Maridan-Gyres

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la ronde de mots de viviane 11/12/2013

1)  

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    La génèse !

 

Dieu créa donc le monde en sept jours, peu à peu. Il commença par établir un brouillon… comme toutes les ébauches, imparfait.

 

Des arbres, oui ; mais il avait omis les couleurs. Une atmosphère lourde, couleur sépia ! Ce n’était pas satisfaisant ! Alors il imagina la couleur. Ce fut une explosion brutale de sons, de teintes. Le jardin d’Éden naquit, avec ses fleurs neuves et odorantes éclatant en un jeu d’artifices. Mais déjà le rêve d’une créature digne de ce cadre le hanta, une créature faite à son image. Capable d’apprécier la beauté qu’il lui offrait.

 

 

Il créa donc la femme ; oui, bien avant l’homme, qui n’est qu’un auxiliaire dont on peut se passer. Et puis, je vous le dis ! Dieu est une femme !

Il la fabriqua solide et robuste avec de larges flans pour porter l’humanité ! Une femme ronde, moelleuse, mammelue…

 

C’est elle l’origine du monde, cette origine qu’elle serre entre ses cuisses dodues. Pourquoi prendre un air outré ? cette image n’est pas obscène ! Elle est même devenue un tableau célèbre de Courbet.

Origine-du-monde_courbet_1966.jpg

 

 

Oui, l’origine du monde est entre les cuisses féminines ! N’en déplaise à la femme androgyne qui semble renier son sexe, et singer l’homme pour acquérir un semblant d’autorité, avec sa chemise et son jeans bleus.

 

Mais, dans notre monde crépusculaire, la brume descend lentement, ensevelissant tout sous des strates de malheurs. Tout s’obscurcit malgré le soleil qui filtre les nuages. Ils sont trop lourds et noirs, le combat est perdu d’avance. Les ombres gagnent ; la femme pleure son innocence ! Le temps du jardin d’eden est bien loin… La nature meurt… la femme fleur se plaint : « mes pétales sont tout fripés », je me réveille à peine… Oui, elle dépérit la belle ronde, bientôt elle va s’enfoncer dans le néant…

 

Dans son demi coma cependant, elle ne cesse de murmurer comme hantée ;  « surgit du néant, une pensée m’obsède ! » Quelle pensée ? Celle de la création du monde ? Du début de la vie si plein de promesses ? Pourquoi y a-t-il eu échec ? Où est la faute ? Ah ! Tout recommencer…

 

Déesse mère, cependant, il me fallait partir loin de toi pour exister ! Mais hélas ! Je crois que nous sommes allés trop loin et que nous nous sommes perdus.

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2) Viens donc, mets ta main dans ma main

Le joli mois de mai est épanoui

Pressons-nous avant que tout soit cueilli

Il ne faut pas remettre à demain

 

Car ma rose virginale rien n'est certain

Profite de ton beau visage fleuri

Avant que l'âge ne l'ait flétri

Car le temps des regrets est soudain.

 

jouissons du moment gente dame

En une folle farandole, nous allons

pour oublier les temps mauvais où la lame

Nous transpercera. C'est pourquoi nous parlons

 

Connaissez-vous donc la nouvelle?

Dans le firmament brille une étoile

Elle nous prend, pauvre insecte dans sa toile.

Ne regrettons pas de mourir, elle est si belle.

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1)      Montpellier

 

Vous êtes dans une large rue qui monte. Il faut déjà vous méfier des nouveaux trams qui vont et viennent, dans un ballet qui pourrait être mortel. Des bleus, des fleuris, des dorés… Regardez bien, pauvres piétons à droite, à gauche avant de vous risquer à traverser.

C’est dangereux !

Enfin, vous apercevez une large ouverture. Le ciel vous aveugle. Une esplanade. Vous avez l’impression que tous les Montpelliérains s’y sont donné rendez-vous !

Non, tous les Héraultais, ma parole !

 

Le lieu est sans grâce. Cerné par des immeubles du 18ème ou plutôt du 19ème siècle, massifs, rococos. Les rez-de-chaussée ont été colonisés par de multiples bars avec terrasses. Les chalands y sont attablés, paresseusement.

 

Au centre de la place, des musiciens des rues égratignent divers instruments (violon, accordéon) ou d’autres saltimbanques essaient des tours parfois ratés ; on se déhanche, on essaie de danser sur la tête comme une toupie… On se déguise en pseudo marquis recouvert de blanc et on doit rester immobile pendant des heures… La prétendue statue humaine, acceptant de bouger pour remercier celui qui a déposé son obole dans la sébile…

Parfois, ce sont des S.D.F. toujours un peu inquiétants avec leur meute de chiens. Et puis, vous avez encore le flux et reflux des trams avec les passagers en attente.

 

Une voie garnie de rails frôle un bar ; le serveur doit, chaque fois, traverser la voie pour servir ses clients, installés de l’autre côté, sur la place. Espérons, que le malheureux ne sera jamais distrait ! Il risque lui aussi de se faire happer à chaque commande.

 

Vous imaginez ! Et un serveur écrasé, et un ! Je suis sûre que les passants ou clients, après un cri d’effroi, viendraient tous regarder le malheureux accidenté.

 

La foule est bête et curieuse ! Peut-être y-a-t-il un certain contentement à l’idée que le mauvais sort est tombé sur l’autre !

 

Pensez ! Cela aurait pu être moi ! J’aurais pu être cette pauvre créature gémissante sur un brancard !

 

Donc ouf ! La vie est belle pour moi. Tant pis pour lui. Et les badauds de s’égayer en commentant l’évènement, de refluer sur cette place, de se couler dans les rues voisines aussi bondées.

 

C’est avec la tête bouillonnante mais vide, les jambes coupées qu’à votre tour vous reprenez le tram, puis le car, pour retrouver la quiétude de Villeneuve.

 

Viviane Coppik - 11/12/2013

 



11/12/2013
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