La séparation - 26 mars 2013
Mes chevilles se tordent sur ce chemin de cailloux, un chemin désert mais ouvert à tous. Un chemin de campagne et ma sœur qui m’accompagne.
Le soleil chauffe nos deux têtes coiffées de chapeaux de pailles. Chapeau rose et chapeau bleu.
Nous marchons lentement, traquant l’ombre des mûriers.
La chaleur nous étouffe autant que nos silences. J’ai mal au ventre, j’ai mal au cœur. Mes jambes brûlent.
Je ne sais comment lui parler de ce moment qui nous attend. Comment le faire sans violence. Je me suis tue toute mon existence. La parole entre nous est devenue absurde.
Je vais me taire, encore, et ravaler mes larmes.
Je ne lui dirai pas que j’ai peur de me tromper.
J’espère tout au fond de moi qu’elle ne prenne pas la même direction. J’espère en douce que ce sera chacun sa route.
Les yeux fixés sur mes pieds, j’aperçois une clé qui scintille et me sort de mes pensées. Elle est anormalement grande et semble avoir été posée là pour attirer nos regards. Ma sœur, aussi, l’a vue. Elle s’en empare.
« Elle est lourde et froide, me dit-elle. Quelle porte ouvre-t-elle ? De quelle maison ? Quelqu’un l’aura perdue, c’est si désert ici... »
Je prends, dans sa main ouverte, l’objet, qui me parait léger. Léger et chaud. Je n’en dis rien. La clé reposée nous continuons notre chemin.
J’ai oublié ma peur, j’ai oublié mon chagrin. J’avance, toujours silencieuse, à pas lents. Elle marche à mes côtés, à mon rythme.
Les mûriers se font plus rares, le soleil tape plus fort encore. J’ai toujours mal au ventre. Les jambes me brûlent mais la maison n’attend pas.
Une maison vide désormais. Vidée de leur présence.
Dans l’entrée, posé sur un muret, un pot.
Un joli pot de terre peint, sans doute, par ma mère. Devenu violet, rose et bleu mélangés. Je ne l’avais jamais remarqué. Je plonge ma main dedans. La pluie l’a rempli, l’eau est déjà chaude.
Derrière la maison, la forêt.
Une forêt où je sais qu’il fait frais, que j’ai maintes fois traversée.
Au centre une source. A ses pieds un chêne aux branches si élancées qu’on dirait qu’elles vont toucher le soleil…
Nous n’irons plus au bois, nous n’irons plus par là.
La maison sera vendue bientôt, la source continuera sa course.
C’est ici que se séparent nos destins.
Pour l’une ce sera le voyage, pour l’autre le grand ménage.
Nous savons toutes les deux qu’il faut nettoyer la maison dans son entier.
Trier, garder, jeter.
Que ce sera la tâche la plus difficile.
Qu’elle fera remonter le passé, fera grandir.
Qu’elle est à accomplir seule.
Au fond de moi, je sais déjà que le ménage est pour moi. Je n’ai de goût que pour le voyage intérieur.
Ma sœur me laisse passer. Elle me fait le cadeau de la lucidité.
Je vais quitter l’enfance, mes illusions.
Traverser les murs de l’oubli.
Me réapproprier l’histoire.
Elle contournera le mur. Passera sans même le voir. Ira jusqu’au lac, ne s’y baignera pas.
Elle voyagera sans moi, à son pas.
Frédérique-le 26-3-13
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LA FEMME IDEALE
Bleue lumineuse et transparente
Vêtue de glace les jours de neige
De gaiété les soirs d’été
Femme que la grâce a touché
Qui se change en rêve pour apaiser les fièvres.
Femme plume aussi fine que la brume
Femme légère que les sentiments transportent
Qui tombe amoureuse, tombe de haut
S’écroule sous le chagrin.
Femme sensible au cœur des ruines
Femme fleur ramassée sur le sol, soufflée par le vent
Femme recueil, roman fleuve qui coule avec violence
Transporte sur son passage les rivières jusqu’à la mer
Femme de vérité, de force et de volonté
Femme soleil, comme une mère qui veille
Et protège son enfant dans son sommeil.
Femme agile et fragile marchant sur un fil
Funambule, les yeux grands ouverts sur le vide, lucide
Femme blessée qui pleure, à genoux sous les coups
Qui se rebelle et se redresse
Danse avec les loups
Sauvage, sublime et libre.
Frédérique- 7-3-13
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