Atelier du 27/01/2015 par Linda
UN TRAIT DE VIE
Je somnole dans ma CHAMBRE. J'ouvre les yeux un instant. À mes oreilles viennent s'échouer des notes de musique. Elles proviennent du poste TÉLÉVISION de mon GENTIL PAPA. Je reconnais là, une attention de sa part. Il connaît ma passion pour l'Opéra. Il est VIEUX. Il ne peut monter me voir. Irène, sa femme ne veut pas qu'il me voit. Personne d'ailleurs. Je suis une pestiférée pour elle. "Quelle maladie honteuse" répète telle sans cesse ! Malheureusement, je suis trop affaiblie pour descendre.
Elle ne me fournit qu'un DRAP de temps en temps. Je suis seule à l'étage. Je n'ai pas la notion des jours. Ils sont ponctués par une distribution de NOURRITURE en fin de journée telle une bête.
Les PERSIENNES sont à mon image, elles sont condamnées. À la lueur de l'une d’elles, brisée à un endroit, je survis la journée et je meurs un peu chaque soir.
La musique s'est arrêtée. Alors, je jette un regard dans le jardin par ce trait de vie de mes vieilles persiennes.
Sous le PORCHE, des POUSSINS ORPHELINS suivent Orthence, notre oie blanche. Blanche comme la couleur de ma chambre, de mes draps, de ma tenue, de mes CHAUSSURES que j'enfile chaque matin pour faire comme si!
Blanche comme ma vie aseptisée. Une vie condamnée par un PRÉSERVATIF à la fraise. Quelle amertume à présent !
LE MONDE CIVILISÉ est un CHEMIN si bien éclairé que l'on ne voit que trop tard l'obscurité dans laquelle on peut plonger. Juste un trait de lumière. Je suis plongée dans l'obscurité par ce mauvais sort qui me promet de prendre mon corps, mes rêves sont déjà morts.
Il n'y a plus d'espace-temps dans ma vie qui n'en est plus une. J'ouvre le tiroir de ma table de nuit. Solennellement, je compte mes boîtes de Primpersol. Il y en a beaucoup. D'habitude cela m'effraie, aujourd'hui cela me rassure. Que de CACHETS !
Je m'installe difficilement sur mon FAUTEUIL usé. Je prends une première boîte et un cachet et deux et trois et trente et...je m' empare de la seconde boîte, de la troisième et d'une dernière encore.
Quelques QUESTIONS DISCRÈTES me parcourent l'esprit.
"Vais-je te revoir là-haut mon gentil papa ? Et maman. Nous serions si heureux"
Je finis de faire couler l'eau de mon verre dans ma GORGE. Elle est le tunnel où se sont engouffrés les méandres du désespoir.
Linda 4/02/2015
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