Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Un désir inconnu

Elle se promène dans le parc du château. Des pétales de fleurs de toutes les couleurs caressent son visage de porcelaine. Ils colorent ses joues de rose, ses lèvres de rouge. Le soleil couvre ses cheveux d'or et réchauffe son cœur. Des oiseaux somptueux l'entourent de leurs plumages. Ils lui offrent un cocon douillet afin qu'elle s'y délasse. Les nuages descendent bien bas pour l'envelopper tel du coton et ainsi la préservent des agressions extérieures.

Hortense est fille d'aristocrate, le Duc de Sarmenière. Elle est une jeune fille en âge de prendre époux. Sa beauté, connue de tout le royaume, attire de nombreux prétendants. Elle les repousse à chaque demande en mariage. Il faut dire, que son père, veuf depuis de nombreuses années a, lui aussi, du mal à s'en séparer. Elle est son seul et unique amour.

Mais maintenant qu'elle approche de sa seizième année, il l'a promise au fils du Duc de Savarre. Elle a accepté cette prochaine union,  car ils sont amis depuis qu'ils sont petits.

Elle ne connaît l'amour qu'à travers ce que les rêves lui racontent chaque nuit. Chaque matin elle les retranscrit sur son journal. Romantique, elle le relit très souvent pour s'évader.

Ce soir, comme à son habitude, c'est le moment où sa dame de compagnie la coiffe avant le coucher. Hortense remarque chez elle de la joie, des yeux qui brillent et une excitation extrême.

-         Quel est donc cet état, dans lequel tu te trouves ? Tes yeux brillent et ton sourire est éclatant. Pourquoi baisses-tu les yeux et rougis-tu lorsque je te dis ces mots ?

-         Je n'ose vous dire, Mademoiselle, vous êtes si jeune !

-         Parle, je te prie ! Mon père n'en saura rien.

-         Je vous apprends, en toute impudeur, que je suis éprise d'un homme du village.

-         Lui aurais-tu parlé ?

-         Oui, j'ai eu cette chance. Hier soir, il a traversé, dans la nuit, les jardins du château. Il est venu me voir sous les fenêtres des dépendances pour me déclarer sa flamme.

-         Eprise ? Sa flamme ? Raconte ! Je suis curieuse de ces mots que tu emploies.

-         Je parle d'amour Mademoiselle. Cet amour dont je vous parle est différent de l'amour que vous portais à votre père.

-         Cela ne se peut ! Cela ne se peut, je ne connais nul amour aussi fort que celui que je porte à mon père.

-         J'en conviens, mademoiselle. Mais l'amour dont je vous parle se traduit par un état fébrile, le cœur qui bat la chamade et un désir qui vous bouleverse les sens lorsque qu'un homme, qui vous plait, se rapproche de vous. Cet homme peut être un  inconnu dont les qualités vous séduisent. Si vous reconnaissez les sensations dont je vous ai parlé, vous serez éprise de lui et connaitrez l'amour.

-         Pour ma part, je suis séduite par les qualités de ma chère amie Juliette. Je me fais toute une joie de la voir chaque jour .Nous sommes si proches. Lorsqu'elle me salue en me regardant de ses magnifiques yeux vert émeraude, en me serrant tendrement dans ses bras, je me sens fébrile moi aussi ! Puis nous passons l'après-midi dans le boudoir de la tourelle du château ou nous rejoignons les autres demoiselles autour de Madame la comtesse de Réclière. Alors tout au long de nos après-midi notre amitié se traduit par une  douce intimité singulière.

-         Veuillez m'excuser, mademoiselle, mais l'intimité dont vous me parlez ne peut exister qu'entre un homme et une dame. C'est une dégradation de la nature humaine si vous jouer intimement avec  mademoiselle Juliette. Je vous dis, que ce que vous devez ressentir, devrait être une profonde sympathie tout simplement. Ceci est l'amitié, même si elle se traduit par un grand attachement, de la compréhension, des promesses et même des sacrifices.

