Le chemin de Claire 20/03/2013
J |
e suis sur ce chemin de terre rouge… des chênes verts jalonnent la grande allée… Je suis contente, il est assez large, plat, ce chemin, la montée est douce… Sur les bas-côtés, de petit houx, du romarin, de la lavande et leurs odeurs embaument l’air… Il fait frais, c’est dix heures du matin, je sors de ma voiture et je me lance…
C’est ma première reprise de balade un peu longue après cet accident. Plus de deux ans sans promenade à la journée…Pour cette première, j’ai envie de me retrouver face à moi-même…Un sac à dos, de l’eau, un bon pique nique et cette dizaine de kilomètres à parcourir…En soi, ce n’est pas une grande distance, mais pour mon pied, c’est déjà beaucoup !!!
Je prends mon rythme, un pas après l’autre, faisant très attention, au déroulé du pied… « Talon…. pointe, talon….pointe », les consignes du kiné résonnent dans ma tête. J’avance doucement. Je sens l’air frais et la tiédeur du soleil caresser mon visage. Cela ne tape pas encore. J’arrive en haut de la côte, « Ah ce panorama, je l’adore !!!! » Sur ce mini col, je redécouvre le lac du Salagou, les ruffes qui l’entourent. Un mélange d’eau bleue, entourée de couleur rouge avec des stries argentées… Que de souvenirs et de balades réalisées dans ce coin !!! Mais soudain, mon pied se rappelle à moi… Je sens que ma cheville a un peu forcé… Pause et compresse de glace, pour détendre…Je me détends, allongée au soleil… massage du pied, du mollet… Une gorgée d’eau fraîche et une pomme à croquer… Le bonheur….
U |
ne fois le pied reposé, je reprends ma boucle… je tiens à terminer ma boucle. Alors, la descente s’annonce à moi, le chemin est plus étroit mais tout de même très plat, peu de cailloux qui pourraient déstabiliser mon pied. Je reste tout de même concentrée et prudente… Alors que j’avance, mon regard est attiré par une brillance. Je m’approche et là, je découvre une clé… Une clé hors du commun, une grande clé en acier blanc, plus de 15 cm. Pour ouvrir quoi ? Je me baisse, la regarde, la retourne avec mon bâton. Bizarre et rare, on dirait la clé d’une porte blindée de résidence… Que fait elle là, sur un chemin, à l’orée d’un sous bois… Amusée, je la regarde imaginant tout près un endroit d’accès « blindée » dans les sous bois…
Je la regarde une dernière fois, et la laisse, je passe mon chemin. Je ne me vois pas l’emporter et la porter aux objets trouvés du village, si quelqu’un l’a perdu, il repassera par là et la trouvera et sera content et même soulagé.
Je reprends ma route et le chemin serpente doucement, c’est bien, c’est juste ce qu’il me faut pour mon pied qui est content cette balade adaptée…
J’aperçois le parking au loin, encore quelques lacets et je serai arrivée !!!
M |
e voilà sur le parking. Mon pied est un peu fatigué mais bon, c’est normal après cet effort. Alors que je commence à enlever le sac, à ranger mes affaires dans la voiture, j’aperçois devant mon capot, une jarre énorme. On dirait une amphore. J’en sûre, elle n’était pas là quand je suis arrivée !!! Et là, elle trône sur le parking, je suis perdue dans mes pensées quand tout à coup, j’entends des coups de klaxon e demandant de déplacer ma voiture… Voilà, voilà, j’aperçois un bûcheron et son tractopelle qui manœuvre et visiblement, je le gène…Je démarre et lui laisse la place. Je ne saurai rien de cette amphore qui paraissait être romaine…
Me voici à nouveau sur la route et là, j’aperçois une autre chemin en terre. La forêt n’est pas loin, tentant mais mon pied n’en peut plus… Ce sera pour une autre fois. J e rentre chez moi, suis fatiguée. Respect pour mon pied…
A |
h mais si j’allais me baigner dans le lac…Il n’est pas loin, ce serait sympa.. Détente et bain… Rien que d’y penser, je me régale…
Cap vers le barrage, le lac est au bout. C ‘est un petit lac aux contours sableux et à l’eau bleu ciel. Je me réjouis rien qu à l’idée de m’y glisser.
Allez ? Je m’engage et je prends le chemin et me gare au bout. Même pas cent mètres à parcourir à pied et je me pose, me déshabille et enfile le maillot qui est toujours dans la voiture en cette période estivale. L’eau est juste à point, je m’y glisse avec délices. Je fais la planche, me laisse porter par cette eau trouble un peu sableuse. Au loin des enfants sautent, des chiens aboient. Moi, je me prélasse, je profite de cette belle journée où, j’ai marché dix km. Mon petit exploit à moi, je suis tellement heureuse, non pas de l’exploit mais de la joie que me procure les balades à la campagne : les odeurs, les paysages, les bruits. Sentir les feuilles qui crissent sous les pieds à l’automne, découvrir un champignon, sentir l’humus. Regarder un bousier rouler sa boule sur le chemin, voir virevolter un papillon… Mes sens sont en alerte quand je suis dans la campagne…
T |
out à coup le réveil sonne !!! Non d’un chien ! Il est quelle heure ? Tout ceci n’était qu’un rêve. Vite, c’est déjà 8h et j’ai rendez vous chez le chirurgien à 10h et c’est à Ganges. Je saute du lit, fonce sous la douche, avale un thé… Bon, Ca y est, je suis prête… Les dernières radios, le compte rendu des Kinés…Je vais jusqu’à ma voiture et me voilà partie jusqu’à Ganges… J’ai hâte de savoir quand le chirurgien pourra enlever les plaques, quand je pourrai remarcher vraiment, me balader… Patience, patience, cela va venir, ton pied va mieux, tout le monde le dit et cela se voit…
Me voici à Ganges, je reconnais ce mur bétonné, gris, froid de la clinique qui fait l’angle… Je suis un peu anxieuse, cela fait un an que je suis tombée… Après cette foutue balade… Bon, allez je me gare et j’entre pour voir mon sauveur, cet artiste qui répare si bien les os…
Claire PANDRAUD
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