Texte libre
Santo.
Santo était un jeune garçon qui se levait très tôt le matin pour faire sortir son troupeau de brebis. Il était berger par défaut de ne pouvoir faire autre chose, comme son père avant lui. Il parcourait la campagne de long en large, en quête d’eau et de nourriture pour ses bêtes. Il connaissait tous les coins où il aimait prendre des moments de repos avec elles. Il s’était attaché à ses animaux paisibles, depuis plus de deux ans, il les faisait avancer au bruit d’un claquement de langue et de son bâton.
Ses parents habitaient une petite maison en ville avec sa sœur Marie. Cette dernière aidait sa mère dans les travaux ménagers. En contrepartie, sa mère lui enseignait la couture afin de la préparer à exercer le métier qu’elle faisait elle-même, depuis longtemps, et qui faisait vivre le foyer depuis que son père âgé ne travaillait plus.
Santo venait les voir ainsi que ses amis lorsqu'il descendait en ville. Il s'était mis, petit à petit, à rêver à un avenir différent plutôt que de toujours vivre en tête à tête avec ses brebis à les contempler au point de les appeler chacune par leur nom. Il leur parlait quand il était seul avec elles, car il avait besoin d’entendre sa voix résonner dans la campagne silencieuse.
Il aimait sentir l ´herbe fraîche et entendre le murmure du vent. Les brebis étaient sa seule compagnie après tout ! Il pensait qu’un jour, il les quitterait inévitablement pour parcourir d’autres pays. Il rêvait de voyager, de voir le monde. Il avait envie de donner un sens à sa vie.
Un jour, chez un commerçant, il rencontra une jeune fille aux long cheveux noirs pour laquelle il eut de l’attirance. Il lui dit qu’au village, tous les jours se ressemblaient, le berger lui raconta sa campagne et les villes qu’il avait traversées. Il était heureux de ne plus parler qu’aux brebis. Il eut un petit frisson de bonheur.
A chaque fois qu'il était en ville il allait retrouver la jeune fille qui avait fait battre son cœur et à laquelle, il n’était pas indifférent. Il se demandait si le commerçant lui accorderait sa main. Il était partagé entre fonder un foyer en poursuivant sa vie actuelle ou partir découvrir le monde.
Il décida en fin de compte de changer de vie et confia, avec un pincement au cœur, son troupeau à un ami.
Dans le fond, il ne savait pas vraiment comment vivre sa propre vie, lui donner une sens. Il était content d’avoir un peu d’argent ce qui lui permettrait de voyager, car se disait-il, à un moment où à un autre, il devrait partir. Ses brebis trouveraient un nouveau berger et l'oublieraient.
Il avait décidé de quitter ses bêtes pour suivre un rêve et aller vers des terres lointaines pour affronter les hommes avec leurs idées et leurs préjugés. Il en parla à son père, qui lui aussi, lorsqu’il était jeune, aurait bien voulu voyager et voir du pays et d’autres gens. Il tenta de le dissuader, car même ailleurs, lui dit-il, l'être humain vit de la même manière et avec les mêmes aspirations. Où qu’il soit l’homme a besoin de donner un sens à sa vie. Il lui conseilla de suivre son instinct qui le guiderait.
Après tout l’âme sœur qu’il recherchait était plus proche qu’il ne croyait. Pourquoi dès lors aller dans les contrées lointaines.
Santo ressentait un sentiment inassouvi malgré tout. Il pensait que s'il ne faisait pas ses propres expériences, il le regretterait. et qu'il faut avoir le courage d’affronter les conséquences de ses initiatives dès lors qu’on décide de les prendre, c’est à ce prix qu’on peut accueillir la lumière qui nous attend !
Alors il se mit à voyager, non plus comme un berger, mais comme un marin. A chaque port, il faisait de belles rencontres et se trouvait de nouveaux amis. Le monde était grand, inépuisable. Il parcouru de nouveaux chemins, et découvrit bien des choses pleines d’intérêt. Il aimait voyager et se faire de nouveaux amis, mais sans en devenir dépendant.
Il rencontrait parfois des gens qui voulait transformer sa vie, mais il pensait que personne ne savait vraiment comment vivre sa propre vie.
Un jour, assis dans un port face à la mer, il observa les gens circuler en s'activant à leur travail. Il continua de les observer pendant un moment et se mit à en interpeller certains afin de discuter avec eux et comprendre leur façon de vivre.
A force de côtoyer des gens différents et leurs cultures, il constatait par leur comportement que les gens disent de drôles de choses. Quelquefois, il vaut mieux vivre avec les brebis qui sont muettes et innocentes et se contenter de chercher de la nourriture et de l’eau. Il lui arrivait de s’asseoir et de pleurer en pensant à ses bêtes.
Il se mit à penser souvent à la jeune fille du commerçant. Il espérait très fort qu'à son retour, elle ne serait pas déjà mariée et essayait de se rappeler quelques bonnes histoires à lui raconter de ses voyages.
Il n'avait plus aucune femme en tête depuis qu’il l’avait rencontrée. Il réalisait de plus en plus que sa vie passée de berger n'était pas aussi dévalorisante bien au contraire, elle était simple, mais porteuse de beaucoup de valeur.
Il se rappelait la vie dans sa famille, les conseils de son père, la vie au village et les amis qu’il avait laissés, mais aussi ses chères brebis. Il se dit, j’ai voulu percer le cocon pour respirer un air différent de celui de ma campagne qui sentait l’odeur des moutons, de l’herbe mouillées et de la brise ; alors que là, il respirait des odeurs inconnues qui provenaient de villes industrielles, de ports.
Alors, Santo écouta son cœur et retourna dans sa campagne rejoindre ses brebis, et retrouver la fille du commerçant qu'il espérait marier.
Sally
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 487 autres membres