défis proposés par d'autres ateliers d'écriture
Et pourquoi pas !
Comme la nuit tombait, Gilles décida de rentrer. Le ciel avait pris les couleurs chaudes de l’automne. Seul face au coucher de soleil, il laissa son esprit vagabonder au-delà de l’horizon.
Sa vie avait été ponctuée de voyages autour du monde. À toujours se presser, à ne jamais poser ses valises, il était passé à côté du bonheur. Pourtant, il y avait eu cette rencontre magique qui avait failli changer le cours de son existence. Une femme, une vision, un rêve éveillé qui aurait pu le pousser vers le bonheur.
Audacieuse et si belle
Nul n’aurait pu l’arrêter
Gracieuse et rebelle
Elle l’avait abandonné
Elle avait emporté avec elle la clé de son cœur. Il n’avait pas supporté le choc de sa disparition. Après une crise de désespoir infini qui l’avait fait sombrer au cœur des ténèbres, il avait réussi à reprendre pied dans la réalité, mais son cœur était resté prisonnier des limbes. Un matin, il avait enfin ouvert sa porte et avait commencé à voyager aux quatre coins de la planète. Il noyait souvent sa souffrance dans les alcools ambrés qui lui rappelaient la couleur de la peau de son bel ange, trop tôt disparu. Naviguer à travers l’obscurité de son âme ne lui faisait plus peur. Il en arrivait à envisager sa propre mort avec soulagement.
Un coup de klaxon le tira de sa rêverie éveillée. Il détourna ses yeux de l’horizon et prit le chemin du retour. Arrivé chez lui, il posa son chapeau sur le guéridon de l’entrée. Il avait soudain, une furieuse envie d’écrire.
Il se dirigea vers son bureau, prit une feuille de papier et son stylo-plume et posa les premiers mots.
« La première fois qu’Ange entra dans ma vie, elle était assise sur un cheval de bois qui faisait virevolter ses longs cheveux blonds. Cette créature, si féminine, riant aux éclats, sur ce vieux manège de chevaux de bois, avait quelque chose d’irréel.
Moi, je n’étais qu’un cuisinier du dimanche venu là pour une pause salvatrice, après des heures passées en cuisine dans une chaleur infernale. Le sandwich que je m’apprêtais à dévorer n’arriva jamais jusqu’à ma bouche. La vision de cette merveilleuse créature m’avait immobilisé.
Je fus bien content de la voir descendre de cheval et se diriger vers moi. Je devais avoir un air stupide, car elle m’aborda en riant.
- Si vous ne mangez pas ce casse-croûte, je vous le rachète. Je meurs de faim !
J’étais abasourdi. Je me retournai vivement, mais il n’y avait personne derrière moi. C’était donc bien moi le destinataire de cette demande. Sans un mot, je lui tendis mon repas.
Elle éclata de rire !
- Ce n’est pas possible ! Vous êtes muet !
- Non ! Subjugué !
C’est ainsi que tout avait commencé. Nous avions poursuivi autour d’un café dans un petit bar tout proche. Elle m’apprit qu’elle était standardiste pour les vacances, mais que son grand projet était de devenir chanteuse auteure-interprète. Nous avions vécu un an d’un amour fusionnel et puis un matin, elle m’avait réveillé en me secouant comme un prunier.
- Je l’ai !
- Tu as quoi ?
- Ma chanson
- Hein !
- Écoute, la chanson s’appelle « Eh ! Pourquoi pas ! » :
Et si le bonheur
Devenait un choix
Si ma vie en couleur
Dépendait que de moi
Eh ! Pourquoi pas !
Pourquoi ne pas décider de ça !
Pourquoi pas !
Pourquoi ne pas se battre pour ça !
Et si le monde était là
Là tout autour de mes doigts
S’il suffisait d’aimer pour cela
D’aimer tous les êtres, quels qu’ils soient !
Eh ! Pourquoi pas !
Pourquoi ne pas décider de ça !
Pourquoi pas !
Pourquoi ne pas se battre pour ça !
Et si le temps n’existait pas !
Qu’il n’avait plus de poids sur moi !
Alors je lâcherais mes ailes
Pour qu’elles me mènent jusqu’au ciel
Eh ! Pourquoi pas !
Pourquoi ne pas décider de ça !
Pourquoi pas !
Pourquoi ne pas se battre pour ça !
Je partirai dès demain
Parcourir tous les chemins
Qui mènent aux cœurs des humains
Pour unir ensemble toutes nos mains
Eh ! Pourquoi pas !
Pourquoi ne pas décider de ça !
Pourquoi pas !
Pourquoi ne pas se battre pour ça !
Un mois après ce réveil brutal sa chanson était sur toutes les radios et elle partit en tournée. Au début, elle m’appelait tous les soirs. Puis ce fut une fois par semaine et un matin, la radio annonça sa disparition dans un crash aérien.
Mon Ange avait pris son envol ! »
Lentement, Gilles pose son stylo-plume. Il range son texte dans le premier tiroir de son bureau et sort son arme du tiroir central. Après avoir éteint toutes les lumières, fermé sa porte à clef, il se dirige vers la falaise. Il en a assez d’attendre que les ombres l’emportent. Il jette un dernier regard sur le ciel flamboyant et presse la détente.
Maridan 6/09/2017
Ce texte a été écris suite aux consignes des ateliers suivants :
Atelier 46 chez Ghislaine vert
Défi 126 d'Evy le thème est l'ombre
Défi du 6/9/17 Jill Bill violet
Défi Miletune rose fluo
Le nid des mots rouge
La nouvelle petite fabrique d'écriture bleu
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