2018 - Sujet 3
19h30. Je suis toujours dans la salle de danse entrain de répéter ce fichu solo que Godzilla – enfin je veux dire Mme Roger - m’a imposé. Comme vous devez l’imaginer, elle n’est pas du genre tendre. Si nos pas ne sont pas à la perfection près, on est parti pour une bonne dose de reproches publics.
Essoufflée, je m’assois par terre. Je n’en peux plus. J’ai l’impression que toute mon énergie s’est évaporée de mon corps. La solution miracle serait peut-être de tout arrêter. Oui, en voilà une idée ingénieuse ! Renoncer à la pression, aux ordres de Godzilla, au public intransigeant, bref à tout ce qui me pèse dans ce maudit milieu. En faisant défiler ces pensées dans mon esprit, je sens comme un vent d’émancipation, une liberté que je n’ai jamais expérimentée auparavant.
Mais alors qu’elles atteignent la certitude, ces pensées se font interrompre par mes souvenirs d’enfance, aussi subitement que ceux de Proust après qu’il ait mangé sa madeleine. Je me vois seule dans ma chambre de petite fille, en train d’enchaîner les pirouettes, les sauts et les arabesques. D’un point de vue technique, c’était sûrement désordonné mais peu m’importait. En dansant, je pouvais m’exprimer, être en harmonie avec mon corps, me comprendre sur le bout des doigts. Je ressentais une chose qui m’est aujourd’hui bien trop étrangère : j’avais confiance en moi.
Confiance en moi. Ces trois mots se répètent dans ma tête, tel un signal pour m’indiquer la bonne voie. Et j’ai bien le sentiment que ça marche. Avec un sourire brillant d’espoir, je me lève dignement pour me remettre au travail. J’espère que Godzilla est prête car demain, elle sera le premier témoin de ma passion dévorante. Le jour où je me laisserai abattre est loin d’être arrivé, je vous en fais la promesse.
Halima
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