Maridan-Gyres

De son œil pers, il vous observe à travers les fougères. Ses oreilles captent le moindre de vos mouvements, il flaire chaque  odeur de votre corps. Fuir ne sert à rien. Vous êtes sous son contrôle et vous n'en savez rien. Mais dans un feulement roque qui déchire le silence, félin bondit puis s'envole dans le lointain. Vous avez  de la chance, il n'a pas faim de vous.

            «Dis moi, puissance de l'instinct, instant de grâce cruelle, n'as tu donc peur de rien?»

Ainsi interrogeait l'esprit qui habitait les pierres, les arbres, le vent, ainsi que cette page que noircit mon stylo... Parce-que l'esprit savait que les pierres craignaient la pluie qui en faisait du sable, l'arbre, la foudre qui le brûlerait vif,  le vent la tempête et mon stylo, les mots qui sortaient hésitants. Bref, l'esprit voulait comprendre, patient, il attendit que lui parle le fauve. Il n'avait rien à craindre  pensa-t- il; un monde les séparait. Alors il attendit et ne pu que louer ses yeux d'ambre dessinés en amande au charbon noir et ses babines rouges incarnats entrouvertes en un souffle qui semblait dire:

«Attends, attends encore un peu. Si tu sais voir au delà des apparences, je te raconterai le monde qui est le mien. Je t'offrirai ma puissance et ma grâce.» 

........

«Voici mon secret. Mon histoire s'écrit dans chacun de mes gestes et mes déplacements. Mon corps répond parfaitement n'est ce pas ? C'est que je respire au rythme du caillou qui creuse cette route personne ne me voit et je me fonds dans l'air. Lorsque je flaire la proie que je veux mienne, qui me nourrira, je bondis tel un arbre dans la tempête, je fonce dans l'azur et trace un trait droit comme une lame dans l'espace.»

L'esprit le cœur plus léger, jubila, touché par la grâce. A peine l'eut il pensé que l'animal surgit de nulle part, fondit sur sa proie et l'engloutit sans que jamais rien il n'en su puisqu'il avait disparu.

Véronique 11/09/2013