Atelier du 29/02/2016 - N° 5
1°) Tristesse – amour – colère – empathie
Le monde n’a plus de couleurs. Seule l’odeur des vieux souvenirs nus parvient, que nous inhalons sans même le moindre dégoût, et nous avançons sans plaisir ni souffrance, perdus dans un seul mouvement.
Je sais tout de toi, comme si j’étais toi. Je suis chaque battement de ton cœur. Je me perds en ton âme sans la moindre envie de retrouver mon propre chemin.
Ras-le-bol de tout et même de ce qui est bon ! Ras le bol des certitudes, des béni-oui-oui, des y’a qu’à faut qu’on ! Ras du bol lui-même, tiens cassons le !
J’écoute ce qu’elle me raconte, je reçois cette tragédie que je ne vivrai jamais. L’aider, si j’y parviens et que les mots l’atteignent.
2°) L’histoire dans le décor imposé
La vie de la vieille dame était toute entière contenue dans ce salon confiné, dans ces bibelots hétéroclites, dans ce mobilier chinois, méli-mélo kitch oriental. Il flottait encore autour de l’aïeule assise devant son téléviseur éteint, un parfum de poudre de riz des années trente. Elle était bien ici, à cette même place où elle s’é »tait tenue tant d’années dans la solitude d’un tic-tac d’horloge et dans la clarté paisible de sa lampe Tiffany. Sur ses genoux, un chat endormi. À côté d’elle, sur la table basse, une tasse de verveine refroidie. Elle serait bien, toujours.
Un grand coup dans la porte qui céda, et les pompiers entrèrent.
3°) un livre aimé
Sido de Colette
C’est l’enfance de Colette, en Bourgogne, replacée dans un cadre familial, dans l’univers bucolique et parfumé d’une grande maison et d’un jardin.
Elle nous y conduit au travers d’un portrait de sa mère, dans son quotidien. Et cette femme prend vie, et par son style d’autant plus admirable qu’il semble qu’elle n’en a pas, l’écrivain nous apprend tout d’elle ; et vous apprend sa façon d’être au milieu des herbes, des fleurs, des légumes, des plantes potagères, au rythme des saisons. Avec un talent tel que le lecteur voudrait avoir été l’enfant de cette mère-là.
4°) les objets déclencheurs de sentiments
- Un ours en peluche : la douceur
- Un éventail : la grâce
- Une tasse : la plénitude
- Un fauteuil : l’abandon
- Un crucifix : la ferveur
- Un débouche évier : le soulagement
- Un vase : l’amour
- Une sculpture ; l’admiration
Mon ours s’appelle « grand comme ça ». Je l’avais commandé au père Noël pour mes trois ans en écartant les bras au maximum. J’aimais plonger mon nez dans son pelage pour m’endormir.
On m’avait offert un éventail à un retour de voyage. Devinez où ? Et je rêvais de Sévillanes aux mouvements gracieux, des danseuses aux amples jupes volantées. J’avais dix ans.
C’était une tasse en porcelaine de Chine que je vidais de son thé de Chine en sortant du cours linguistique en compagnie de mon amie. Plénitude absolue après les propos ardus qu’il nous faudrait distiller par la suite.
Énorme fauteuil-club dans lequel je m’effondrais, épuisée au point de n’avoir plus de corps du retour des randonnées que nous imposait l’oncle Paul.
C’est un crucifix d’un extrême mauvais goût tout en coquillages, qu’une amie de ma grand-mère m’avait rapporté de lourdes, et auquel j’avais demandé avec ferveur que mon premier amour veuille bien jeter les yeux sur moi.
Objet de rédemption que ce débouche évier repêché dans le bric-à-brac du garage. J’étais seule à pouvoir trouver la solution au problème en l’absence de mon mari et quel soulagement de l’avoir trouvée.
J’ai mis dans un vase en verre grossier le premier bouquet d’œillets offert par mon fiancé, ce qui en faisait l’objet le plus précieux du monde.
J’ai souvenir d’une Vénus en marbre et du galbe de ses seins parfaits. C’était à Rome, je ne sais plus dans quel musée. J’avais quatorze ans et je béais d’admiration. C’était mon premier séjour en Italie.
Maryse 29/02/2016
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