Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 9 - 2023 - Sujet 3 - photos 4,5,7

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Elle longe la plage et contemple émerveillée l’océan si tranquille. Son doux ressac est apaisant. Le soleil couchant se mire dans l’eau. Ses derniers rayons enflamment l’horizon. On a envie de lui faire confiance. Comment se douter que ce tableau idyllique peut se transformer en un rien de temps. Le ciel s’assombrira,  le vent se lèvera et soufflera avec sauvagerie. Ecumantes, les grosses vagues déferlantes s’écraseront sur les rochers avec fracas. Le monstre hurlant emmènera tout sur son passage.

Elle ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec son ancienne vie.

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De grands yeux ourlés couleur ambre, un physique d’apollon, la parole facile. Séduite par ses manières, ses attentions, elle a succombé à son charme puis est tombée amoureuse.

Ils ont emménagé rapidement ensemble. Jeune cadre ambitieux, il a vite fait le tri parmi ses amis jugés inintéressants. Ses parents subirent le même sort. Aveuglée, éblouie, elle ne voit que lui. Joli couple, ils sortent souvent dans des soirées, vont aux concerts et spectacles. Il est exigeant sur ses tenues, sa beauté. Au début, il semble fou d’elle, la présente à tour de bras, ne la lâchant pas d’une semelle, lui volant des baisers.

Rapidement en rentrant chez eux, il devient plus sombre, la critiquant sur sa tenue ou son comportement.

En soirée, il se met à distiller quelques phrases lapidaires l’humiliant face à ses amis à lui. Il sait rester discret et pour s’excuser évoque le stress professionnel.

Son téléphone est contrôlé, il supprime photos et numéros qui ne lui conviennent pas.

Un soir, une claque part.

Le lendemain repenti, il se traîne à ses genoux, la couvre de cadeaux et de mots doux. Elle  pardonne et la spirale de l’enfer se met en marche.

Un geste déplacé, une parole malheureuse, tout est prétexte à des brimades, les coups s’accélèrent : de la claque, il passe aux coups de poings. Pervers, il ne s’attaque pas au visage, il faut qu’elle reste présentable en soirée. Pour expliquer ses boitillements puis ses membres cassés, elle explique qu’elle est très maladroite : chute au tennis, dans l’escalier…

Personne ne s’émeut.

Elle ne reconnaît plus en ce monstre l’homme qu’elle aime. La peur remplace l’amour.

 

Un matin, la femme de ménage la trouve inanimée nageant dans une flaque de sang dans le salon dévasté. Ancienne femme battue, cette dernière a reconnu les stigmates de la violence, mais sa patronne se réfugiait dans le déni. Elle la transporte d’urgence à l’hôpital et alerte son association de défense des femmes.

Grâce au soutien de ces femmes et d’une aide psychologique, elle peut quitter ce cauchemar, ce néfaste compagnon et retrouver les siens.

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Assise dans le sable, elle hume à pleins poumons l’air iodé, l’air de la liberté. Elle regarde une dernière fois le soleil décliné à l’horizon dans un camaïeu de rouges. Sereine, elle rentre chez elle, son chez elle.

 

La Reinette



16/06/2023
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