Le marcheur-15-11-13
Il tient devant lui et à bout de bras la lanterne.
Il s'achemine vers le soir. L'ombre recouvre tout le paysage et ensemence jusqu'à son âme. Il est seul mais il y croit. Une route nouvelle s'ouvre sous ses pas. Il ne sait pas où elle mène mais il avance quand même.
Poussé par une force invisible, une force intérieure.
Qu'il accompagne. Qu’il suit. À qui il obéit.
Il pose ses pieds sur les sillons creusés par d'autres. Certains l'ont devancé mais, comme lui, s'en sont allés solitaires. Le chemin ne peut se faire à plusieurs.
Trop étroit, trop singulier.
Chacun s'engage avec pour simples bagages, sa foi et sa ferveur.
S'il manque ces sentiments qui portent le cœur et le soutiennent, nul doute que c'est l'impasse qui suivra. L'ardeur est nécessaire qui conduit ces hommes là (ceux qui ont fait ce choix) au delà d'eux-mêmes. Par delà le monde. Qui les conduit au silence. À trouver leur cadence et à s’accorder au rythme de l'Esprit.
A pencher du côté du ciel.
L'homme victorieux ne sera pas celui qui sait, ne sera pas celui qui veut.
L'homme glorieux sera celui qui s'agenouille et remercie. Celui, qui, en accord avec la vie, celle qu'on lui donne, marchera sans colère. Pour qui l'obstacle sera la chance.
Le marcheur a déjà compris qu'il y a mieux que la maîtrise. C'est pour cela qu'il s'est mis en route. Pour ne jamais se sentir arrivé.
Il ne prêtera bientôt plus l'oreille qu'à la sagesse de ceux qui, avant lui, ont tout osé : la nuit, le noir et l'invisible.
Il fait encore sombre mais viendra le jour où il pourra enfin déposer sa lanterne.
Où ses yeux ne lui serviront plus.
La clarté se sera installée.
Il n'aura plus à s'inquiéter.
Frédérique
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