Maridan-Gyres

En l’année 600 av. J.-C., le village de Montpellier, dans le sud de la Gaule, subit un grand désastre. Un matin, le ciel s’obscurcit brusquement, l’air devint étouffant. Des milliers de minuscules bestioles s’abattirent sur les habitants. Ils se mirent à tousser, cracher, gesticuler dans tous les sens. Leurs vêtements grattaient. Affolés, ils rentraient en courant chez eux, à la recherche d’un baume apaisant. Et là, stupéfaction ! Leurs habits et le moindre linge étaient comme une passoire… trouée. On consulta le druide du village. Il prépara dans son chaudron une potion pour enduire les vêtements. Rien à faire. Les trous grandissaient à vue d’œil. Les draps de lit en coton, les plus beaux costumes n’étaient plus que des lambeaux déchiquetés.

La désolation s’empara des villageois. Ils offrirent des cierges à St Mirmiton, prièrent des nuits entières. Rien à faire. Ils étaient condamnés à se promener dans leur plus simple appareil, nus comme des vers ; et à jeter tout le tissu de leur maison.

Une nuit, le druide du village eut un rêve. Une fée parée d’une longue robe blanche lui confia un secret. Pour se débarrasser de ce fléau et protéger la nudité des Montpelliérains, il fallait honorer la déesse Antimite. Elle avait pris l’apparence d’un cèdre, arbre millénaire. On pouvait la trouver dans une forêt à deux cents lieux de là. Si on lui faisait des offrandes, elle offrirait un peu de son corps afin d’éliminer cette infestation.

C’est ainsi que débuta un grand pèlerinage à la forêt de Bugarach. La déesse Antimite attendrie par le malheur des Montpelliérains se départit de son enveloppe. C’est ainsi que ses morceaux d’écorce mis dans les placards chassèrent les mites qui grignotaient les habits. Les citoyens connurent enfin le remède à cette horrible catastrophe.

Odile 12/02/2014