L'amour véritable est doté, lui aussi, de ces démonstrations. Cependant seule l’union vouée au mariage et dans laquelle l'intimité peut se déclarer grâce à l’amour peut offrir une progéniture à votre époux et à votre père. 

-         Serait-ce, ce que je que je découvrirai avec mon futur époux ?

-         Il en est ainsi. Vous vous rapprocherez de lui et alors vos joues rougiront, vos mains seront moites et votre cœur s'emballera. 

-         oh, mais tu décris les sensations qui m'envahissent lorsque je me trouve en compagnie de ma chère amie !

-         Que nenni ! Mademoiselle. Otez ! Chassez ces idées de votre esprit ! Votre amitié est forte, certes, mais il faut garder les pieds sur terre. Je me permets de vous avertir sur de tels sentiments envers une personne de la gente féminine. Cela n'est pas naturel et il vous faut sans tarder  apprivoiser vos sensations envers elle, afin d'y mettre fin. Gardez votre amie, mais refoulez vos envies. Préservez vos sensations fortes pour votre futur époux.

-         J'ai bien du mal à différencier les sensations que j'ai avec mademoiselle Juliette de celles que je devrai ressentir envers mon futur époux.

-         Les mains et les lèvres cet homme parcoureront votre intimité. Alors tout votre corps sera transporté d'une vague de chaleur qui vous envahira.

-         Mais cette vague de chaleur, je la ressens chaque jour.

-         Vous m'affolez ! Serait-ce un jeune homme dont vous nous cachez l'existence ? Aimeriez-vous m'en parler ? Que je vous guide ? Vous m'entendez ? Vous êtes songeuse ?

-         Oui, je constate que mon cœur ne s'emballe pas, lorsque je suis avec mon ami qui sera mon futur époux. Pourtant, je vis des moments forts agréables en sa présence. Nous discutons sans fin et nous rions. Je le connais si bien que c'est la raison pour laquelle, je vais l'épouser. Pourtant, je ne peux maitriser mes pensées, car même en sa présence, je me languie de retrouver Juliette. Je vais me remémorer tes dires tout au long de la nuit et demain, au lever du soleil, mon cœur,  je l'espère, guidera ma destinée.

 

Le lendemain matin, pendant qu'elle lui fait sa toilette, sa dame de compagnie attend impatiemment qu'Hortense daigne se confier. Puis...

 

-         Sais-tu, que je n'ai pas dormi, je n'ai pas rêvassé non plus. J'ai cherché quelle était la profondeur de mon cœur. D'après les sentiments que je ressens envers mon futur époux et mon amie, j'en  déduis qu’il est grand et accueillant. Il peut être l'ami ou l'ennemi de mon esprit. Il est aussi pour moi l'ami de mes pensées. Je ressens de la satisfaction à prendre pour époux mon ami d'enfance. Mon cœur lui accorde une place chaleureuse. En ce qui concerne, Mademoiselle Juliette, mon esprit me renvoie l'image d'un arc en ciel. Ce sont toutes les couleurs de ces émotions que nous vivons chaque jour. Ma décision est prise et sache que j'ai bien compris la portée de tes paroles et leurs nuances. Lorsque je serai l'épouse du fils du Duc de Savarre, il me fera découvrir de nouveaux émois, m'as-tu dit ! Mais même si, je les ressens, mon cœur est si grand que Mademoiselle Juliette y conservera sa place.

Avec elle aussi, je veux vivre mes sentiments mais aussi ressentir sans gêne mes émois. N'est-ce donc pas ceci le bonheur !

-         Mais…

-         Tais toi ! Je t'ai assez entendu ! Je sais penser pas moi-même. Personne ne peut rien y faire ! Laisse-moi seule ! Et garde toi bien, d'en parler à qui que ce soit !

 

Lynda 3/04/2014



17/04/2014
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