ATELIER DU 13 NOVEMBRE 2013
1 - Ronde de mots : hanches – cheville – fourreau – peau – cure – ruse – ouverture – alchimie – flotter – aboyer – suspendre – abominable.
CARMEN
La chaleur lourde en cet après-midi d’été avive les sens et Carmen en profite pour se livrer à son jeu favori. Elle avance en roulant ses hanches serrées dans une jupe moulante, qui découvre ses chevilles ornées de fines chaînes d’or. Comme elle est belle ! Et quelle arrogance dans ce fourreau rouge, flamboyant comme l’ardeur qui brille dans les yeux des hommes quand elle passe. Sa peau cuivrée les rend fous, mais elle n’en a cure. Elle s’amuse, elle va et vient en ondulant, elle connaît toutes les ruses pour les séduire. Beaucoup s’y laissent prendre, qui ne la connaissent pas, s’imaginant voir une invitation dans son regard de braise, une ouverture vers le plaisir.
Mais Carmen s’en fout. Elle n’attend que l’heure où l’élu de son cœur, le beau Pedro la remarquera enfin. Lui seul aura alors ses faveurs. De l’alchimie de leurs cœurs naîtra la communion de leurs corps animés d’une même passion, et peu importera les autres. Leur amour les fera flotter sur un nuage au-dessus de la crasse de ce village, où on entend à longueur de journée les gens crier, les chats miauler et les chiens aboyer. Ah puisse le temps suspendre sa course et lui permettre de gagner l’amour de son homme ! Elle rêve de s’enfuir avec lui et d’échapper enfin à cette vie abominable. Mais lui, il ne la voit pas. Alors, elle se déhanche encore et encore…
ORANE
2 - Petite histoire autour d’un même collage sur le temps
Elle s’est dépêchée et voilà, elle est très en avance. Elle fait les cent pas devant la porte du zoo, espérant à chaque instant voir arriver celui qu’elle attend. Il y a du monde, beaucoup de parents avec leurs enfants, forcément puisque c’est dimanche. Elle se demande si elle a bien fait de lui donner rendez-vous ici. Mais oui, bien sûr, un endroit public c’est bien, on ne va pas tout de suite donner dans l’intimité.
Elle regarde sa montre, encore 10 minutes. Elle passe le portail et se dirige vers le bassin où nage toute une famille de canards. Elle s’assoit sur un banc à moitié rongé par le temps. Un paon s’approche d’elle, s’arrête, on dirait qu’il veut lui parler. Il se met à déployer sa longue queue en un éventail majestueux turquoise et or, d’où semble surgir une dizaine d’yeux rouges qui la fixent. Elle est impressionnée. L’heure sonne au clocher de l’église toute proche, elle sursaute. Il est en retard, elle ne l’aurait pas pensé. Mais, est-il seulement en retard ? Va-t-il venir ou pas ? Peut-être a-t-il réfléchi, peut-être s’est-il dit qu’après toutes ces années à quoi bon essayer de faire revivre le passé. Finalement, elle est presque soulagée. Chaque minute qui passe est une ride de plus, autant qu’il garde d’elle le souvenir d’une fraîche jeune fille. Elle est encore pas mal pour son âge, mais tout de même, elle a dû beaucoup changer, elle n’est pas sûre qu’il la reconnaisse.
En face d’elle, la statue de Persée portant la tête de Méduse lui rappelle que c’est ici même, il y a … vingt-cinq ans, qu’il l’a embrassée pour la première fois. Ce souvenir lointain lui fait battre le cœur, elle soupire. « Tu seras mon Andromède, et je vaincrai tout pour toi ! » lui avait-il dit, et elle l’avait cru. La vie en avait décidé autrement, leurs carrières respectives les avaient séparés.
Chacun avait construit son histoire, mais un jour, elle s’était retrouvée seule, elle avait fini par mettre un terme à une union qui ne l’avait jamais vraiment épanouie. Divorcée et libre, elle avait pris l’habitude de tuer le temps en écrivant. Chaque jour, après 18 heures, elle se réfugiait au fond d’un petit café de son quartier pour noircir les pages de son carnet. Une fois, elle avait vu entrer un jeune couple qui lui avait fait penser à eux deux, au même âge. Elle avait ressenti un choc et avait eu envie de retrouver son amour de jeunesse. Des amis communs lui avaient donné ses coordonnées et après avoir hésité elle s’était décidée à l’appeler. Il était content, ne paraissant pas étonné du coup de fil. Le temps passe, et les sentiments ? Certains passent, d’autres…
Aujourd’hui, elle l’attend, il devrait être là à présent. Tant pis, pense-t-elle déçue, il ne viendra plus maintenant.
Une main tapote son épaule, elle se retourne et se trouve face à… un inconnu qui lui sourit. Mais elle reconnaît ces yeux-là, eux n’ont pas changé : c’est lui, c’est bien lui, il est donc venu ! Soudain, le temps passé disparaît, ces dernières années n’ont pas existé. Ils ont arrêté le temps.
ORANE
3 – L’humour loufoque en ronde de mots : froid – dieu – parler – évidemment – chat – pleurer – farce – comique – bringue – dindon – caqueter – lourd – claquos – grisbi.
Qu’il fait froid, nom de Dieu ! Je ne sens même plus mes pieds, bon sang ! Et l’autre, là- bas, qui n’arrête pas de parler, et va donc ! De loin on dirait une sauterelle. Évidemment pendant ce temps qui se tape tout le boulot, c’est bibi ! Vider la caisse du chat, sinon il miaule tellement que ça me fout les jetons, on dirait un bébé qui pleure, quelle horreur !
J’ai l’impression de jouer une farce grotesque, elle se fout de moi. Et pour le comique, vous repasserez m’sieur dame, oui, allez donc voir la grande bringue là-bas, oui, oui, celle qui ressemble à un dindon. Elle sait même glousser, j‘vous dis. Quand elle commence, on peut plus l’arrêter. Même les poules avec qui elle est, eh ben on les entend plus caqueter, c’est vous dire !
Bon, c’est pas tout ça, mais après la terrasse, je vais rentrer finir le ménage à l’intérieur. Ça me réchauffera. Mais faut pas qu’elle croie que c’est la fête : aujourd’hui, pas question de tirer les meubles trop lourds, ah ça non, aujourd’hui je passe autour voilà. De toute façon, ça pue le claquos dans cette baraque, alors ménage ou pas, ça se voit pas et ça se sent pas non plus. Ah j’ai dégoté le grisbi avec c’te bonne femme.
Orane
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