Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

l'écriture

Écrire quand on en a envie
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Écrire !
Un jeu,
Un passe-temps,
Une lubie qui disparaîtra comme elle est venue,
Ou une nécessité qui vous prend aux tripes  ?
Apparue un beau jour,
Queue d’une constellation,
Qu’elle se nomme serpent,
Vierge, capricorne, ou scorpion
Qui a hanté votre esprit pendant des années,
Et qui un beau jour émerge de votre inconscient.

Pourquoi ce jour-là ?
Pourquoi aujourd’hui ?
Qui peut répondre à de telles questions ?
Comment ce virus s’est peu à peu implanté,
Pour envahir tout l’être,
Et ne plus le quitter ?
Un jour, sans prévenir,
Un évènement lumineux ou ténébreux a heurté la vie,
Et la nébuleuse de l’écriture s’est mise en route,
Pour ne plus s’arrêter.
Depuis des années, elle se faufile partout,
Le passé, le présent, le rêve…
Du fantasme, de la fiction…
Tout est bon pour elle.

Rêve ou réalité, songe éveillé…
Tout s’était effacé de ma tête,
Mais mon subconscient l’avait rangé,
Pour ne rien perdre de son histoire.
Je suis assis dans cette classe de 10ème,
Revêtu d’une blouse grise comme tous les garçons.
On entrait à l’école en 12ème pour finir en première.
J’étais alors en petite section.
La maîtresse, une vieille fille, attardée dans un profond célibat,
Vêtue de gris et noir, comme pour nous faire peur,
Exigeait le silence absolu.
Pas un bruit,
Pas un chuchotement,
Pas d’éternuement.
Elle seule pouvait parler,
Sauf lorsque toute la classe,
D’une seule voix récitait une fable de La Fontaine,
Ou lisait une leçon écrite au tableau.
C’était un tableau noir recouvert à la craie blanche.
Sa grande règle guidait notre lecture,
Qui se faisait d’une seule voix monotone.
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Je me souviens de l’encre violette,
De l’encrier blanc en porcelaine inséré dans le bureau,
Des plumes Sergent-major,
Qui faisait des tâches, tant sur le cahier que sur les mains.
Les pleins, les déliés, il fallait les connaître,
Et surtout les respecter,
Sinon, les doigts tendus surveillaient la règle
Qui allait les fracasser…
Mais les tâches revenaient,
La feuille était déchirée,
Mais pas le cahier du jour qui gardait jalousement,
Toutes nos imperfections des tentatives d’écriture.
C’était la honte assurée devant toute la classe,
Et la réaction vive de nos parents.

Aujourd’hui, ce temps est révolu.
Mais pour dire merci à cette maîtresse,
Qui a essayé par les méthodes de l’époque,
De m’apprendre l’orthographe,
Entr’autre le nombre de « P » à groupe,
Je me suis mis à écrire.
L’écriture est désormais sans tâches violettes,
Car Word a remplacé les cahiers Bayard ou Suffren,
Cahiers à deux lignes pour les petits,
A cinq lignes pour les plus grands.
Il corrige facilement nos anomalies.
Plus d’encre violette,
Plus d’encrier inséré dans le bureau,
Plus de plumes Sergent Major…
C’est peut-être cette femme d’un autre temps,
Qui m’a transmis l’ardeur du français,
L’envie d’écrire, même avec des fautes.

 

Daniel

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Écrire

Mettre sur le papier ce qui peut déranger ;
Se mettre debout et ne rien abréger,
Retirer ce voile qui obscurcie les yeux,
Ouvrir les mains,
Ne pas refuser le chemin
Prendre son crayon sans aucun désarroi,
Et écrire ce que vit une âme pleine d’effroi,
Ses espoirs, ses rêves, ses illusions,
Sans aucune agression.
L’écriture dit ce que la voix tait,
Sans aucune adversité.
Ne rejette pas tes rêves,
Tes désirs, achèvent.

Je voulais composer un livre,
Des années sombres un film-livre.
Raconter ma vie depuis mon enfance,
En recréant l’ambiance.
Transcrire de ma vie,
Mes angoisses,
Mes pleurs,
Les ouragans,
Les tempêtes  
Les ombres,
Survenus lors de pénombres,
Mais aussi les joies
Les événements heureux,
La joie d’accueillir des petits enfants,

Ce livre triste, orageux,
Rempli d’événements heureux,
D'où sortait-il ?
N’allait-il pas se transformer au fil des pages
En règlement de comptes issus d’accrochages ?
Depuis des années, ne pouvait se dissiper la brume,
Qui  me couvrait comme un tourbillon d'écume.
Ce projet avait jailli du fond de mon être,
Et devait m’apporter, j’espérais, un peu de bien-être.
De nombreuses pages et chapitres terminés composaient ce livre
je le sentais palpiter, respirer et au fond de moi, vivre.
Par une amie, il avait été relu pour être corrigé,
Et quelque peu aménagé.
Le titre était connu,
La présentation retenue.

Ce travail de longue haleine
Était rempli de gangrène.
Je l’ai non seulement abandonné,
Mais je l’ai détruit, car il me fallait pardonner.
Pour moi, le Seigneur avait donné son pardon,
Je devais accepter ses dons,
Prendre ma partition
Rejetant toute abdication.
Ce livre se transformait en règlement de compte violent
Qui, au fil des pages, devenait accablant.
Je n’ai gardé que divers poèmes sans prétendre être poète.
J’ai ôté de mon âme tout ce qui l’inquiète,
Laissant à mes quatre enfants ce qui dans les grands vents
Aurait eu raison du vivant.
Je vous offre ce recueil,
Qui a rencontré beaucoup d’écueils,
Traversé d’âpres embûches ;
Avant de devenir cette ruche,
Qui a essayé de dépeindre pas à pas,
Sans utiliser de compas,
L’oiseau qui vous a permis de connaître le jour
Et qui vous a rempli d’amour.

Écrire.

 


Non pas une lettre, ni même un journal intime.
Non. Simplement écrire.
Comme on respire.
Pour vivre.

 


(Pierre Bottero)



11/11/2019
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