Edward Hopper
Texte à partir d’une peinture de Edward Hopper
Une chambre nue, dépouillée, juste un grand lit.
Des couleurs ternes, le mur jaune et les draps bleus.
Aucune décoration, rien qui retient l’œil.
Au milieu de la pièce, la touche rouge d’un déshabillé que porte une femme assise sur le lit.
Elle regarde par la fenêtre. Elle fixe un ailleurs plus coloré, un ciel bleu et une bâtisse dont le rouge fait écho à celui de la chambre.
La femme est assise là, pensive et grave.
On ne sait si elle est absorbée par la vue de l’extérieur ou par ses pensées intimes.
Elle doit avoir la quarantaine. Aucune expression ne se lit sur son visage.
Son teint pâle est aussi fade que la chambre.
Ses cheveux tirés en arrière font ressortir son visage anguleux.
Elle se sent l’âme nostalgique.
Elle l‘avait rencontré il y a 20 ans dans cette ville.
Et depuis elle n’y était jamais revenue.
Elle avait loué la même chambre d’hôtel. Pour se souvenir de cette folle nuit, en revivre les meilleurs moments.
La nuit dernière, elle avait rêvé de leurs amours.
Ce matin, à son réveil, la réalité l’avait rattrapée.
Personne dans son lit. Elle était seule. Seule avec ses souvenirs. Seule pour toujours.
Odile 26/02/2014
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1) 20 mn – description et portrait psychologique
Posée sur ce lit placé devant la fenêtre, elle a le visage fermé. Le regard perdu au loin. Le soleil inonde la pièce et rend le drap blanc, sur lequel elle s’est assise, très lumineux. On pourrait croire qu’elle attend son prince charmant, le corps recouvert d’une nuisette légère d’une jolie couleur saumon. Mais pas sa position, ses bras posés négligemment enserrent ses jambes. Son visage est fermé. Est-elle dans l’attente de l’être aimé ? Ou bien cherche-t-elle à se recentrer sur elle, sur ce qui fait sa vie ! Que veut-elle vraiment ? Le sait-elle seulement ?
C’est un beau jour pour penser. Le soleil qui adoucit son visage fait flamber dehors l’immeuble sur sa gauche. Le reste de son horizon est caché et la fenêtre ne nous offre que ce haut d’immeuble incandescent. Elle semble minuscule au centre de ce grand lit. Pas de couverture, juste un oreiller blanc. Rien n’a subi le passage du corps. Tout est tiré à quatre épingles comme si elle posait pour un peintre tapis là, dans l’ombre. Que voit-il de son modèle ? Lui, accroché à sa toile dans l’ombre. Remarque-t-il seulement, l’empreinte de ses pieds légers dans le drap qui s’est affaissé à cet endroit précis. Non, il nous parle matière, matériel et technique, à aucun moment sensibilité, ressenti, laissé aller. Comme si la peinture était une matière scolaire et non un art. Il n’a rien compris !
Elle, le visage en pleine lumière, songe à sa vie, qu’est-ce qui a conduit ses pas dans cette chambre ou cet atelier ? Où va-t-elle ? D’où vient-elle ? Tant de questions qui se posent à l’observer ainsi de manière presque impudique. Moi, à la voir si tendre, si exposée, j’ai envie de me retirer sur la pointe des pieds. De lui offrir le silence et cette vue dégagée pour lui permettre de faire le point. Mais, je n’ai pas ce loisir. Le professeur de peinture, nous dit quoi faire, comment le faire, quel matériel utiliser. Et tous ses mots stoppent ma création, il me met mal à l’aise. Ne peut-il donc pas se taire ? Ne voit-il pas ,que cette jeune femme a besoin de quiétude pour faire son introspection. Tout comme nous, nous avons besoin de digérer l’image qu’elle nous offre, pour créer et non pas exécuter. L’homme me saoule, alors discrètement, sur la pointe des pieds, je recule vers la porte. Personne ne me remarque, je sors.
En bas, j’ai rejoint la terrasse d’un café et curieusement, je la revois plus précise que lorsque je l’avais sous les yeux. Je revois les ombres de cette pièce, qui ne sont que les pâles copies des ombres qui ont obscurcies son doux visage. Il y avait un monde intérieur si riche dans ses yeux. J’aurais aimé lui dire :
« Parle ! Je t’écoute. »
Mais qui aujourd’hui prend le temps d’écouter ? Nous sommes pris dans un rythme qui nous est imposé par cette société de « consommation ». Toujours plus, toujours plus fort, pour vivre moins bien. C’est cela le vrai sens de la vie. Prendre le temps, son temps pour savoir ce que l’on veut vraiment.
C’est rassurée que je me lève et que je pars. Je viens de comprendre que peut-être, elle sait vraiment ce qu’elle veut. Et que ces moments où elle pose moyennant finances sont peut-être le chemin qu’elle a choisi de prendre pour gagner sa liberté d’être.
Maridan 26/02/2014
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Une détresse masquée
Elle est seule sur ce lit,
Ne ressent qu'une envie,
Celle de se recueillir,
Car elle ne veut pas fuir
Fuir cette dure réalité
Qui est la célébrité,
Car elle est si attristée
Qu’elle doit le cacher
Ses fans aiment son sourire,
Mais ils vont la détruire
S’ils ne peuvent la laisser
Elle ne s’en sortira jamais
Elle regarde l'horizon
Elle y trouve une raison
Regarder très très loin
Pour oublier chaque lendemain
Mais le temps est salvateur
Il va ouvrir son pauvre cœur
Enlever tout ce qui est noir
Y mettre beaucoup d'espoir
Celui de remonter sur la scène
Pour exorciser sa peine
Certes son amour s'est éteint,
Mais elle doit poursuivre son chemin
Tithem
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Les seins un peu lourds parlent de la richesse du lait maternel, du bébé qui s’est accroché à eux. Ils sont toujours beaux, quoique légèrement affaissés. Combien de femmes de 40 ans ont ces seins-là ?
Le regard froid. Non, pas froid. Durci. Derrière les deux cristaux verts, toute une vie de renoncements, de coups durs. Pauvreté, humiliations, expédients, faim, travail, dur travail… Tout cela est fini maintenant. Mais ça lui fait mal. C’est quelque chose d’affreux, les habitudes. L’habitude de souffrir, de perdre, d’avoir honte, de renoncer… Comment les oublier, ces habitudes ? Comment faire pour vivre ?
Elle est ici, au cœur de cette ville dont elle a tant rêvé. L’Arno coule sous sa fenêtre. Il tresse ses vagues de soie silencieuse, enrichie par les couleurs vives des maisons. Elle est enfin ici. Et elle n’ose sortir. Il lui faut tout apprendre : marcher sans tituber, comme un être libre, montrer ses belles jambes à peine épaissies, regarder les gens, sourire … Ca, elle ne sait pas faire. Belle de visage elle l’a toujours été. Mais les traits sont glacés.
Immobile au milieu de son lit, elle ne ressent rien. « Est-il trop tard ? Suis-je morte ? »
Ce lit, elle le regardera, attendrie et rougissante, du seuil, une semaine plus tard, avant de partir avec Marco à travers la Toscane. Marco qui aura défait sa queue de cheval et ébouriffé ses boucles, qui aura réchauffé le marbre de ses cuisses, fait pulser le sang dans ses veines, qui lui aura appris à rire.
Gabriela 26/02/2014
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