« Riche » et « pauvre »
Je pleurais devant la vitrine de la pâtisserie. Je pleurais de faim, de désespoir. Les lunettes noires cachaient mes yeux. Un pauvre avec des lunettes de soleil. Parce que j’avais honte d’être pauvre, d’avouer que j’avais faim, désespérément faim. Le dernier bretzel sec qui me restait, je l’avais mangé le matin, après l’avoir trempé dans la fontaine de l’Université.
Vous avez beau me parler de la pauvreté de l’âme, de l’esprit… ça existe, d’accord, chez moi aussi, sûrement. Mais, pour moi, être pauvre c’est avoir faim. Pour moi, être pauvre c’est avoir le ventre vide, douloureux, et regarder à travers ses larmes les gâteaux du pâtissier. C’est tremper en cachette un bout de pain sec dans l’eau fétide de la fontaine, et l’avaler en relisant ses cours.
C’est aussi toujours porter des jeans parce qu’on n’a pas d’argent pour s’acheter des bas.
Par contre, « riche », je ne sais pourquoi, m’évoque un tout autre genre de choses.
« Riche » c’est pouvoir voyager à travers les événements, les paysages, les rencontres, le cœur ouvert, les sens éveillés, l’esprit détendu. « Riche » c’est pouvoir jouir de la vie. C’est pouvoir aimer.
« Riche » c’est simplement exister, mais exister pleinement, respirer le soleil et le sentir dans ses veines et dans son ventre. Laisser couler à travers soi les énergies. « Riche » c’est être heureux d’être : sans jugements, sans questions, sans désirs, sans espoirs.
« Riche » c’est donner le meilleur de soi à tout le monde, à n’importe qui, sans en attendre de retour. Parfois, rarement, ça m’arrive. C’est là que je me sens comme un empereur.
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